Déconfinement : comment adapter nos pratiques aux besoins de l’enfant

Dès la reprise d’activité dans les EAJE, les professionnels de la petite enfance vont faire face à de nombreux questionnements. Confrontés à des pratiques peu habituelles, il convient de s’adapter mais aussi de se rassurer quant à la possibilité de sécuriser les enfants. Les conseils de Séverine Ringot, psychologue en crèche.
Port du masque et perception des émotions
Lorsque l’on évoque le port du masque auprès des tout-petits, nous avons rapidement tendance à nous questionner quant à la réaction des enfants. Vont-ils avoir peur ? Vont-ils comprendre ? Et bien évidement la crainte majeure, et légitime, que nous avons est celle d’une diminution de la qualité des échanges et des interactions avec l’enfant.
L’enfant, bien que sensible aux sourires et aux émotions du bas du visage, est, dès son plus jeune âge, réactif et attentif à d’autres facteurs d’interactions tels que la voix et le regard.
Les récentes études en neurodéveloppement ont démontré la sensibilité de l’enfant à la voix de l’adulte, et ce, dès ses premiers jours.  Il se montre capable de s’adapter aux rythmes de la voix de l’adulte, de s’y habituer et donc d’établir en fonction des relations et des attentes.
Il en est de même pour le regard. Grâce à ces premières interactions conjointes, l’enfant peut savoir qu’on le voit et que l’on s’adresse à lui. Ce sont là des éléments essentiels à l’attachement précoce.  Ces « routines interactives » permettent au tout-petit de construire des attentes, d’anticiper et d’initier la rencontre avec l’adulte.

Continuer de sourire
Bien que les expressions du bas du visage seront masquées, elles ne devront pas disparaitre. Nous aurons donc à notre portée deux outils pour marquer davantage les émotions auprès des enfants : notre voix et nos yeux. Les regards mutuels accompagnés de la voix sont bénéfiques pour renforcer les liens et assurer le sentiment de sécurité affective chez l’enfant.
Ainsi, lorsque nous portons un masque, c’est à travers le ton et le rythme de notre voix, mais également à travers le regard, que nous favoriserons les échanges d’expressions avec les tout-petits. Bien sûr, il est important de continuer de sourire derrière votre masque :  amusez-vous à sourire en cachant le bas de votre visage et vous observerez systématiquement un changement dans votre regard. Ne l’oublions pas, nos yeux et notre voix traduisent nos émotions.

Des jeux autour des émotions avec les plus grands
Les jeux et les histoires autour des émotions devront plus que jamais être utilisés. Par exemple, inventons le jeu du « je souris ou je ne souris pas ? » auprès des plus grands : tout en gardant cachée une partie de votre visage, interrogez les enfants. Prenez soin de leur montrer à travers l’ensemble de votre visage (sourcils, regard…) les signes qui marquent votre expression. A travers le jeu, vous habituerez les enfants à associer ces expressions aux émotions et à mieux les reconnaitre.  

Le maintien des repères
Les routines et les repères rendent le monde moins imprévisible pour l’enfant. Ainsi, afin de sécuriser l’enfant, nous devrons prendre soin d’instaurer de nouvelles routines et de nouveaux repères tout en maintenant celles et ceux qui étaient déjà en place.  Par exemple, pourquoi ne pas instaurer la routine d’un lavage des mains en chanson ?
Ainsi, bien que l’enfant possède une grande capacité d’adaptation, l’adulte doit maintenir avec lui des interactions positives et rassurantes. Maintenir la sécurité affective des enfants sera notre plus grand défi ; défi que nous pourrons relever par la cohérence de nos comportements et grâce à notre inventivité qui rendra alors l’environnement de l’enfant plus sûr et compréhensible.

 
Article rédigé par : Séverine Ringot
Publié le 05 mai 2020
Mis à jour le 11 mai 2020