Curiosité, surprise et émerveillement. Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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petit garçon curieux
La curiosité a parfois été associée à « un vilain défaut ». Il est vrai que la curiosité insatiable des enfants peut être ressentie comme dérangeante, par exemple lorsqu’elle les amène à ouvrir les portes, les sacs, les  placards, ou à poser de plus en plus de questions lorsqu’ils grandissent.
Pourtant cette curiosité est si précieuse, si essentielle ! Elle est le moteur des explorations faites par les enfants. Elle est la base de leurs acquisitions et progrès, de leur développement. Elle est une énergie pour grandir, essayer, réessayer, persévérer. Elle permet la conquête par l’enfant de nouvelles positions, de nouveaux modes de déplacement, de nouvelles façons de jouer, de penser.
C’est la curiosité, sous-tendue par la maturation et les progrès psychomoteurs, qui permet à l’enfant d’élargir progressivement son espace d’intérêt et d’exploration : depuis son espace proche, dans les bras de sa maman, de ses parents, à des espaces plus lointains, en passant par l’ensemble  des activités ludiques et des apprentissages  scolaires.
La curiosité est aussi le moteur des progrès de l’humanité, de ses grandes découvertes, de la conquête de territoires nouveaux et de l’Espace.
A tout âge, faire preuve de curiosité, c’est vouloir connaitre, comprendre, apprendre, c’est penser par soi-même, c’est inventer, c’est faire autrement, c’est innover, c’est créer.

C’est dès la naissance que les enfants manifestent à la fois leur grand besoin de connu et leur curiosité, leur intérêt pour la nouveauté. Les enfants ont en premier lieu besoin de trouver et retrouver du connu et de la stabilité. Ils ont besoin de cette stabilité pour être rassurés, pour comprendre le monde qui les entoure, pour anticiper. Ils ont besoin de cette sécurité donnée par un environnement qui leur apporte continuité, repères et cohérence. Ils vont par exemple, s’apaiser grâce à l’odeur de leur maman, être réconfortés par la voix déjà connue de leur papa.
En même temps, il suffit d’observer les bébés pour voir leur attention, leur concentration dans leurs explorations. Dès les premières semaines, ils manifestent leur intérêt pour des images nouvelles qui leur sont montrées. Puis ils regardent les  objets de tous les côtés, les goûtent avec la bouche, les manipulent, les secouent.

Cette curiosité, si essentielle, est nécessaire à soutenir, à accompagner, à autoriser :  les laisser explorer leurs mains et leur bouche, les laisser découvrir les jouets avec la bouche, les laisser toucher leurs pieds (nus), leur permettre de bouger par eux-mêmes. Autoriser cette curiosité, c’est aussi les laisser explorer les objets à leur manière, même si leurs façons de faire est différente de la fonction première de cet objet, ou de ce qui avait été prévu par le fabriquant. La bassine sert de chapeau, le lego de repas dans la dînette, la chaise peut être retournée pour grimper…. L’inventivité ne devrait pas être limitée.

Nourrir cette curiosité, c’est aussi soi-même inventer, s’autoriser à être créatif, proposer des situations de jeux nouvelles, et pourquoi pas des surprises !
Chacun, peut-être, se rappelle des surprises de son enfance : celles achetées en boulangerie peut être, celles des calendriers d’avant Noël, celles associées à du chocolat, celles aussi des cadeaux bien emballés que l’on découvre. Mais qu’y a-t-il donc dedans ?
Pour d’autres, cela peut être un spectacle de magie, qui apporte parfois un peu d’agacement de ne pas comprendre, mais surtout le plaisir des yeux, le plaisir de la surprise. Peut-être y retrouve-t-on alors le plaisir du « coucou caché », de la « disparition, réapparition », de l’étonnement et de la surprise.   

Les enfants aussi, lorsqu’ils sont suffisamment sécurisés, raffolent des surprises. Cela peut être une décoration nouvelle, une lumière qui bouge sur un mur, une présentation originale d’un repas, des installations ludiques renouvelées, le sac d’objets insolites que l’on a droit de toucher (toujours en présence de l’adulte bien entendu). Cela peut être le plaisir de chercher et trouver un objet caché dans du sable ou des coussins.
Une surprise est source de joie, de plaisir, d’émerveillement si bien entendu, elle respecte l’enfant, si celui-ci peut être actif, s’il peut s’éloigner et se rapprocher, si l’adulte lui est disponible.

Soutenir, accompagner, autoriser, encourager ainsi la curiosité, c’est très sérieux et indispensable au développement de l’enfant. Se laisser soi-même être surpris, par les jeux et capacités des enfants, par leur inventivité, c’est aussi important.  Montrer son attention aux enfants en leur faisant des surprises, bonnes, douces et agréables bien sûr, nourrir et partager la joie, le rire, l’émerveillement, c’est aussi sérieux et essentiel !
 
Publié le 02 décembre 2018
Mis à jour le 02 décembre 2018