L’enfant qui est a été mordu et ses parents ! Par Monique Busquet
Psychomotricienne, formatrice petite enfance
Lorsqu’il confie son enfant, le parent délègue une partie de ses rôles et responsabilités à un ou des professionnels. Ceux-ci le savent bien et sont d’autant plus en stress lorsqu’un enfant est « marqué » dans son corps, et encore plus si la trace se situe sur le visage, avec le risque d’une marque visible durablement. Cela suscite bien souvent une émotion profonde, plus forte par exemple que le fait que l’enfant pleure.
Les professionnels s’inquiètent donc à l’avance des réactions des parents, même s’ils comprennent bien celles-ci. Inquiétudes mêlées de gêne, de sentiment d'injustice et d’impuissance devant les réactions de colère, alors qu’il leur est souvent si difficile de prévenir et empêcher la survenue des morsures.
Alors comment accueillir les parents, que leur dire ? Tout d’abord, il me semble important de s’excuser, d’assumer sa part de responsabilité même si nous savons bien que la morsure fait partie de risques lorsque plusieurs enfants sont ensemble. Le parent s’apaisera plus facilement s’il sent que nous reconnaissons et partageons son émotion.
Certaines crèches choisissent d’appeler les parents dans la journée afin de les informer et ainsi diminuer la charge émotionnelle au moment des retrouvailles avec leur enfant et des transmissions avec les professionnels.
Ensuite, il est nécessaire de raconter ce qui s’est passé, ce qui a été vu. Si rien n’a été vu, par exemple si l’enfant n’a pas pleuré, le dire honnêtement. Bien entendu, il sera rassurant pour le parent de lui expliquer comment leur enfant a été réconforté et soigné et comment il est reparti jouer, souvent sereinement, une fois la douleur passée.
Le parent a besoin d’entendre et de constater que les professionnels sont réellement attentifs à leur enfant, et d’autant plus après cet incident de morsure ou ces incidents qui parfois se répètent.
Enfin, une fois l’émotion passée, il peut être utile d’expliquer que la morsure est une réaction d’un enfant tellement soudaine et impulsive, qu’il est souvent difficile de l’anticiper et la prévenir. Que bien sûr, il est dit à l’enfant qui a mordu que cela est interdit. Ce n’est pas de la « méchanceté », mais « une impulsivité liée à l’immaturité des enfants de cet âge. Il peut arriver à tout enfant de mordre. Il peut être également proposé des temps d’échanges (et des articles et affiches) sur le sujet, afin d’expliquer les raisons possibles des morsures dans les comportements des jeunes enfants et comment les pros accompagnent ceux-ci.
Elles sont liées à des tensions internes (inconfort physique, douleur), des ressentis d’insécurité, de peur, de stress ou des envies tout à fait « normales» chez le jeune enfant de vouloir tel jouet, telle place, sans pouvoir différer son envie. Le jeune enfant n’a pas encore d’autres moyens à sa disposition. Son corps réagit avec impulsivité.
Au quotidien les adultes accompagnent chaque enfant à pouvoir progressivement attendre, partager, différer, réfréner ses réactions, et parler pour dire « non, je ne suis pas d’accord », au fur et à mesure de la maturation psychique et cérébrale des enfants.
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