Seine-Saint-Denis : l’Instance de Médiation et de Recours facilite l'accueil des enfants en situation de handicap

Il y a plus de 30 ans, les crèches départementales ont eu envie et même besoin d’être soutenues par des professionnels extérieurs, quand elles accueillaient un enfant en situation de handicap. Elles voulaient une unité de ressources pour les aider. Le médecin responsable du service de la PMI de Seine-Saint-Denis de l’époque, Jacqueline De Chambrun, a alors créé en 1984, l’Instance de Médiation et de Recours (IMR)  qui perdure encore aujourd’hui.
Anne Peyssou, infirmière-puéricultrice travaille à l’IMR, cette instance qui fait partie de la PMI du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. A ses côtés, deux psychologues à mi-temps pour l’aider dans ses différentes missions.

Un accompagnement tout au long de l’accueil
Le rôle d’Anne Peyssou et de son équipe est d’abord de répondre aux demandes d’accompagnement pendant l’accueil d’un enfant en situation de handicap ou atteint d’une maladie chronique. « Nous répondons à toutes les équipes des différents modes d’accueil du 93, quelque soit le gestionnaire (privé, public), ainsi qu’aux assistantes maternelles », précise l’infirmière. Soit elles arrivent au tout début d’un accueil pour bien le préparer, soit elles interviennent quand l’enfant est déjà présent. « Mais on s’engage toujours à les accompagner pendant toute la durée de l’accueil, ce qui peut aller jusqu’aux 6 ans de l’enfant quand l’établissement obtient une dérogation », assure Anne Peyssou. C’est lors de réunions que l’équipe de l’IMR échange avec les professionnels de la petite enfance. Elles ont souvent lieu le midi, quand les enfants dorment… Les salariés de l’établissement d’accueil leur livrent leur quotidien, leurs réticences, leurs difficultés… « La psychologue est toujours présente pour reverbaliser tous les ressentis, » explique Anne Peyssou. Une aide précieuse pour les équipes qui ont besoin de parler, de trouver une oreille attentive et compréhensive, capable de leur donner les conseils appropriés et de les conforter dans leurs savoir-faire, souvent déjà mis en place par leur grande connaissance des besoins des petits enfants dans leur différence. Ces réunions sont donc de grands moments d’échanges.

Avec tous les professionnels spécialisés du département
Parfois, il peut y avoir des réunions préalables (à visée pédagogique) à l’accueil d’un enfant en situation de handicap. L’équipe de l’IMR fait des recherches sur la pathologie pour un enfant en particulier. « On travaille également avec les CAMSP (Centre d’Action Medico Social Précoce) de notre département, les CMP (Centre Medico Psychologique), des centres de bilan intégrés dans des hôpitaux, les psychomotriciennes départementales, et les équipes pluri-professionnelles des centres de PMI » explique Anne Peyssou. L’IMR représente le service de PMI du 93, au cours de la CDAPH (Commission des droits et de l’Autonomie des personnes en situation de Handicap) qui est réunie de manière hebdomadaire à la MDPH (Maison Départementale Des Personnes Handicapées) de Bobigny. Ce travail en réseau leur permet de récolter une information de qualité qui peut être transmise aux équipes.
Le lien tissé avec les 13 psychomotriciennes départementales est d’ailleurs très important. « Nous avons acquis avec elles, grâce à un appel à projets de la CAF en 2012, du matériel à destination des enfants en situation de handicap, dont les assistantes maternelles et parfois les EAJE (Etablissements d’Accueils du Jeune Enfant) peuvent bénéficier à tour de rôle », témoigne l’infirmière.

Une phase de sensibilisation auprès des assistantes maternelles
Même si l’IMR n’a pas vocation à former les professionnels de la petite enfance, il s’emploie néanmoins à les sensibiliser afin de promouvoir les accueils de petits enfants à besoins spécifiques. Aujourd’hui, les assistantes maternelles suivent 120 heures de formation, 60 heures avant d’avoir un enfant (temps 1), 60 heures après (temps 2). L’instance de médiation  propose une sensibilisation d’une demi-journée pendant le temps 2 de leur formation. L’équipe y évoque la loi de 2005, et passe en revue les différents handicaps : moteurs, mentaux, sensoriels… « On leur demande d’abord de définir le handicap. Et très souvent, elles oublient les maladies chroniques », témoigne Anne Peyssou. « Elles s’aperçoivent alors qu’elles ont en fait déjà accueilli des enfants en situation de handicap. Ensuite, l’idée est de les faire parler de leurs propres expériences. Les échanges sont très riches, elles alimentent beaucoup les discussions », poursuit Anne Peyssou.
Les discussions sont justement très importantes entre les professionnels. Voilà pourquoi l’instance de médiation renseigne également les professionnels qui sont référents d’accueil de petits enfants en situation de handicap, de l’existence de groupes de paroles. Quatre autres psychologues du département les animent et reçoivent chaque mois entre 30 et 40 professionnels ! On s’aperçoit ainsi qu’ils ont besoin d’échanger, de parler, d’avoir un retour d’expérience, et d’être accompagnés tout simplement.
Grâce à ces différents accompagnements et soutien, les professionnels des modes d’accueil de la petite enfance du département de la Seine-Saint-Denis, sont confortés dans les capacités qu’ils possèdent, de pouvoir assurer à tout enfant, dans son unicité, d’être accueilli avec compétence et respect.
Article rédigé par : Laure Marchal
Publié le 22 juin 2016
Mis à jour le 21 mars 2018