Viser la qualité de la formation des accompagnants éducatifs petite enfance. Par Laurence Rameau

Puéricultrice, formatrice, auteure

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professionnelle de la petite enfance joue avec bébé
La formation des professionnels de la petite enfance évolue. Depuis l’année dernière le CAP petite enfance s’est transformé en un vrai métier : celui d’Accompagnant Educatif Petite Enfance. Un nom représentant la réalité de la mission qui leur est confiée puisqu’il s’agit d’accompagner et d’éduquer les jeunes enfants. Ce métier s’inscrit alors dans le mouvement amorcé dans les crèches depuis maintenant une vingtaine d’années, conduisant à une plus grande orientation éducative.

Mais comment ces professionnels sont-ils réellement formés et comment sont-ils acceptés dans les crèches ? Car former des professionnels spécialisés dans l’accompagnement éducatif des jeunes enfants est une bonne idée qui demande à être concrétisée dans les faits, à savoir : employer des professionnels compétents dans les lieux d’accueil des jeunes enfants.

Si l’on s’appuie sur le référentiel existant on constate une réelle évolution du métier. En effet les différents blocs de formation s’articulent entre l’accompagnement du développement de l’enfant commun à l’ensemble des secteurs d’activité et les spécificités de l’exercice du métier, d’une part dans l’accueil collectif comme la crèche et l’école maternelle, et d’autre part dans l’accueil individuel comme le domicile ou la profession d’assistante maternelle.  Ce métier est donc la base de l’ensemble des métiers de la filière petite enfance et surtout, chose importante, il est le seul à être prévu pour l’ensemble des secteurs d’activité de la petite enfance. En effet, nous ne trouvons ni puéricultrice, ni auxiliaire de puériculture dans les écoles, et, à l’inverse, pas de professeur des écoles dans les établissements d’accueil du jeune enfant, alors que les accompagnants éducatifs sont partout, y compris au domicile des familles, et aussi à leur propre domicile s’ils demandent un agrément d’assistant maternel à l’issue de leur formation.

Ce « nouveau » métier est donc fort précieux car il sert de lien entre les différents environnements de vie du jeune enfant et les différentes périodes habituellement scindées : le 0/3ans et le 3/6 ans. Il permet aussi de valider le fait  que les professionnels de la petite enfance font un travail identique quel que soit leur lieu d’exercice. Accompagner un jeune enfant dans ses différents apprentissages, prendre soin de lui, organiser son bien-être et participer à son éducation représentent les fonctions et les compétences de base du métier.  Nous devrions donc nous réjouir de cette réforme d’un des métiers de la filière petite enfance, créant un premier niveau de formation parfaitement adapté et spécifique.
Pourtant trois écueils sont visibles sur le terrain 

Le premier concerne la non mise à jour des connaissances des formateurs vers cette orientation principale. Ces derniers cherchent plutôt à faire entrer leurs cours créés avant la réforme dans les cases du nouveau CAP. De ce fait, les étudiants sont submergés d’informations éloignées de leur métier et dont ils ne peuvent pas tirer de nouvelles compétences. Un gros travail de refonte des contenus des cours doit être opéré par les formateurs pour sortir d’une programmation à la fois trop lourde en savoirs inutiles et trop indigente en connaissances nécessaires.
Le second écueil concerne la pédagogie de la formation, qui, lorsqu’elle n’est pas adaptée, ne permet pas à des futurs professionnels de se projeter réellement dans un métier. Ainsi les étudiants apprennent bien plus à obtenir leur diplôme qu’à  savoir faire leur métier. Ils devraient pouvoir profiter et mettre à profit les pédagogies actives qui sont celles  qui, justement, sont en rapport avec les jeunes enfants. C’est-à-dire être acteur de leurs apprentissages, pouvoir expérimenter et comprendre. Les cours traditionnels sont le seul moyen connu de les ennuyer et donc de perdre l’intérêt de leur métier.

Enfin, le troisième écueil réside dans la moindre valorisation de ces métiers sur certains terrains comme celui des crèches. On y voit ces professionnels ou futurs professionnels relégués et maintenus à des tâches d’entretien des locaux et du linge ou d’organisation des repas, et non pas à leur vrai métier d’accompagnement éducatif des jeunes enfants, le niveau CAP étant le moins considéré hiérarchiquement. Or ces professionnels ne font pas un CAP de propreté et d’hygiène mais bien un d’accompagnant éducatif petite enfance ! On ne demande pas à un plombier de faire de l’électricité, ou de l’entretien de surface.

Nous devons reconnaitre que les accompagnants éducatifs nous offrent l’opportunité de réfléchir à une réelle filière des métiers de la petite enfance, en en occupant de fait la première marche. Ce qui signifie qu’ils sont ceux qui, à l’avenir, seront les plus nombreux auprès des jeunes enfants, au domicile des parents, en tant qu’assistante maternelle, et dans les établissements d’accueil du jeune enfant ou à l’école. De ce fait une formation de qualité doit leur permettre de se positionner au mieux et leur donner le goût de la petite enfance.

 
Article rédigé par : Laurence Rameau
Publié le 05 mars 2020
Mis à jour le 05 mars 2020