Jeux libres. Par Arnaud Deroo

Auteur, consultant en éducation psycho-sociale, formateur-psychanalyste

Enfants qui jouent
Je fais le tri de documents et je tombe sur une revue professionnelle Petite Enfance. Un article attire mon attention. Il s'intitule : « jeux libres »
Je me prends à penser, vous savez comme je suis quelque peu coquin,  qu'il y a donc en crèche des jeux pas libres ou alors des jeux dirigés.
En centre de vacances, de loisirs, club de jeunes passe encore : un jeu de ballon demande parfois d'organiser, d’expliquer, de diriger. Mais en crèche !
Pourquoi cette notion de jeux libres et de jeux dirigés ?
Ce  sont des tout- petits, ils ne sont pas à l'école.
Vous me direz  peut-être que ce ne sont que des mots !
Oui, mais les mots font sens surtout auprès des parents. Quand sur le tableau blanc il est écrit 9h -9h30 : jeux libres,  pour les parents ce n'est pas du sérieux. Voilà pourquoi,  il y a ensuite cette fameuse question : « qu'est ce qu'il a fait aujourd'hui... ? » qui vous laisse parfois sans voix.
Je l'ai déjà entendu en unité de bébés. Il est vrai que pour Noël,  les enfants avaient fait des porte- clefs... Pas étonnant qu'ensuite les parents demandent : « qu'est ce qu'il a fait aujourd'hui ? »
L'enfant apprend par le jeu. Tout est jeu, tout est enthousiasme. L’enfant apprend en jouant librement dans un lieu que vous avez structuré, organisé, pensé et sous votre regard attentif, émerveillé
    « Les enfants ne font pas ce qu'ils veulent, ce qu'ils font ils l'ont réellement choisi... » a pu dire Claparéde.
Base de la motivation, du goût d'apprendre, de la persévérance, curiosité…des qualités que nous avons tous...
L'enfant découvre, apprend dans la joie, dans ses propres choix. Cela développe son autonomie, sa responsabilité, sa coopération.
    Laissez les enfants jouer librement, aménagez des espaces ou les enfants peuvent se balader librement, aller en salle de motricité ou autre et non quand vous l'avez décidé.
Sinon on arrive a des choses folles : l'éducatrice part installer la salle pour la peinture donc l'auxiliaire reste seule avec le groupe ; elle revient et lance « qui veut faire de la peinture ? La plupart des enfants arrivent. Elle ne  peut en prendre que 5 :  toi toi toi toi et toi. Toi, tu  feras demain. Demain ? C'est à dire ?
Des enfants sont mécontents et pleurent ; l'éducatrice part avec les 5 choisis, se dirige vers le dit « coin peinture ». L'idée remplir une feuille blanche de peinture rouge... on s'éclate quand même ! Fin d'activité. On part se laver les mains : attention, attention,  mains en l'air pour ne pas salir les murs. Retour dans la salle ; l'éducatrice repart ranger le coin peinture, l'auxiliaire se retrouve de nouveau seul avec le groupe.
Je vous assure quand on prend le temps de regarder tout cela, on se dit c'est fou !
Toute cette démarche de laisser faire les enfants librement est bien sûr un projet d'équipe, sinon …Voilà ce que  j'ai pu l'entendre en formation : « allez dire ça a la directrice, impossible pour nous de s'asseoir et de regarder, elle dit qu'on  ne fait rien »
ou des directrices dire : « et bien elles ne faisaient déjà pas grand chose, elles en feront encore moins !»
Toujours cette question du faire …
Attention laisser les enfants en jeux librement choisis ne veut pas dire ne rien faire. Votre regard est fondamental, il impulse la confiance.
Je comprends qu'une directrice panique si elle voit ses collaborateurs en train de discuter entre eux , ou  un professionnel avec  un regard perdu, ailleurs. Un professionnel doit être en observation, en émerveillement, en questionnement.

Pour aller plus loin, suivre notre formation en ligne Jeux libres et activités : quel équilibre avant 3 ans pour des enfants heureux ?
Article rédigé par : Arnaud Deroo
Publié le 29 août 2016
Mis à jour le 01 juillet 2019