Un poisson d’avril … qui fait réfléchir !

Ce vendredi 1r avril, pendant le Magazine de la santé (sur la 5) est présentée sur un ton sérieux une invention qui permet de traduire le langage des bébés.

Décoder le langage préverbal : une solution clés en mains
Interview de deux chercheurs qui expliquent, face à un écran sur lequel figure un cliché d’imagerie cérébrale, comment ils ont conçu une application pour aider les parents à comprendre ce que leur enfant exprime à partir des expressions de son visage, de ses pleurs et de son babillage. Suit un témoignage d’une mère d’un enfant de 13 mois qui sort son portable en vue de savoir si sa fille veut descendre de sa chaise haute ou si elle a mal quelque part.

Bébétrad n'existe pas !
Quel soulagement lorsque la blague est révélée ! Ouf, on n’a pas encore remplacé la qualité des interactions non verbales par un outil issu de l’intelligence artificielle. C’est en tâtonnant que les parents, tout comme les professionnels de la petite enfance, apprennent à connaître le tempérament d’un enfant et à interagir. L’observation de chaque vocalise, chaque gestuelle, chaque regard, chaque mimique nous donne des informations précieuses pour mieux communiquer avec lui. Et le fait même que ce soit difficile participe de la construction du lien. L’appli Bébétrad n’existe pas. Dès la fin de sa chronique, le médecin Jimmy Mohamed révèle que tout le reportage est un poisson d’avril. Sur le plateau de télévision, autour de Marina Carrère d’Encausse, tous semblaient soulagés d’apprendre que le reportage était faux de A à Z.

Et si c’était vrai ?
 Mais si les chercheurs du reportage se sont prêtés au jeu, partout dans le monde et ce depuis des années, dans des laboratoires de recherche, d’autres psychologues et neurologues travaillent pour de vrai sur les algorithmes permettant de  décoder les pleurs des bébés et de décrypter le langage enfantin. Plusieurs sociétés mettent en vente des applications pour traduire les pleurs, développées en lien avec des équipes universitaires. Et déjà il y a vingt ans, un ingénieur en électronique espagnol avait mis sur le marché une machine à décoder les cris des six premiers mois. Dans un article du Monde du 16/01/2004, un journaliste écrivait que « grâce à "Why Cry", donc, la plus inexpérimentée des mamans et le plus ignare des papas peuvent tranquillement décréter que le petit est affamé, qu'il a sommeil ou qu'il s'ennuie... Il suffit d'activer la machine pour obtenir la solution en trois coups de cuiller à pot. Quelques secondes de patience et le langage des pleurs est élucidé. Il en coûte 110 euros. » Heureusement, il concluait en déclarant : « Pour autant, confier l'analyse et le diagnostic des pleurs à une oreille électronique nous semble aussi déroutant que dégoûtant. »

Communiquer avec les bébés sans intermédiaire
 Cette séquence, qui ne fait pas tellement rire mais met mal à l’aise, a le mérite de faire réagir. Si ce n’est que le procédé est discutable éthiquement, on pourrait être tenté de l’utiliser dans une réunion de parents pour introduire un débat sur le décryptage des émotions et sur l’importance de l’observation. Elle permet aussi de pointer un nouveau besoin : prévoir un cours sur les produits de puériculture High-tech dans toutes les formations initiales aux métiers de la petite enfance.


 
Article rédigé par : Fabienne-Agnès Levine
Publié le 01 avril 2022
Mis à jour le 13 janvier 2023