Parlons respect. Par Arnaud Deroo

Consultant en éducation, thérapeute et psychanalyste, auteur

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Salut Manu
Oh pardon, il semblerait que c'est un manque de politesse, de respect pour la personne, la mission.


Cher Manu, nous pourrons reparler de respect quand les gouvernements respecteront vraiment les tout-petits de notre pays et les professionnels qui les accueillent.

Je quitte à l'instant un lieu qui s'appelle crèche municipale dans la région parisienne, vous savez un lieu où les enfants apprennent, quand tout est bien pensé, la responsabilité, le goût de l'effort, de la persévérance, une conscience citoyenne, des valeurs qui semblent vous intéresser d'ailleurs. Je tiens à saluer l'équipe qui a bien du courage.
Une crèche à étages, des salles trop petites pour accueillir le nombre des enfants, des salles polyvalentes ou les enfants jouent, mangent, dorment où l'équipe fait et refait des manœuvres dignes des ouvriers en travaux publiques (ranger, remettre, déplacer etc.) Où est le respect des enfants, de leur rythme et où est le respect de l'équipe qui s'use, se fatigue et se démotive. Dans cette crèche les postes « entretien et de lingerie » ont été supprimés, ces missions ont été données aux auxiliaires, animatrices... N’avaient-elles pas d'autres choses à faire ? Et depuis un an, il manque un poste....
Les économies ne sont pas à faire sur le dos des enfants, sur l'avenir. Les enfants ne nous doivent rien, nous sommes leurs obligés. Le respect s'apprend par modélisation, si vous voulez des jeunes qui vous respectent, respectons-les vraiment, offrons-leur des lieux dignes d'eux.

Mettre ce monde en marche ! Le transformer, cher Manu, c'est vraiment prêter une belle attention aux tout-petits de notre pays, et actuellement, les enfants sont considérés comme de la marchandise qu'on parque dans des lieux. Les tout petits ont le droit comme dit Mme Dolto « au plus grand égard » de notre part.
Les conditions d'accueil en structure ne s'améliorent pas, les salaires des professionnels relèvent de l'indécence, les professionnels petite enfance vont mal, donc les enfants vont mal et on a l'impression que tout le monde s'en fout !
Comme les professionnels petite enfance sont des êtres bien gentils, ils subissent ne disent rien ou si peu...
Je vous assure, si un jour, ils, elles leur prenaient l'envie de manifester leur colère, les conséquences seraient plus complexes que la grève des cheminots….


Offrez aux petits français de vrais et beaux lieux d'accueil avec des espaces extérieurs.
Revoyez les normes d'encadrement un adulte pour 5 bébés ce n'est pas possible.
Offrez aux accueillants des temps de réflexion, de formations et des heures comptées dans leur 35H et non pas des heures à rajouter avec lesquelles il est difficile ensuite de se réorganiser, de récupérer puisque le personnel est limité juste ce qu'il faut …
Exigez des temps d’analyse de pratique .
Et SVP, Monsieur le Président portez un regard bien-traitant sur les conditions salariales des professionnels : certains personnels peuvent gagner moins qu'une dame d'entretien, nos jeunes enfants auraient-ils moins de valeur que la poussière ?
S'occuper des jeunes enfants est un vrai métier, le temps est révolu où les religieuses s'occupaient des enfants, s'élever à la hauteur des sentiments de l'enfant est un métier d'équilibriste.
 
Si vous vous pouviez vous penchez quelques minutes sur cette chronique. Je vous avais déjà écrit une chronique et même je vous l’avais envoyée…et je n'ai pas encore reçu de réponse.
Monsieur le Président, recevez, l'expression de mon profond respect.


 
Article rédigé par : Arnaud Deroo
Publié le 28 juin 2018
Mis à jour le 28 juin 2018