Plaidoyer pour les artisans de la formation professionnelle continue . Par Géraldine Chapurlat
Juriste
La réforme de la formation professionnelle semble en effet faire peu cas de la formation professionnelle continue. Elle propose de prendre acte de la transformation du monde du travail et de la nécessité d’adapter la formation à ses enjeux, soit... Mais ne déshabille-t-on pas Pierre pour habiller Paul ? Déjà depuis quelques années, les sommes allouées à la formation professionnelle continue ont été amputées au profit du financement de la formation des chômeurs…Ces réformes ont déjà eu des impacts dans nos pratiques auprès des acteurs de la petite enfance : depuis quelques années, en tant qu’organisme de formation, nous formons des groupes plus importants moins souvent, moins longtemps...
L’objectif de rendre la formation professionnelle accessible à chaque actif, et lui donner ainsi la liberté d’évoluer professionnellement est louable. Au centre de ce dispositif, le Compte Personnel de Formation (CPF) est présenté comme un outil permettant à chaque actif de disposer de 500 euros par an pour financer la formation « de son choix », mais le choix est limité en réalité.
En effet, les modalités d’utilisation du CPF restreignent considérablement son champ d’intervention puisqu’il ne finance que des formations diplomantes. Le dispositif conviendra donc à une auxiliaire de puériculture qui envisage de passer le diplôme d’EJE ou à un professionnel qui envisage une reconversion professionnelle.
Mais le CPF n’est pas destiné à un professionnel qui souhaite réactualiser ses connaissances, les approfondir, faire évoluer son positionnement professionnel.
En tant que responsable pédagogique d’un petit organisme de formation nous ne pouvons arriver à faire reconnaître ce type de formation comme diplomantes et donc éligibles au CPF. Les très gros opérateurs de la formation semblent y arriver, proposant des formations « catalogue » qui n’offrent pas à mon sens une approche très qualitative. La réforme qui vise clairement à supprimer des organismes de formation jugés trop nombreux pourra elle laisser de la place aux artisans de la formation, au sens noble du terme ? A ceux qui n’ont pas forcément beaucoup de produits à vendre, à ceux qui privilégient le décryptage de la demande, l’échange avec le client, le suivi et la qualité de la formation?
Je reste inquiète, vous l’avez compris, pour l’avenir des artisans de la formation dont je fais partie, nos formations ne sont pas diplomantes, elles n’en constituent pas moins un levier important pour l’évolution de vos pratiques dans le sens de l’amélioration de la qualité de l’accueil. J’espère pouvoir continuer à contribuer à l’intelligence collective de la petite enfance à laquelle je suis particulièrement sensible, j’espère pouvoir poursuivre ce travail sans forcément vous promettre un diplôme…
Connectez-vous pour déposer un commentaire.