L’enfant en mouvement. Par Monique Busquet

Psychomotricienne

Istock
Enfants en mouvement vers un ballon
Les professionnels sont de plus en plus nombreux à souligner l’importance du mouvement actif et libre dans la vie des jeunes enfants. Permettre aux enfants de bouger, jouer et explorer librement n’est pas en soi une nouvelle approche. Je l’apprenais dans les années 80 durant mes études. Un certain nombre de recherches permettaient déjà de comprendre le rôle du mouvement actif dans le développement de l’enfant. L’enfant apprend mieux et de façon plus profonde lorsqu’il expérimente par lui-même ses mouvements, lorsqu’il peut explorer lui-même les espaces. Et de nombreuses crèches le mettent en pratique depuis longtemps.

Mais oui, nous devons encore informer et agir pour favoriser le mouvement du jeune enfant. Et heureusement nous sommes de plus en plus nombreux à agir dans ce sens.
Car il est vrai que les constats actuels sont là, et ce dans de nombreux pays : les enfants ne bougent pas assez.  La durée laissée au mouvement à tout âge est vraiment très courte, trop courte.
Cela concerne autant les bébés trop souvent installés assis, dans des relax et autres sièges, que les enfants, un peu ou beaucoup plus grands, à qui l’on demande de rester assis sur des chaises, sans bouger. Cela concerne aussi bien sûr tous les enfants fascinés et sidérés devant les écrans. Cette immobilité a des conséquences sur la santé et sur leur développement à court et long terme.

Alors sans doute, notre société mais aussi chacun de nous, avons une part d’ambivalence face au mouvement de l’enfant ou face à l’enfant qui bouge. Combien de fois leur disons-nous « ne bouge pas ! » « Reste tranquille » ? Le mouvement de l’enfant vient souvent nous déranger. Et il est, de fait, beaucoup plus facile de s’occuper d’un enfant immobile, « sage comme une image ». Alors quelle place, quel temps laissons-nous vraiment dans le quotidien de l’enfant, au mouvement ? Que lui proposons nous pour qu’il puisse développer sa motricité ? Acceptons-nous de le laisser bouger comme il en a besoin même pour écouter une histoire, une chanson ?

Le mouvement, ce n’est pas de l’agitation, ni de l’hyperstimulation, ni du faire faire. C’est un besoin physiologique et psychique. C’est une impulsion qui vient de soi, de « son dedans ». C’est signe et facteur de vie et de santé.
Favoriser un mouvement juste, c’est permettre à l’enfant d’agir par lui-même, à son rythme, à partir de ses envies et de ses possibles. C’est lui proposer des installations dans lesquelles il peut bouger, tout en étant et se sentant en sécurité.

Et rappelons que c’est d’abord dans les bras de l’adulte que le bébé peut le plus facilement vivre ces sensations de mouvement, et non dans sa poussette, ou en relax. Porter un bébé dans les bras, c’est lui permettre de bouger. Il peut s’y blottir, s’agripper, il peut redresser sa tête, la tourner pour regarder autour de lui. Il muscle ainsi sa nuque, son dos à son rythme et sans crispation. Il ressent les mouvements de l’adulte, il s’y ajuste et s’en nourrit. Lorsqu’ensuite il est installé au tapis, le bébé est déjà rempli de ces sensations, il peut alors retrouver le plaisir de se mettre en mouvement, de chercher et trouver comment changer de position.

Un bébé qui est ou a été plus souvent installé immobile risque d’être plus craintif et en difficulté. Il a alors besoin d’être accompagné dans la découverte du plaisir de se mettre en mouvement. Ensuite, même quand plus grand, l’enfant sera en capacité de s’asseoir sur une chaise, il aura besoin d’alterner fréquemment au cours de ses jeux plus posés, des déplacements et des grands mouvements. Il n’y a aucune urgence ou aucun besoin de lui demander de rester assis sans bouger !
Il est au contraire plus riche de pouvoir faire un puzzle ou dessiner dans des positions variées que ce soit allongé au sol ou debout.

Oui, le mouvement est fondamental, c’est un des socles du développement. C’est en bougeant par lui-même que l’enfant apprend à se connaitre, à découvrir les autres, à découvrir l’espace qui l‘entoure, à prendre confiance en lui, à être prudent. Ainsi il apprend à apprendre et à s’adapter à ses environnements futurs.
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 04 octobre 2019
Mis à jour le 11 octobre 2019