Histoires de cours. Par Bernadette Moussy

EJE, formatrice (enseignement des courants pédagogiques)

Salle de cours
L’exactitude ou la présence ?
Il est 9 heures 25.
Il n’y a personne ! le cours est à 9 heures 30. J’ai pour habitude d’être exacte et j’ai du mal à supporter le retard : le mien, celui des autres. Je rêve d’un jour où les étudiants seraient déja là lorsque j’arrive…
9 heures 35 deux étudiantes franchissent le seuil de la classe, me regardent avec curiosité me saluent et continuent à bavarder. Pourquoi me regardent-elles ainsi, c’est bien aujourd’hui et ici que mon cours a lieu !? N’ont-elles pas l’habitude de voir les enseignants arriver à l’heure ?
9 heures 45 la moitié des étudiant est là. Ils sont rentés dans la salle avec nonchalance. M’ont-ils vue ? pourquoi ne sont-ils pas à l’heure ? J’attends ostensiblement qu’ils se taisent! je les regarde, je regarde ma montre. Le reste arrive peu à peu, s’installe bruyamment, raconte les derniers potins de l’institution, échange des documents, des photos…
Mon cours porte sur la pédagogie et s’adresse à de futurs éducateurs. Comment réagir ? Certains profs tapent sur la table avec leur crayon pour attirer l’attention; pour moi le bruit ne chasse pas forcément le bruit, c’est inesthétique : je préfère attendre, mais je trouve qu’ils exagèrent !
Voilà que mon impatience se transforme en observation : que font-ils ? Que se disent-ils :- Il sortent leur cahier et leur stylo, -s’installent le moins mal possible sur ces chaises inconfortables, - racontent ce qu’ils viennent de vivre dans les transports ou même avant.. (Ils continuent peut-être la conversation interrompue hier ? anticipent la journée qui commence ?) Que faisais-je à leur place, à leur âge ? Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ! Que se passe-t-il en fait avant mon cours? Les étudiants ont-ils besoin de reprendre contact les uns avec les autres, de se sentir bien entre eux ? Ont-ils besoin de trouver leur place à côté d’un ami, ou dans la salle ? S’ils avaient besoin de bien s’installer, d’avoir un certain confort aussi bien physique que mental, avant d’écouter ou de participer ?Cette reprise de contact entre eux est une mise en condition. C’est un « sas » pour éliminer certaines tensions et avoir une meilleure présence.  Donc ce moment intermédiaire je l’accepte. Je vais peu à peu le considérer comme une nécessité à leur implication pendant mon cours! Une étudiante me voit, fait signe aux autres de se taire...c’est le silence !
Je leur dit bonjour et je me présente.


 
Article rédigé par : Bernadette Moussy
Publié le 16 juin 2017
Mis à jour le 16 juin 2017