En mai, fais ce qu’il te plaît ou adapte-toi comme tu peux ! Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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deux enfants à al crèche
Cela fait 2 mois que nous vivons de l’inimaginable, de l’impensable.  Alors oui chaque jour, nous tentons de nous adapter, comme nous pouvons. Nous faisons avec, ou plutôt sans, nos repères. Et cette période d’incertitude, de confusion, de décisions et de contrordres, de désordre, de chaos risque de durer.
Jusqu’ici nous avions des balises et des directions. Nous en avons perdu beaucoup, tant les messages, les alertes et les recommandations sont aujourd’hui contradictoires dans ce domaine si particulier qu’est la santé. Tout tourne, tout valse, parfois à nous en faire perdre la tête. Et cette tempête risque de faire oublier ou mettre de côté tout ce que nous savons. Selon les moments nous sommes peut-être « hors de nous », en colère, contre les injustices, les illogismes, les décisions contradictoires…  Ou « hors sol », à attendre que cela passe, à flotter, à planer « hors du temps », sans plus savoir sur quoi nous appuyer, sans cadres auxquels nous raccrocher.

Nous allons devoir trouver les appuis en nous, revenir à nos fondamentaux, nos savoir-faire, nos savoir être. Nous pouvons nous appuyer sur nos racines, sur nos valeurs, sur les connaissances que nous avons des besoins des enfants.  Ce sont des bases solides.
Nous allons continuons à penser ensemble, nous appuyer les uns sur les autres, partager ce que nous ressentons. Inventer, réinventer. Oui, nous allons continuer à nous adapter avec les enfants, pour tenir bon, tenir le cap, dans cette tempête.  
Nous allons nous adapter, à partir de ce que nous savons des enfants et aussi de ce qu’ils vont nous montrer.  Les enfants sont extraordinaires, ils nous appellent à entrer en relation avec eux, à échanger regards, tendresse, sourires, paroles, à être dans la joie et dans l’intensité de la rencontre du moment. Tous les jours, en temps ordinaire comme en cette période extra-ordinaire, les enfants nous montrent leurs priorités, leur besoin de relationnel si essentiel à leur santé physique et mentale.
A condition que nous puissions les regarder vraiment. A condition de les voir réellement, même derrière nos masques et malgré le poids des protocoles sanitaires.

Nous adapter, c’est préserver les relations avec ces enfants, par tous les moyens possibles.  C’est continuer à les observer, à les toucher, à être touchés par eux, à oser voir ce qu’ils vont manifester de leurs désarrois, interrogations, mal-être éventuels, à traverser avec eux ce « tremblement de terre ».
Nous adapter, c’est possible si et seulement si nous pouvons compter sur des moyens humains suffisants, des moyens économiques, du temps (rémunéré !) pour penser ensemble en dehors des enfants.
Nous adapter, c’est chacun, de notre place, tenter de rester des phares dans les sables mouvants, pour que les gestes et mesures barrières ne stoppent pas la qualité du relationnel.

Il me semble essentiel que nous ayons comme mot « d’ordre » : continuer ensemble à penser, à parler, à échanger, à sourire avec les enfants, à s’émerveiller avec eux et grâce à eux.
Grand merci aux professionnels qui en témoignent ici ou ailleurs et qui le font vivre courageusement chaque jour sur le terrain afin que ces paroles ne soient pas des paroles en l’air ou « virtuelles », mais bien ancrées sur du concret, du réel, de l’humain.
 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 02 mai 2020
Mis à jour le 02 mai 2020