L'accueil du jeune enfant au cœur du conflit parental. Par Géraldine Chapurlat

Juriste

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Parents embrassant leur enfant
La maman de Zoé est arrivée ce matin en demandant de ne plus remettre l’enfant à son papa si celui se présentait… Combien de professionnelles se sont retrouvées face à de telles demandes ?
On peut espérer révolu le temps où les professionnelles par empathie avec la situation vécue par la maman, se pliaient à sa demande sans se questionner sur le droit du papa. La réponse qui est habituellement donnée à la maman est que dans l’attente de la décision du juge, l’enfant sera remis normalement à son papa. Quand bien même tous les professionnels de la petite enfance connaissent le concept de coparentalité, face à une maman déstabilisée par une rupture conjugale, peu osent mettre en avant l’importance pour un enfant d’être en relation avec ses deux parents, et c’est à mon sens dommageable.

Le professionnel le sait pertinemment, la réponse qui consiste à renvoyer à une décision de justice n’est pas conforme à la réalité : rappelons que le juge ne décidera de retirer l’autorité parentale à l’un des parents lorsque celui-ci aura manqué gravement à ses obligations de parents et cela ne concerne fort heureusement qu’un nombre très restreint de situations.

La décision judicaire à laquelle on renvoie la maman est donc plus qu’hypothétique : le juge appréciera la situation en dissociant complètement le couple conjugal du couple parental. Le droit considère que le couple parental fonctionne sur le principe de l’exercice conjoint de l’autorité parentale. Cet exercice conjoint est affirmé tant pour l’attribution de l’autorité parentale où l’on n’exige plus que les parents vivent ensemble au moment de la reconnaissance de l’enfant que pour son organisation à l’occasion d’une séparation. Cela veut donc dire que dans la plupart des situations, suite à une rupture du couple conjugal, le juge aux affaires familiales conservera le principe de l’autorité parentale conjointe. C'est-à-dire que le papa conservera bien évidemment le droit de venir chercher son enfant et qu’il ne sera, comme co-titulaire de l’autorité parentale, en aucune manière privé de la possibilité de venir chercher son enfant.

La réalité, somme toute banale pour bon nombre de parents séparés, est que toute leur vie durant ils vont devoir apprendre à composer avec l’autre parent, pour son éducation d’abord, mais au moment de toutes les étapes de la vie de cet enfant devenu grand…
En renvoyant la maman à une décision judicaire, on néglige d’engager un échange avec la  famille autour de l’intérêt de l’enfant. Nous allons bientôt fêter les 30 ans de la convention des droits de l’enfant, ce texte qui a inspiré une série de réformes importantes en droit de la famille a fait évoluer notablement la place de l’enfant au sein de sa famille. Au centre de ce dispositif le texte prévoyait le droit de l’enfant à être élevé par ses deux parents. Ce droit fondamental devrait représenter un élément de référence pour les professionnels de la petite enfance.

Concrètement cela consiste donc à prendre en compte dans la relation avec la famille les deux parents parce que l’on considère qu’il va de l’intérêt de l’enfant d’être en relation avec ses deux parents.
Le professionnel ne peut laisser entendre à l’un des parents qu’un magistrat suivrait ses demandes de stopper les relations de l’enfant avec l’autre parent au simple motif qu’il se sépare de son compagnon. Le professionnel de la petite enfance doit bien évidement se dégager du conflit parental tout en s’engageant pour le bien être de l’enfant.

Face à la demande abusive du parent, la réponse du professionnel de la petite enfance ne doit pas à mon sens se situer sur le terrain judiciaire, dont il n’est pas le spécialiste… Il parait en revanche tout indiqué pour reprendre avec la maman l’importance pour un enfant d’entretenir des liens avec ses deux parents. Mais sur ce terrain, je ne suis pas spécialiste..

 
Article rédigé par : Géraldine Chapurlat
Publié le 12 février 2018
Mis à jour le 12 février 2018