Des enfants calmes : qu’en penser ? Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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enfant lit calmement
Que de changements dans la vie des enfants et dans leurs environnements : confinement, déconfinement, nouvelles façons de faire… Ils vivent ces changements, ils entendent des paroles, qu’elles leur soient adressées directement ou non, ils voient des gestes et « des visages » différents. Et ils ne comprennent sans doute pas tout.... Et ils nous observent. Ils captent ces nouvelles façons de faire. Ils perçoivent les inquiétudes, angoisses et tensions des adultes et ils vivent ces mouvements émotionnels dans et par leur corps.

Dans l’ensemble, ils nous surprennent par leur calme et par leurs capacités d’adaptation. Mais qu’y-a-t-il derrière ce calme ?   Sans doute, une partie des enfants vont bien et tant mieux. Autant d’enfants, autant de situations et de variations individuelles !  
 Pour d’autres, ce calme est peut-être un calme simplement de surface.  Qu’est-ce qui gronde alors sous cette surface ? Quels sont les mouvements contenus et retenus ?
Certains enfants sont sans doute encore sidérés, en suspens, ou figés, comme peuvent l’être les adultes. Les émotions restent alors bloquées, intériorisées, impossibles à sortir et à évacuer.  Le calme est parfois du trop sérieux, de l’incompréhension, de l’attente.

Ainsi un enfant calme, n’est pas toujours un enfant OK.  Il ne peut pas toujours exprimer son désarroi et risque alors de garder tout en lui.  Pour les enfants, comme pour les adultes, il est préférable que les émotions puissent sortir. Sinon, cela risque à un moment d’exploser ou de s’inscrire profondément et durablement.

Alors, en cette période si particulière pour tous, les enfants ont certainement encore plus besoin d’attention et de proximité, mêmes lorsqu’ils sont calmes, voire impassibles.
Ils ont sans doute besoin que nous les aidions à ouvrir ces couvercles, à sortir de cette phase de suspens et d’attente.  Et sans doute les paroles ne suffisent pas, tellement ce qui se passe est à la fois si profond, si peu explicable et compréhensible.
Il y a autant de façons de faire que de lieux. Les recommandations sanitaires sont comprises et mises en pratique de façon très variables. Dans certains lieux, le déshabillage des enfants a été imposé, les jeux y sont en nombre très restreint. Heureusement d’autres lieux semblent garder les fondamentaux de la bien-traitance des enfants.
 Mais dans l’ensemble, les nouvelles façons de faire des adultes s’accompagnent d’hésitations, de pertes de spontanéités, parfois d’interdits nouveaux autour du toucher, de la proximité, les gestes « d’hygiène et de protection » qui sont autant de barrages.

Alors il semble important d’inventer un maximum d’occasions pour laisser sortir émotions et tensions, pour libérer ce qui a été contraint, pour retrouver de la spontanéité, autant pour les enfants que pour les adultes. Les enfants ont besoin de trouver avec les adultes, des temps, des espaces, des jeux pour extérioriser, pour laisser sortir leur énergie, leur vitalité, leur feu intérieur, leur élan.
C’est le moment de jouer dehors au maximum, de courir, sauter, taper des pieds, agiter et lever les bras, faire sortir les tensions contenues, faire des jeux de détente et relaxation, chanter et rire ensemble.
C’est le moment de proposer de la musique et de danser librement, faire des grands mouvements, chacun à son rythme, dans son style, sentir son corps bouger, vibrer avec cette musique et avec les autres.
C’est le moment de revenir encore plus que d’habitude aux matériaux « premiers » : l’eau, la terre ou pâte à sel à patouiller, dans des positions libres, debout, accroupi, allongé au sol…

Une majorité d’enfants vont sans doute facilement retrouver leur vitalité et leur spontanéité, et ce sont eux qui vont peut-être aider les adultes à sortir de ces moments si contraints. D’autres enfants auront besoin d’être aidés, d’être accompagnés pour retrouver cette spontanéité, pour s’ouvrir, pour vivre et respirer à pleins poumons, sans se limiter, sans se bloquer, pour rire librement et retrouver des plaisirs partagés, enfants et adultes. Se laisser aller, lâcher prise, sortir du contrôle !

 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 31 mai 2020
Mis à jour le 31 mai 2020