Management participatif. Par Anne-Cécile George

Directrice de crèche, infirmière-puéricultrice

management participatif
Cher lect-eur/rice, comme tu t’en doutes, le changement de région a apporté son lot de recherches d’emploi et j’ai eu la chance, l’honneur, que dis-je, le privilège, d’expérimenter les nouvelles méthodes d’entretien d’embauche. Alors qu’il y a une dizaine d’années, les infirmières puéricultrices étaient recrutées sur la base d’un entretien oral devant un jury de deux à trois personnes, aujourd’hui les méthodes ont évolué et sont davantage élaborées. Souvent deux entretiens sont au programme, et ils se composent de tests de la personnalité (qui peuvent déclencher une remise en question sur le divan du psy), une visite médicale incisive (proche de la dissection) et enfin une partie écrite avec mise en situation (et timekeeper zélé compris dans la prestation). Sur ce dernier point, je peux te faire une confidence (attention, je vais balancer du tuyau), le sujet qui revient invariablement, est le management participatif. Soit il y a un manque flagrant d’imagination et les examinateurs se sont mis d’accord pour se refiler les sujets, ou alors (et c’est la raison la plus probable pour ne pas vexer les dits-examinateurs), le management participatif est le sujet d’actualité au cœur d’un remaniement des pratiques managériales.

A la question « que pensez-vous du management participatif ? », j’ai donc répondu « mais c’est trop de la balle ! » (peut être que c’est ça la stratégie de l’échec). Après avoir connu le management du « marche-ou-crève » avec pour credo « je ne suis pas assistante sociale », j’ai vu le changement se dessiner au fil des années au profit du management « feel-good ». Si tu es manager de proximité, impossible d’être passé à côté de ce concept en vogue qui vise principalement le bien-être au travail. Il est apparu alors que les conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles, avec les réductions de personnel (au minimum légal), les passages en délégation de service public (pour les collectivités qui tirent la langue après les baisses de dotations de l’Etat) ou encore les contraintes budgétaires (quand tu fais trois devis pour acheter un rouleau de bolduc).

Alors là on dégaine sa botte secrète d’agent 007, la bienveillance au travail, et on redonne le sourire à tout le monde. Loin d’être une philosophie bisounours, elle s’appuie  sur les obligations légales de l’employeur d’assurer et de protéger la santé physique et mentale des salariés. En outre, elle permet d’adoucir les relations humaines et d’insuffler une nouvelle dynamique au sein des équipes. Plutôt que d’imposer, on fait participer l’équipe à la vie de la crèche. On instaure des réunions, des groupes de travail où chacun propose ses idées, est écouté, et considéré en tant que membre à part entière de l’équipe. Cela développe nécessairement la créativité de chaque protagoniste et ce sentiment d’être utile au bon fonctionnement de la crèche. Se sentir utile … n’est-ce pas là notre moteur fondamental pour avancer et nous motiver ? On aura beau gagner un salaire à cinq chiffres, si nous ne nous sentons pas utile dans notre travail (comme dans les mises au placard), on dépérit. Oui, l’argent ne fait pas tout dans le bien-être au travail.

Mais comment s’y prend-t-on pour mettre en place un management participatif ? Déjà, si tu es puéricultrice ou EJE, compléter ta formation par les fondamentaux du management peut être pas mal, même si la politique formation n’est pas toujours développée selon les collectivités ou réseau de crèches privées. Il se peut que lorsque tu demandes une formation, on te regarde comme si tu réclamais un stage de poney. Pour éviter de tomber dans cet écueil, il faut bien argumenter sa demande au préalable. Le management participatif est avant tout basé sur l’écoute. Et savoir écouter, c’est un talent. Car les gens parlent beaucoup, ils s’écoutent parler, mais écoutent rarement les autres. Ecouter, c’est prendre en compte la parole de l’autre, savoir la reformuler pour préciser qu’on a bien compris/entendu. Et après quoi, il faut faire quelque chose de cette information. En tenir compte pour les projets à venir par exemple. Si on écoute et qu’il n’y a pas de retombées derrière, le risque est que l’équipe se disent « à quoi bon faire des réunions pour échanger, on ne nous écoute pas ». Attention danger : démotivation en vue.

Faire participer l’équipe, c’est également les responsabiliser sur des tâches bien précises comme la proposition du planning mensuel, la gestion du stock de lait infantile, ou être pilote d’un projet interne à la structure. Cela nécessite de savoir déléguer en laissant une marge de manœuvre à l’équipe et surtout d’établir un lien de confiance. Connaitre et reconnaitre les personnes qui font partie de l’équipe, c’est la base du management bienveillant. Il ne s’agit pas de s’immiscer dans la vie des agents mais tout simplement d’être humain en s’intéressant à ce qu’ils sont. Ils ne sont pas que des mains qui portent, qui soignent et qui sèchent des larmes. Ils sont amateurs de lecture, de tricot, collectionneurs de timbre, ou parents divorcés.

Le management participatif, c’est valoriser son équipe avec humilité en l’intégrant pleinement aux progrès de la crèche. Tout le monde est gagnant quand tout le monde joue le jeu.

Pour aller plus loin, suivre notre formation en ligne : Manager son équipe en micro-crèche.
Article rédigé par : Anne-Cécile George
Publié le 12 mars 2018
Mis à jour le 12 mars 2018