Refonder l’accueil des jeunes enfants
Sylviane Giampino
C’est un travail plus personnel aussi parce que son auteur s'est nourrie de son engagement et cheminement de 30 ans autour des enjeux de la petite enfance. Un engagement qui lui a permis de mener à bien sa mission. Avec le succès que l’on sait.
Car ce rapport Giampino est de venu un « must » chez les professionnels de la petite enfance de l’accueil collectif comme de l’accueil individuel. D’abord parce qu’il fait parfaitement écho à leurs convictions et espérances. Ensuite parce qu’il s’est concrétisé par des actions comme la Journée Nationale des Professionnels de la petite enfance du 31 janvier 2016 et le Texte-cadre pour l’accueil du jeune enfant, pour ne citer qu’eux. Les professionnels s’en sont emparés. Et avec ce livre, l’essaimage devrait se poursuivre puisqu’effectivement la lecture en est plus aisée et son petit format permet de le manipuler facilement et de de s’y référer aussi souvent que souhaité. Ce « Refonder l’accueil des jeunes enfants » devrait être au programme de tous les instituts de formation, dans les bibliothèques de tous les lieux d’accueil (crèches , haltes-garderies ou RAM) tant il explique et précise les principes fondamentaux du développement global du jeune enfant. Ceux-là même qui doivent guider les professionnels dans leur pratique .
Le rapport Giampino était déjà une référence, cet ouvrage-là devrait le détrôner !
Mais chroniquer ce livre sans en évoquer l’introduction et la conclusion en ferait un compte-rendu incomplet. Car l’une comme l’autre sont très personnelles et donnent clairement le point de vue de l’auteur. Sans s’engager dans des polémiques, sans jamais citer clairement ce et ceux à qui elle fait référence, Sylviane Giampino assène ses vérités.
La qualité des modes d’accueil à refonder du point de vue des enfants et le regret d'un vocabulaire loin de cette préoccupation. Elle écrit par exemple : « (…) Le nombre de « berceaux » ou de places pour les enfants, a fait place au nombre de « solutions d’accueil ». Transformant un berceau et l’enfant qu’il porte en problème à solutionner. Quelle tristesse ». Et poursuit : « il n’y a pas de séparation possible entre le qualitatif et le quantitatif dans la valeur d’un mode d’accueil. Car sur l’enfant tout agit, les normes d’agrément comme les locaux, le bien-être du personnel, les finances de ses parents et les heures d’ouverture… ». Autre conviction : la prime éducation est la clef d’un développement harmonieux du jeune enfant. Et elle appelle à ne pas se précipiter sur telle ou telle nouvelle méthode au nom de la scientificité. « L’argument de scientificité ne suffit pas ; il doit être associé à la conscience que les savoirs nouveaux absorbent des savoirs anciens et qu’il y a plusieurs formes de savoirs. Etre, de plus, bien conscient que l’agrippement aux modèles traditionnels, aux dogmes caducs si décriés, est aussi délétère que la fascination sans critique pour des modèles présentés comme nouveaux, qui peuvent à terme s’avérer aussi dogmatiques et caducs que leurs ancêtres. »
Enfin à l’heure où l’investissement social est sur toutes les bouches, Sylviane Giampino donne clairement son sentiment. « Qu’une génération assume un projet de prime éducation, d’égalité, d’avenir pour la génération suivante, peut s’argumenter sans être obligé de démontrer que bien s’occuper des enfants aujourd’hui fera économiser de l’argent plus tard ».
Voilà tout est dit.
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