La crèche part à vau-l’eau, les assmats rament ...Par Françoise Näser

Assistante maternelle, auteure

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bébé et adulte
J’entendais récemment à la radio un éminent économiste déclarer : « Aujourd’hui, les problèmes des Français, c’est quoi ? C’est : est-ce qu’ils vont avoir une place en crèche ? Parce qu’on manque de puéricultrices […] » (1) Ces jours-ci, tous les médias nationaux semblent découvrir les problèmes de garde d’enfants sur notre territoire, chacun y allant de son analyse et de son interprétation. Des analyses souvent à l’emporte-pièce, mélangeant tous les métiers de la Petite Enfance, attribuant aux uns ou aux autres des rôles qu’ils n’ont pas. Puéricultrices, assistantes maternelles, auxiliaires de puériculture : est-ce bien nécessaire d’utiliser le bon qualificatif ? Qui s’en soucie vraiment ?
La crèche ! Le grand débat du moment, surfant sur une vague émotionnelle bien compréhensible. Les parents qui depuis des années sont confrontés à ces problèmes de manque de places d’accueil, qui désespèrent, qui doivent trouver des solutions alternatives allant jusqu’à parfois renoncer à reprendre leur métier après l’arrivée de bébé, découvrent peut-être avec surprise qu’il existe non seulement un manque de places d’accueil mais aussi une pénurie de personnels. Les problèmes de recrutement, liés aux bas salaires, à l’intense fatigue physique et psychologique, au manque de reconnaissance ont été aggravés par la crise du Covid, les protocoles épuisants voire insensés. C’est tout un secteur qui est en crise.

Partant de ce constat alarmant et alarmiste, on aurait pu imaginer qu'à un moment donné, il soit question de l'accueil individuel, puisque nous accueillons tout de même plus d'enfants que les structures (2) mais non ! On ne parle guère de l'accueil individuel, ni de ses nombreux avantages, ni de ses misères assez semblables à celles que rencontrent nos collègues de crèches. L’épuisement, le manque de reconnaissance, les horaires à rallonge … Les nounous ! Gardes à domicile, auxiliaires parentale, assistantes maternelles, là encore on mélange tout. Les assmats, elles n’ont pas les faveurs des parents (ah bon ?), elles coûtent cher (à vos calculettes !), elles sont peu diplômées (mais souvent passionnées !). Attention tout de même aux a priori et aux préjugés !

Puisque depuis quelques jours, la garde des tout-petits semble être devenue grande cause nationale, l’accueil individuel aurait pu, aurait dû bénéficier lui aussi de l’intérêt des médias généralistes. Car notre profession est également en perte de vitesse. Vieillissante, elle peine à recruter : on nous promet des campagnes de sensibilisation pour attirer de nouvelles vocations. Allons-y avant qu’il ne soit trop tard ! Mais plus que les problèmes bien réels de notre profession, c’est l’excellente qualité d’accueil proposée par nombre d’entre nous que nous aurions aimé voir mise en avant. Des professionnelles souvent investies, de mieux en mieux formées, qui aiment leur travail et voudraient que cela se sache.

(1) Thomas Porcher, économiste, débat écho, sur France Inter
(2) source 2013 de la DREES, dans le rapport du HCFEA "l'accueil des enfants de moins de trois ans du 10 avril 2018" = uniquement les parents 32%, les assmats 19%, les EAJE 13%



 
Article rédigé par : Françoise Näser
Publié le 04 juillet 2022
Mis à jour le 04 juillet 2022