La force des petits détails. Par Bernadette Moussy

EJE, formatrice (enseignement des courants pédagogiques)

vase avec fleurs des champs

Dernièrement, alors que j’allais faire un cours à un groupe d’étudiants EJE, je leur ai demandé s’ils se souvenaient dans quelle salle de cours nous nous étions vus la fois précédente. A la souvenance des différentes caractéristiques du lieu de notre première rencontre, peu à peu les visages des étudiants se sont éclairés et sont revenus à leur mémoire : le sujet que nous avions abordé, les réflexions des uns et des autres identifiées à leur auteur, la construction commune que nous avions élaborée et l’ambiance d’écoute qui avait permis l’échange. Je pouvais commencer mon second cours, une expérience commune nous animait. Chacun d’entre nous se réappropriait des détails de notre dernière rencontre provoquant ainsi les souvenirs dans leur dimension intellectuelle, affective, émotionnelle… Nous avons échangé alors sur l’importance du décor dans lequel se déroule un évènement puisque nous en mémorisons les détails. Le cours qui suivait étant la place de la beauté en éducation, c’était le moment de se souvenir de l’impact de la qualité de l’environnement de l’enfant.

Pour illustrer, pénétrons dans une crèche où l’on est accueilli dans l’entrée avec un vase de fleurs. C’est un détail ! La directrice nous raconte que régulièrement les fleurs sont amenées par les parents ou le personnel. Cette habitude est venue un jour, où de retour d’une promenade avec les enfants, ces derniers ont voulu rapporter un peu de nature dans leur crèche. Plus tard une maman voit le vase vide et apporte des fleurs. Cet objet banal et beau, qui donne une allure de comme « à ma maison » est une touche personnelle car chacun par le regard qui lui porte, se souvient plus ou moins consciemment d’autres circonstances de bouquet de fleurs offertes ou reçues. On se souvient des heureux évènements qui se sont passés autour de lui à la crèche et des initiatives des uns et des autres: « Ce sont les fleurs de madame »… », « C’est ta maman qui a apporté les fleurs aujourd’hui ». Ce sont des petites phrases heureuses qui de façon discrète imprègnent l’ambiance de la crèche. Ce détail est là dans sa permanence et sa continuité : un heureux rendez-vous.

C’est comme les bonnes odeurs à l’heure du repas, les rayons du soleil tous les jours à la même heure éclairant un coin de la salle de jeu, le visage de l’enfant qui retrouve son père qui vient le chercher. Tous ces petits évènements qui marquent la mémoire et provoquent d’autres images. Sont-ils si loin que cela des grandes théories éducatives ? On n’en parle pas beaucoup, mais ils sont là, porteurs de la construction personnelle de chacun, petits et grands.

Suivant les auteurs, Dieu ou le diable sont dans les détails. Emmi Pikler a parlé de la « science des petits détails » dans l’approche de la petite enfance en pouponnière. Maria Montessori nous a décrit l’importance de l’ambiance où chaque détail compte et Ovide Decroly ne nous a-t-il pas dit que ce sont des détails que l’enfant se souvient en premier ?

Article rédigé par : Bernadette Moussy
Publié le 16 mai 2018
Mis à jour le 16 mai 2018