Syndrome du bébé secoué (SBS) : mise au point de l’Académie Nationale de Médecine

La Haute Autorité de Santé (HAS) le définit comme « un sous-ensemble des traumatismes crâniens infligés ou traumatismes crâniens non accidentels (TCNA), dans lequel c’est le secouement, seul ou associé à un impact, qui provoque le traumatisme crânio-cérébral ». Les Anglo-saxons parlent d’« Abusive Head Trauma » (traumatisme crânien par violence) pour caractériser le syndrome du bébé secoué(SBS). Cette maltraitance exercée sur des bébés et pouvant survenir sans signe extérieur de violence est reconnue par la communauté scientifique pédiatrique internationale et fait l’objet de consensus quant à son diagnostic. Pourtant, précise l’Académie Nationale de Médecine, il existe un courant dénialiste actif, relayé par les médias, remettant en cause l’existence même du SBS et « faisant croire à une controverse scientifique » en « fabriquant de l’ignorance ». Elle fait donc une mise au point pour éclairer sur le sujet et pour comprendre les bases du scepticisme.

Hospitaliser sans délai pour faire un bilan
Coma, crises convulsives, vomissements sont des signaux d’atteintes neurologiques faisant suspecter un syndrome du bébé secoué. D’autres signes également comme une modification du caractère (enfant qui devient enfant grognon), un retard staturo-pondéral ou psychomoteur, avec « des lésions traumatiques (fractures, ecchymoses, lésions buccales), des antécédents de violence dans la fratrie ou à un retard dans le recours aux soins. » précisent les auteurs du communiqué. Ces éléments doivent conduire à hospitaliser l’enfant rapidement afin de réaliser des examens complémentaires comme un scanner cérébral, une IRM cérébrale et des radiographies du squelette. L’Académie précise que « la présence d’hématomes sous duraux diffus, bilatéraux, multifocaux, est un élément essentiel au diagnostic mais n’est pas suffisante. « L’existence de « caillots au vertex, en forme de « têtards » ou de « sucette », signant l’arrachement traumatique des veines-pont du vertex (partie supérieure de la boite crânienne) est un élément essentiel du diagnostic de secouement.

Rester dans son rôle de soignant
Le diagnostic différentiel principal est le traumatisme accidentel. Mais rappelle l’Académie nationale de médecine, dans cette situation les circonstances sont le plus souvent « limpides » et l’existence d’hématomes sous-duraux diffus avec caillots consécutifs à des ruptures de veines-ponts au vertex est exceptionnelle. De même « un récit pauvre ou absent, flou, contrastant avec l’habituelle prolixité de détails des parents relatant le traumatisme de leur enfant », peut faire suspecter un secouement intentionnel. Il n’en demeure pas moins, poursuit Académie qu’ « il n’appartient pas au corps médical de déterminer l’auteur de potentielles violences, l’entretien avec les parents doit rester strictement médical, non intrusif, patient et empathique comme il se doit » même si les « dénialistes » suggèrent que des aveux peuvent être suggérés par les médecins.

Seule la science peut contredire la science
L’Académie nationale de médecine rappelle que la critique des dénialistes ne repose sur « aucun travail scientifique sérieux et n’est le fait que de médecins ou chercheurs qui ne sont pas qualifiés dans le domaine de la maltraitance infantile. ». La science se base sur les connaissances scientifiques et ne juge pas. L’Académie rappelle que « une science digne de confiance ou fiable n’est pas seulement une science solide, rigoureuse ou robuste, elle doit aussi être pertinente, c’est-à-dire adaptée à l’objet que l’on cherche à comprendre, sensible au contexte et aux valeurs qui sont en jeu. » C’est-à-dire aux fondements mêmes de la médecine fondée sur les preuves qui a malheureusement, souligne l’Académie, « au fil des ans perdu de sa consistance. »

Source : Syndrome du bébé secoué : une mise au point de l’Académie de médecine


 
Article rédigé par : Isabelle Hallot
Publié le 31 mars 2023
Mis à jour le 15 mai 2023