COVID, école maternelle et analyse de pratique. Par Julie Marty-Pichon

EJE, professeur des écoles

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enfants à la maternelle
Depuis la reprise des vacances de fin d'année, j'ai eu le Covid et mes élèves sont tour à tour cas contacts ou positifs donc isolés. Je vous passe le bazar des autotests à faire à j0, j+2, j+4, les attestations, le protocole qui a changé 3 fois en 15 jours !

Les parents sont fatigués et stressés. L'enseignante que je suis est blasée de ne pas pouvoir mener à bien tous les projets prévus car depuis la reprise, je n'ai jamais eu encore la classe au complet. Les enfants montrent des signes plus nombreux d'irritabilité, de demande de marque d'affection (câlins) et ressentent évidemment la fatigue de leurs parents et de leur enseignante.
Alors nous nous adaptons, mon Atsem et moi, nous prenons encore plus de temps pour rassurer, accueillir toutes ces émotions et faire en sorte que les journées soient les plus agréables possibles pour les enfants et nous.

J'étais donc en grève ce jeudi 27 janvier parce que cette situation n'est pas acceptable, nos conditions de travail et les conditions d'accueil des enfants ne sont pas tolérables.
Si la situation de l'école est extrêmement visible, 800 000 fonctionnaires forcément ça fait du monde, je n'oublie pas mes collègues de la toute petite enfance qu'elles soient en accueil collectif ou individuel. Tous les professionnels qui accompagnent des enfants et des personnes vulnérables sont épuisés. Et pourtant, la plupart de ces professionnels et particulièrement ceux de la petite enfance sont invisibles de la sphère médiatique. Ah ça on parle de l'école ou plutôt des enseignants mais pas du périscolaire, pas des assistantes maternelles, pas des crèches.

Deux ans qu'on porte à bout de bras la "société" pour que l'économie ne s'effondre pas. Deux ans qu'on prend soin des autres dans des conditions dégradées.
Pour autant, qui prend soin de nous pendant cette période, qui prendra soin de nous dans les prochains mois ? Au sein de l'Éducation nationale, il n'existe pas d'analyse de la pratique professionnelle alors que ce serait nécessaire. Je rêverais de quelques heures pour échanger avec un tiers avec mes collègues, poser les choses, laisser exprimer mon désarroi devant certaines situations mais je sais que ça n'arrivera pas.
La réforme des modes d'accueil a vu une avancée parmi le marasme de tout le reste.

Chers collègues de la petite enfance, vous avez droit à 6h d'analyse de la pratique par an dorénavant. Pour les assistantes maternelles ce n'est pas obligatoire mais c'est possible. Saisissez-vous de cette opportunité pour les demander à votre employeur, c'est un droit et en ces temps difficiles, encore plus difficiles que d'habitude, vous en avez besoin. Alors faites valoir votre droit !

 
Article rédigé par : Julie Marty-Pichon
Publié le 30 janvier 2022
Mis à jour le 10 juin 2023