Le nettoyage écologique dans les lieux d'accueil

Dans les établissements de la petite enfance, l’hygiène est une priorité. Mais les produits utilisés peuvent avoir des effets sur l’environnement, sur la santé des enfants et des adultes qui fréquentent les locaux ou y travaillent. Notamment ceux en charge du nettoyage. Et si l’avenir pour les crèches était dans le nettoyage écologique ?
Il est bien sûr impossible de ne pas désinfecter soigneusement les locaux d’une crèche ne serait-ce que pour éviter les contagions et épidémies !
C’est pourquoi le choix des produits –et particulièrement des molécules actives qu’ils contiennent- est primordial. Et le nettoyage  écologique n’est pas une utopie, il est l’avenir des EAJE, car le mode végétal nous nourrit, nous soigne depuis des milliers d’années et il peut aussi nous aider à maintenir des structures saines tout en préservant la santé des petits et des grands qui y vivent .

Des risques à ne pas sous-estimer
Aujourd’hui, la plupart des produits utilisés sont d’origine chimique. Certains contiennent des substances toxiques. Il faut donc être attentif aux fiches de sécurité que les fournisseurs doivent vous donner. D’ailleurs, les allergies, l’asthme, les maladies respiratoires chroniques, les problèmes cutanés… sont en constante augmentation. Les agents d’entretien consultent régulièrement des dermatologues pour des problèmes d’eczéma et la médecine du travail est vigilante. Mais, on le sait aussi, les produits d’entretien ont un impact sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie, de leur fabrication à leur élimination en passant par le transport. Enfin, ils représentent un certain coût pour la collectivité. Utiliser des produits écologiques permet de baisser le budget entretien et /ou de mieux acheter.

Des produits naturels et efficaces
L’Arrêté du 8 septembre 1999 et l’Arrêté du 19 décembre 2013 modifiant l’arrêté du 8 septembre 1999 sont les références réglementaires en ce qui concerneles procédés et les produits utilisés pour le nettoyage des matériaux et des objets destinés à entrer en contact avec des denrées, produits et boissons pour l’alimentation de l’homme et des animaux. En annexe de ce document sont donnés les noms des substances utilisables pour nettoyer les surfaces.
On y trouve l’acide acétique (le vinaigre blanc), l’acide citrique (parfait pour blanchir les joints de carrelage moisis), les bicarbonates de soude et la potasse, constituant du savon noir. Ces composants forment la base du nettoyage écologique. Ils s’achètent dans toutes les drogueries, les magasins bios, mais aussi les grandes surfaces et les jardineries. Voilà une alternative aux détergents formulés savamment par les industries chimiques et proposés par les fournisseurs de produits d’hygiène.

Comment bien utiliser ces produits naturels
 
  • Le savon noir : un puissant dégraissant
Sa composition est très simple : de la potasse, de l’huile d’olive et de l’eau. Son utilisation est multiple, du sol au plafond, de la crèche au jardin. Le potager peut être soigné au savon noir sans aucun risque pour les enfants, il est d’ailleurs autorisé en agriculture biologique. Pour bien laver les sols, il suffit de diluer 2 cuillers à soupe de savon noir dans 5 litres d’eau chaude. Lavez, inutile de rincer, et le sol brille. Le savon noir évite les genoux noircis au bout de cinq minutes de quatre pattes  et les bébés peuvent gambader sur un sol sain dépourvu de tout produit chimique.
C’est aussi un puissant dégraissant qui nettoie et enlève les tâches de graisse sur les cuisinières, plaques de cuisson de tous types, hottes, fours, plans de travail, éviers…Il faut juste mettre un peu de savoir noir sur une microfibre, frotter, puis rincer à l’eau chaude. Il peut également être très utile pour détacher les bavoirs ou des tenues de cuisinier. Pour un coût modique c’est vraiment un produit multi-services.
 
  • Le vinaigre blanc : le détartrant par excellence
Il détartre, dégraisse et détache toutes les surfaces au quotidien. Beaucoup moins cher que les produits commerciaux, il est le détartrant par excellence des sanitaires, de la robinetterie, des douches et baignoires mais aussi de la machine à laver le linge  et la vaisselle. Pour adoucir les textiles sans risque d’allergie, le vinaigre blanc neutralise le calcaire de l’eau qui rend le linge rêche. Versez environ 30ml de vinaigre dans le compartiment dédié à l’adoucissant. Rassurez-vous il n’ y a pas d’odeur de vinaigre après le séchage. L’acide acétique (vinaigre blanc)  est désormais reconnu  comme biocide. Il apparait dans l’annexe 1 du Règlement (UE) n° 528/2012 du Parlement Européen et du Conseil du 22 mai 2012 concernant la mise à disposition sur le marché et l’utilisation des produits biocides. Vous allez pouvoir l’utiliser pour désinfecter les surfaces.
 
  • Le bicarbonate : un super nettoyant-lustrant
Le bicarbonate de sodium (ou de soude) est non toxique pour l’homme et l’environnement, et s’emploie aussi bien en cuisine qu’en lingerie. C’est un bon désincrustant et détartrant. En cuisine, il nettoie les surfaces sans les rayer. Très utile pour l’entretien des sanitaires, il permet de lustrer les faïences en saupoudrant le bicarbonate sur une microfibre humide et en frottant la surface.
 
  • Les microfibres : désincrustantes et hyper absorbantes
Voilà des « lavettes » intelligentes. Leurs matières et procédés de fabrication leur confèrent des propriétés désincrustantes et dégraissantes sans produit chimique pour les surfaces non encrassées et un grand pouvoir d’absorption d’eau. Le sol sera lavé sans déplacer un sera rempli d’eau, car il suffira d’avoir imprégné le nombre de lavettes correspondant à la surface à nettoyer (ce qui permet de sérieuses économies d’eau). Les tables des enfants seront nettoyées sans détergent si elles ne sont pas trop sales. Ces lavettes en microfibre sont indispensables pour le nettoyage écologique de la crèche. Renseignez-vous auprès de vos fournisseurs.

Pour en savoir plus : télécharger le guide technique à l’usage des collectivités édité par l’association Eau et Rivières
 

Choisir un détergent avec l’Ecolabel européen

Les molécules désinfectantes utilisées dans les produits d’entretien sont en majorité des tensioactifs cationiques généralement irritants et toxiques pour l’environnement ou amphotères (non irritants). Pour réaliser une désinfection respectueuse de l’environnement et des humains, il faut privilégier des produits composés de tensioactifs sur base végétale en se fiant au label dont bénéficie le produit. Cherchez l’Ecolabel Européen qui garantit la biodégradabilité des composants, une non –bioaccumulation dans les organismes, une toxicité limitée vis-à-vis des organismes aquatiques, une teneur en phosphates restreinte. Les phosphates étant exclus afin d’éviter les problèmes d’eutrophisation (plages bretonnes recouvertes d’algues vertes).L’ensemble du produit doit être d’origine renouvelable et ne doit pas contenir de « composé organique volatil »(COV). Mais attention à la présence de MIT, (methylisothiazolinoneet ses cousins linone) utilisés comme conservateurs qui sont connus pour être des allergènes majeurs par les dermatologues.

Article rédigé par : Sylvie Guillou, docteur en chimie, www.secali.com
Publié le 19 février 2016
Mis à jour le 23 novembre 2018