L’indépendance émotionnelle et quotidien professionnel . Par Amandine Micoulin

Puéricultrice, cadre de santé

Freepick
Femme zen
La première fois que j’ai entendu parler d’indépendance émotionnelle, j’étais dans ma voiture, en train d’écouter le podcast d’une coach life que m’avais chaudement recommandé une collègue de travail.
Cette notion bien qu’un peu trop Américanisée à mon gout m’a tout de suite parlé. Elle rendait intelligible mes réactions en tant que directeur et m’aidait à relativiser mes réactions pour mieux les vivre : c’est pour cette raison que je souhaite la partager avec vous aujourd’hui.

Mais alors, c’est quoi au juste cette indépendance émotionnelle ?
L’idée c’est que l’on est responsable de nos ressentis : ce qui nous arrive dans notre quotidien est neutre, ce n’est que par la manière dont on l’interprète que l’on va éprouver des émotions, qu’elles soient positives ou négatives.
Sur une même situation, chaque adulte va réagir de manière différente, en fonction de son passé, de ce qu’il pense de lui-même, de sa manière de voir les choses.
Prenons un exemple très actuel : vous apprenez que vous n’avez pas pu avoir les dates de congés que vous aviez demandé pour cet été.
Vous considérez cela comme un échec : je ne sais pas négocier dès lors que je me retrouve face à mon équipe ;
Vous vous sentez peiné ou en colère : ils ne me respectent pas, je me sens rabaissé ;
Vous êtes choqué : il n’y a pas d’équité, de toute manière ce sont toujours les mêmes qui obtiennent ce qu’ils veulent ;
Vous êtes neutre : je vais m’organiser pour cette fois.

Vous n’avez pas eu les dates de congés souhaités est une information neutre, exempte d’émotions. Ce que vous allez en ressentir est essentiellement lié... à vous.
L’idée n’est surtout pas de se sentir coupable d’éprouver telle ou telle émotion, ni d’accepter impunément tout ce qui nous arrive mais plutôt de s’affranchir de ce qui nous encombre, des sensations désagréables qui entourent les situations et rajoutent pour nous de la difficulté. Nous créons nous même nos ressentis et en sommes garants.
Par exemple, cela nous parait tout à fait normal de dire telle personne m’a énervée, je me sens blessée par ce que tel parent a dit, je ne me sens pas valorisée dans mon travail à cause de l’institution, de ce que la société en renvoie etc.

Comme si nous subissions les choses sans avoir le choix alors qu’en fait, ce n’est pas le cas. C’est simplement la manière que nous avons de les voir, de traduire les comportements des autres, qui nous fait éprouver tel ou tel ressenti, telle ou telle émotion :
C’est l’histoire que l’on se raconte.

Oui mais à quoi cela nous sert tout ça ?
Et bien disons que nous sommes libres de décider de la signification que l’on choisit de donner aux évènements qui nous entourent, aux propos des autres.
Lorsque l’on se sent bien, c’est donc à nous même que nous le devons et inversement pour les sentiments négatifs :  c’est à nous d’y remédier. L’avantage à cela c’est qu’on ne dépend plus du regard des autres, que l’on peut choisir de réagir comme on le souhaite mais surtout que l’on est pas non plus responsable de l’état émotionnel de notre entourage pas plus qu’il ne l’est de nous-même. Et ça, rien que ça, c’est extrêmement libérateur.

Soyons clair : si vous avez envie de vous sentir fier de votre travail, vous pouvez penser que vous avez mené tel atelier d’une très bonne manière, que vous avez très bien accueilli telle famille, rassuré tel enfant. Et vous le pouvez car vous vous en faites ce crédit, même si vous n’avez pas eu de retour positif de votre équipe, de votre hiérarchie, des familles, parce que vous avez conscience d’avoir fait au mieux de ce que vous pouviez.

Si vous êtes un étudiant en stage par exemple, ou un jeune professionnel, vous pouvez décider qu’au regard de votre situation, vous avez très bien géré le repas de ce jour même s’il y a eu des petits débordements et que votre collègue de travail chevronné vous a lancé quelques regards désapprobateurs.
Vous savez au fond de vous que votre attitude envers les enfants était adaptée, votre posture, votre langage. Si vous vous sentez isolé et travaillez à votre domicile, vous êtes la personne qui pouvez au quotidien savoir de quelle manière vous faites votre travail et vous en attribuer les retours positifs : qui mieux que vous peut décider de ce que vous êtes ? ne laissez pas cela aux autres.

A l’inverse, lorsqu’il se passe quelque chose où vous sentez ne pas avoir fait au mieux, où vous vous sentez blessé, dévalorisé, ou même en colère, là encore vous êtes responsable de ces ressentis et de vos réactions.  Ce n’est pas essentiellement la faute de votre équipe de travail, de ce groupe d’enfants trop excité, de ces parents constamment en demande.

L’idée n’est pas de culpabiliser mais plutôt de trouver une autre manière pour vous de vous affranchir de ces ressentis négatifs et d’avancer.
Cela s’applique également à vos collègues : vous n’êtes pas responsable de l’ambiance de votre section, de l’humeur de votre directeur, de l’exigence démesurée de telle famille, du mécontentement de tel professionnel. Ces personnes sont tout autant que vous garants de leur état émotionnel.
S’il y a une seule idée à retenir, c’est que l’on est chacun à 100% responsable de nos ressentis et de nos émotions.

Oui mais alors quelles incidences sur notre quotidien ?
Et bien disons que si vous assumez vos émotions, que vous éprouvez pour vous-même de la bienveillance, de la reconnaissance, de l’estime, alors vous en récolterez forcément. On a toujours tendance à donner aux autres ce qu’ils s’accordent déjà par eux même.
Ce n’est pas un chemin que l’on fait en un jour, mais comprendre et connaitre notre fonctionnement est déjà un grand pas.
 
Très bel été à tous, que vous ayez eu vos congés ou non !


Pour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez écouter les podcasts de Clotilde Dusoulier
Article rédigé par : Amandine Micoulin
Publié le 01 juillet 2019
Mis à jour le 01 juillet 2019