Unicef : plus de 42 000 enfants sans-domicile en France

Dans le rapport sur la santé mentale des enfants, réalisé par l’Unicef France et le Samu social de Paris, en collaboration avec Santé Publique France, et publié ce lundi, on peut lire que « plus de 42 000 enfants vivaient dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune ou dans la rue » au 22 août 2022. Des conditions de vie qui ont des répercussions sur leur santé mentale.

A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, l’Unicef France et le Samu social de Paris dévoilent le rapport « Grandir sans chez-soi : quand l’exclusion liée au logement met en péril la santé mentale des enfants », élaboré notamment à partir de la littérature existante sur la santé mentale des enfants sans-domicile. On y apprend que plus de 42 000 enfants seraient SDF en France, selon le Baromètre enfants de l’UNICEF France et de la Fédération des acteurs de la solidarité publié en septembre 2022. Un chiffre effarant et effrayant. 

Et cette absence de domicile, cette précarité dans laquelle vivent ces enfants impactent leur santé physique et mentale « à court et moyen terme, mais aussi sur le long terme, affectant leur vie de futur adulte. » Ainsi, selon l’étude Enfams de 2013, relayée dans le rapport, « les troubles suspectés » de la santé mentale étaient de 19,2% chez les enfants sans-domicile (ils concernent 23,2% des plus de 6 ans et 18,9% des moins de 6 ans) contre 8% dans la population générale.

De moins en moins de pédopsychiatres
Si les enfants, qui souffrent de troubles de la santé mentale, ont besoin d’accéder aux dispositifs de prévention et de soins, il est expliqué dans le rapport que « de façon générale, les enfants et les adolescents ont de grandes difficultés à accéder aux soins. » Par ailleurs, le rapport note des besoins grandissants et dans le même temps de moins en moins de pédopsychiatres en France. « La pédopsychiatrie en France est aujourd’hui dans une situation si critique que l’accès à une prise en charge des troubles psychiatriques chez l’enfant peut prendre plusieurs années », alertent les auteurs du rapport. Pourtant, la prise en charge devrait être la plus précoce possible. Et pour les enfants sans-domicile, c’est encore plus compliqué, notamment parce qu’ils ne peuvent pas se tourner vers le secteur privé, faute de moyens financiers.

Les pouvoirs publics doivent agir
Les auteurs du rapport « appellent à un renforcement et à une adaptation des politiques publiques sur les questions d’accès au logement que sur les problématiques d’accès aux soins. Une priorité essentielle pour garantir et protéger la santé mentale des enfants. » Et énoncent 4 recommandations (retrouvez le détail dans la synthèse du rapport en pièce jointe) :
  • Promouvoir la santé mentale des enfants sans-domicile en leur garantissant un environnement sûr, bienveillant et stable, propice à leur développement, à leur bien-être et à l’exercice de leurs droits
  • Améliorer la prévention et la détection des problèmes de santé mentale de tous les enfants en renforçant les leviers existants, avec une attention spécifique à la situation des enfants sans-domicile
  • Mieux prendre en charge les problèmes de santé mentale de tous les enfants, avec une attention particulière sur les enfants sans-domicile, en renforçant l’offre existante et en améliorant sa qualité et la prise en compte de leurs besoins spécifiques
  • Favoriser la transversalité et l’interconnaissance entre le secteur de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion et celui de la santé mentale et de la pédiatrie
Télécharger la synthèse du rapport « Grandir sans chez-soi : quand l’exclusion liée au logement met en péril la santé mentale des enfants » ci-dessous
Article rédigé par : CF
Publié le 10 octobre 2022
Mis à jour le 17 avril 2023