Petit texte d’une éducatrice de jeunes enfants en colère !

banderolle de la manifestation des professionnels de la petite enfance
C'est bien cette réforme. Pour faire garder les bébés en consigne sinon il y a les casiers en grande surface. C'est moins cher et ce sera tout aussi efficace. Certainement moins dangereux aussi. Parce qu’une assistante maternelle pour 6, un professionnel pour 8 enfants qui potentiellement peuvent ne pas marcher, c'est « gérable » à condition de les parquer.

La balade, la peinture, les transvasements, les jeux d'eau, la temps calmes, ah ah ah je ris. Jaune. Les projets pédagogiques, une grosse blague. Rien de tel que de la grosse gommette, une piscine à balle et hop l'affaire est dans le sac. Pas besoin de se faire suer à penser un atelier cuisine, un atelier yoga, de la grosse gommette je vous dis. Pour ce qui est de la qualité de l'accueil, autant dire qu'on s'assoit dessus. Parce que bon moi je veux bien, mais changer un enfant, le nourrir et lui proposer une interaction, quand on en a 8 à gérer, des marcheurs et des « quatre patteurs », c'est impossible. C'est ça... tant mieux pour toi si t'es un marcheur, sinon tu peux toujours pleurer pour qu'on fasse attention à toi avec une telle réforme.

Je préconise donc une tétine à la journée pour boucher le canal des pleurs, une couche bien remplie de produits chimiques pour absorber les sécrétions de plusieurs heures de garde. Bon on ne va pas se mentir non plus, cette réforme elle a de bien qu'il n'y ait plus de conflit entre professionnel-les sur les qualifications puisque tout le monde sera au même niveau, c'est-à-dire sans formation. Marlène Schiappa n'avait peut-être pas tort, avoir été parent suffit pour prétendre garder des enfants. Ben oui elle s'est vantée de planter ses enfants avec des croque- messieurs dans son bureau au ministère pendant qu'elle était en réunion. Avec un tel niveau d'exigence...

En attendant d'être des premiers ou derniers de cordée, des winners ou des rien dans une gare, nos bébés ne seront peut-être pas mieux lotis que les poulets sarthois élevés en plein air. Parqués à la consigne. Il est où Boris Cyrulnik ? Parce que moi je veux bien les Assises de la maternelle et blablabla, mais aujourd'hui ce que je vois c'est la loi socle et cette réforme d'élevage intensif.
Article rédigé par : Fanny Chappé, EJE à Paimpol (22)
Publié le 29 mars 2019
Mis à jour le 30 mars 2019