Vous avez dit jalousie ? Par Claire Boutillier

Assistante maternelle, psychologue

petite fille avec un bébé
En tant qu’assistant maternel, nous devons gérer dans le même « espace-temps » la présence de nos enfants et celle de ceux que nous accueillons.
Après une journée d’école, nos enfants peuvent être irrités devant notre indisponibilité à leur égard ; ils veulent nous parler, mais nous devons aller changer le bébé… Ils veulent jouer prés de nous, mais les plus petits tentent de prendre les jouets qu’ils utilisent...  S’en suivent les pleurs, les cris ou les disputes... Les arrivées successives des parents suscitant alors des tourbillons d’émotions chez les uns ou les autres. Ce qu’on qualifie parfois de jalousie, de caprice, voire de mauvaise éducation … n’est peut-être rien de tout cela.
Il arrive que nous ne pensions pas nos propres enfants comme faisant partie du groupe, en particulier quand ils sont scolarisés. Face à l’envie légitime d’être « de bonnes professionnelles » ; face à la crainte que l’on pense que nous privilégions nos enfants, nous développons parfois l’idée suivante : « quand je travaille, les enfants accueillis sont prioritaires et les miens attendront que je sois disponible ». Dans cet état d’esprit, la mise à l’écart de nos enfants ne peut que rendre la situation difficile. En formation, j’exposais une difficulté entre mon fils et un des enfants accueillis. On me répondait « votre fils est jaloux de votre attachement à ce garçon, signifiez lui que lorsque vous travaillez, vous n’avez pas la casquette « maman » ». Si mon fils était jaloux, ce n’était pas de cet autre dont je m’occupais mais des différences que je faisais entre lui à qui je demandais tant et les autres enfants, plus jeunes, pour lesquels j’avais plus d’indulgence.  
Au fil de mes erreurs, réajustements et des discussions entre collègues, je pense que nous pouvons améliorer la situation en accueillant pleinement chaque enfant à son arrivée ; y compris nos enfants rentrant de l’école. Il est nécessaire de répondre, sans chercher à les différer, aux besoins d’attention et d’affection de chacun. Nous le faisons naturellement quand il s’agit des enfants accueillis, mais le faisons nous toujours lorsqu’il s’agit de nos enfants ?
Une grande partie de notre travail consiste à soutenir l’établissement de relations positives entre les enfants pour qu’ils aient du plaisir à être ensemble. Pour cela, il est nécessaire que les temps passés en commun apportent davantage de satisfaction que de frustration : allez voir des spectacles, faites des visites culturelles ensemble, organisez des activités qui plaisent à tous (la peinture, la pâte à modeler), allez sur une aire de jeu... L’idée est de créer des expériences communes agréables. Enfin, au moment des restitutions avec les parents, nos enfants ont parfois du mal à rester au « second plan », tandis que nous développons la journée d’un de leur camarade. Ils ont envie de montrer ce qu’ils ont vécu pendant la journée, ou ce qu’ils sont capables de faire. Si c’est le cas, pourquoi ne pas leur confier une tâche ? Comme aider à réunir les affaires dont l’enfant sur le départ a besoin ? Ou leur proposer de raconter un événement qu’ils ont vécu dans la journée ?
Lorsque je travaille, les règles de la maison sont les mêmes pour tous dans l’espace commun, mais je ne change pas « de casquette ». Je suis la mère des uns et l’assistante maternelle des autres. C’est dans cette « égalité de traitement » que chacun trouve sa place et peut être soutenu par l’appartenance au groupe.


 
Article rédigé par : Claire Boutillier
Publié le 06 avril 2016
Mis à jour le 14 juillet 2017