Anniversaire et mobilisation . Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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jeune enfant dans piscine à balles
En ce mois de février, et en cette veille de mouvement de grève, je vous fais une confidence. 2021 est une année d’anniversaire professionnel : Il y a 40 ans que je suis psychomotricienne !  40 ans que j’ai appris ce qui fait encore socle de mes pratiques.

Durant mes études, j’apprenais déjà l’importance des apprentissages actifs faits par l’enfant comme source d’apprentissage la plus profonde et pertinente. J’apprenais également la nécessité pour l’enfant d’avoir une base de sécurité disponible puis progressivement intériorisée, pouvoir s’éloigner et revenir, pour explorer, s’aventurer, aller vers le nouveau et ainsi grandir. J’ai appris les liens indissociables entre corps et psychisme, les notions d’immaturité et de plasticité cérébrale.

J’ai appris les mémoires émotionnelles, les traces neuronales et inconscientes. J’ai aussi appris la prééminence de la relation avant les techniques et outils. Cela reste mes racines et mes valeurs, partout où j’ai travaillé. Depuis, j’ai bien sûr observé, expérimenté, continué à apprendre et approfondir ces questions.

Alors oui, je me sens parfois dinosaure (enfin bébé dinosaure, quand je vois tant d’autres de nos ainés…encore si actifs, curieux, pertinents, engagés).  
Dinosaure, dans le sens de TEMOIN d’un morceau d’histoire et des réels progrès accomplis dans l’accueil des jeunes enfants et le respect de leurs besoins, mais témoin qui voit aussi certains retours en arrière.

PERPLEXE devant les oublis de cette histoire, des avancées et des combats menés par des pionniers, des cliniciens qui ont été si novateurs.
Parfois un peu AGACEE, je l’avoue, devant des approches et notions présentées comme nouvelles, devant des vocabulaires nouveaux sur des connaissances et pratiques déjà anciennes.
INQUIETE aussi face à la montée des protocoles à appliquer, des outils à reproduire, des méthodes auxquelles il faudrait obéir, sans pouvoir penser par soi-même.
HEUREUSE ET RASSUREE de voir tant de professionnels dynamiques, motivés et curieux, ayant envie de bien faire, de réfléchir, d’apprendre, de comprendre, malgré leurs conditions de travail et d’accueil des enfants et leurs familles.
TRISTE devant l’absence de prise en compte par les décideurs, des connaissances pourtant reconnues et validées. Pourtant ils devraient à minima savoir que l’argent investi dans la petite enfance est de l’argent économisé à long terme, que les enfants sont ce que la société a de plus précieux.

Je sais que vous êtes nombreux comme moi, ayant expérience et ressentis analogues, toujours mobilisés et engagés pour accompagner enfants, parents et collègues, quelles que soient vos formations et fonctions. Avoir ces années d’expérience, c’est avoir beaucoup observé, exploré, appris.
C’est pouvoir prendre du recul.
C’est continuer à observer les enfants et apprendre toujours plus d’eux et de leurs familles.
C’est aussi choisir de garder curiosité et souplesse d’esprit, ouverture et capacité d’émerveillement, plaisir à apprendre, à innover, à créer.  
C’est pouvoir soutenir les inventivités, les tâtonnements, les expérimentations.
C’est pouvoir témoigner des possibles même s’ils sont trop souvent trop lents, témoigner que les progrès se gagnent grâce à des petits pas et aux efforts de chacun.

Nous allons avoir encore tant besoin ces prochains mois, de rassembler nos forces, que ce soit dans le monde de la petite enfance, de la santé, de l’école, de l’humain au sens large et de nous mobiliser !

 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 29 janvier 2021
Mis à jour le 29 janvier 2021