Le Mouvement. Par Julie Marty-Pichon

EJE, professeur des écoles

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petite écolière
Je suis professeure des écoles stagiaire depuis huit mois maintenant. Je pensais qu’après les vacances de printemps, je serai enfin tranquille avec tout le travail demandé par l’INSPÉ, pouvant ainsi me consacrer pleinement à ma classe.
Que nenni, le Président de la république en a décidé autrement. Reconfinement, continuité pédagogique, vacances avancées et même si on a une date de reprise, nous ne sommes pas certains que cette date ne soit pas repoussée.
Par ailleurs, le mois d’avril est un mois très particulier dans l’éducation nationale, c’est le mois du « mouvement » ou « jeu des chaises musicales » ou « mercato » si vous préférez !

C’est en effet le moment où tous les professeurs stagiaires doivent formuler des vœux sur une plateforme informatique pour se voir attribuer un poste définitif ou provisoire.
Nous voilà donc au pic de stress de l’année. En effet, le « mouvement » est une affaire de points. Ces points sont attribués en fonction de l’ancienneté (pour nous : 0,33 pts), de la situation familiale (enfants à charge) et de la situation personnelle (handicap, garde alternée, etc.). A moins d’avoir  une situation personnelle particulière, autant vous dire que nous passons en dernier pour les postes définitifs. Cela veut donc dire que nous sommes presque tous certains d’avoir des postes dits « fractionnés », c’est-à-dire le lundi en CM2, le mardi en CE1, le jeudi et vendredi en maternelle par exemple et dans des écoles différentes. On peut aussi devenir titulaires remplaçants (congé maternité, parental, maladie, disponibilité, etc.)

Vous me direz, les premières années, cela peut être intéressant d’enseigner dans plusieurs classes et plusieurs niveaux comme quand un jeune professionnel de la petite enfance commence à faire des remplacements. Sauf que cela demande une telle préparation en dehors des heures de classe, que nous savons d’emblée que l’année prochaine sera aussi éreintante que la précédente. Quand on sait qu’à l’heure actuelle, plus de 30% des lauréats des concours de l’enseignement sont des personnes qui ont fait une reconversion professionnelle et donc entre dans le métier à un âge « avancé », la période du mouvement est un vrai casse-tête. D’autant qu’on ne connaît les résultats que début juin, on a le temps de se faire du mouron.

Alors que faudrait-il faire ? Peut-être qu’un des problèmes de notre système, c’est que les enseignants qui demandent telle ou telle classe ou école ne passent pas d’entretien « d’embauche ». Il serait peut-être plus intéressant que des professeurs arrivent sur les postes parce qu’ils correspondent au profil, à la couleur pédagogique de l’école et non juste parce qu’ils ont 20 ans d’ancienneté. Je me questionne encore sur la pertinence d’envoyer des jeunes profs du 2nd degré dans des REP plutôt que d’y avoir des professeurs expérimentés !

Il s’agirait là d’un changement radical de paradigme mais  je crois que nous n’en sommes pas encore là !
 
Article rédigé par : Julie Marty Pichon
Publié le 12 avril 2021
Mis à jour le 12 avril 2021