Port du masque et développement du langage : les orthophonistes ne sont pas d'accord

« Non, le port du masque n’est pas délétère pour le développement du langage ! », affirme la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO), l’Union Nationale pour le Développement de la Recherche et de l’Evaluation en Orthophonie (UNADREO) et le Collège Français en Orthophonie (CFO) dans un communiqué. Et se désolidarisent des prises de position du Collectif National des Orthophonistes de France, qui demande la fin du port du masque en classe.

La FNO, l’UNADREO et le CFO ont pris la parole via un communiqué dans lequel ils déclarent que, au regard des dernières recherches scientifiques, le port du masque « chez les enfants présentant un neurodéveloppement typique » ne gêne pas le développement du langage. Ils citent entre autres une étude qui montre que les tout-petits de 2 ans peuvent reconnaître des mots courants prononcés par des personnes portant un masque opaque. « Si le ressenti et les craintes des professionnels de la petite enfance doivent être entendues, il nous paraît essentiel de s’appuyer sur des données scientifiques et chiffrées pour mesurer l’impact réel du port du masque », soulignent-ils. Ils indiquent aussi que si les expressions faciales sont importantes dans la communication, celle-ci est « également portée par d’autres éléments essentiels qui restent accessibles malgré le port du masque : le contexte, la communication verbale, la prosodie, le regard, les gestes. » Ils estiment également nécessaire d’avoir des études portant sur les conséquences du port du masque sur les enfants à besoins particuliers, même s’ils insistent sur le fait que « les orthophonistes, professionnels de santé experts du langage et de la communication savent adapter leurs pratiques et conseiller leurs patients et leur entourage en cas de besoin, de doutes ou d’inquiétudes. » « Par ailleurs, au quotidien, les enfants sont en contact d’adultes non masqués en dehors des heures de garde ou scolaires. Ils bénéficient à ce moment-là d’une exposition pleine et entière aux informations non verbales véhiculées par le visage », précisent-ils encore.

Querelle entre les orthophonistes
Ces déclarations de la FNO, l’UNADREO et le CFO ne vont pas dans le sens de celles du Collectif National des Orthophonistes de France, regroupant une centaine d’orthophonistes. Dans une tribune collective publiée le 14 février sur Le FigaroVox, le collectif demandait au ministre de l’Education nationale de lever l’obligation du port du masque dans les écoles en intérieur et en extérieur. « Le port du masque a également bien des effets délétères sur les apprentissages à la fois du langage oral et du langage écrit. En effet, nous observons un risque accru d'erreurs dans l'apprentissage grapho-phonémique. En 2021, une étude a montré que les enfants qui possédaient une conscience phonologique fragile étaient aidés par la lecture labiale. La lecture labiale disparaissant sous le masque, l'écart de performances entre les forts et les faibles a augmenté. Le port du masque chez les enfants entraîne une moins bonne oxygénation du cerveau entraînant des maux de tête possibles, des difficultés de concentration et des capacités intellectuelles et attentionnelles amoindries », explique le Collectif National des Orthophonistes de France dans sa tribune.

Pour leur part, la FNO, l’UNADREO et le CFO ont mis les choses au point à la fin de leur communiqué, se désolidarisant ainsi complètement du Collectif National des Orthophonistes de France : « La Fédération Nationale des Orthophonistes, seule instance représentative des orthophonistes, l’UNADREO et le CFO, instances reconnues par les autorités de tutelle, rappellent que la position du Collectif National des Orthophonistes de France ne porte pas la voix de la profession. »

Télécharger ci-dessous le communiqué de presse de la FNO, l’UNADREO et le CFO

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