Que faire face aux inquiétudes des parents ? Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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maman confie son bébé à une professionnelle de créche
De façon générale, les parents ont de nombreuses raisons d’être inquiets.
Etre parent c’est être traversé par différents questionnements.  En premier lieu autour de l’enfant « Comment va mon enfant, que ce soit dans les domaines de sa santé, de son bien-être, de son développement ? Comment grandit-il ?   Ensuite autour de soi-même comme parent : Est-ce que comme parent, je fais ce qu’il faut pour mon enfant, au moins « suffisamment bien » ?  Et enfin concernant l’extérieur : A qui est-ce que je peux faire confiance pour prendre soin de mon enfant, que ce soit pour le choix du médecin, de la baby-sitter, et bien sûr du lieu d’accueil ?

Ces questions sont particulièrement présentes lorsqu’il s’agit de confier son enfant, surtout dans les premiers temps de l’accueil. Ces inquiétudes sont d’autant plus fortes lorsque l’enfant est encore un bébé et lorsqu’il s’agit des premières séparations.  En effet l’accueil rassemble l’ensemble des questionnements de fond. Comment mon enfant va-t-il se sentir, en mon absence, dans ce lieu ?  Va-t-il manger, dormir suffisamment ? Va-t-il être malade ? Va-t-on bien s’occuper de lui ? Est-ce que je peux faire confiance ? Est-ce que je fais le bon choix ? Y trouvera-t-il ce qu’il faut pour l’éveiller ?...
Chaque parent peut vivre ces questionnements et inquiétudes de façon plus ou moins intense et les exprimer plus ou moins clairement, par des questions ou des exigences et même critiques.

Les professionnels cherchent comment rassurer les parents. Bien souvent, nous avons des paroles « un peu automatiques : « ne vous inquiétez pas, tout va bien aller ».  Nous essayons par ces paroles de rassurer au plus vite, parce que nous savons l’importance que les parents puissent être en confiance, pour eux et pour leur enfant. Nous le faisons aussi par une forme spontanée d’empathie, devant toute personne inquiète. Enfin, nous le faisons aussi par habitude de vouloir éteindre au plus vite les émotions désagréables.  De même nous disons bien souvent aux enfants «ne pleure pas, ce n’est rien, ne t’inquiète pas ».
Mais répondre ainsi, mettre comme un couvercle à l’expression des inquiétudes, est inutile voire contreproductif. C’est comme nier la légitimité de ces inquiétudes. C’est le risque de les faire taire, et non de les calmer.

Alors que faire quand nous sentons les parents inquiets ? Comment faire pour qu’ils puissent se sentir rassurés ?
Il me paraît important de prendre le temps de les écouter vraiment, d’entendre et comprendre leurs inquiétudes. Ainsi le parent peut se sentir reconnu, accueilli, compris.
Il sait qu’il peut s’exprimer, sans risque d’être jugé. Bien sûr il vaut mieux choisir le moment et, lorsque le travail en équipe le permet, la personne la plus à même d’échanger avec eux.
Il peut aussi être intéressant de les faire préciser en quoi ils sont inquiets. Les parents ont souvent plein d’images dans la tête de ce qu’il pourrait se passer. Les exprimer leur permet de s’en libérer
Il est également utile de leur demander ce qui les rassurerait. Ils sont les mieux placés pour le savoir. Cela peut être différent pour chaque parent et à inventer avec eux (passer un coup de téléphone, rester des moments dans le lieu d’accueil…).
Rassurer les parents, c’est surtout leur raconter un maximum de la journée de leur enfant, avec des détails. Cela permet de montrer concrètement qu’une réelle attention est portée à leur enfant.
Enfin raconter ce que vous faites avec leur enfant, permet de montrer que vous êtes impliqué et compétent. Vous montrez ainsi comment vous prenez soin de leur enfant, vous savez dire ce que vous faites et pourquoi.

Se pose aussi fréquemment la question de dire ou non aux parents ce qui peut être difficile pour leur enfant : que dire quand leur enfant pleure beaucoup, quand il dort ou mange très peu, ou quand il dérange les autres ?
ll me parait primordial de le transmettre, de ne pas cacher, ne serait-ce que par honnêteté vis-à-vis de l’enfant. S’il pleure, c’est important que son parent le sache. Vous êtes un peu le porte-parole de l’enfant tant qu’il ne peut lui-même raconter sa journée à son parent.

Il peut arriver qu’un enfant pleure beaucoup, qu’il montre ses difficultés dans les temps d’accueil, et que vous soyez vous mêmes un peu désemparés, que vous ne sachiez pas comment faire, que vous soyez alors vous-même inquiets. Il vaut mieux le dire, bien sûr en choisissant ses mots, il vaut mieux communiquer et réfléchir avec les parents. Les parents seront en confiance avec vous parce qu’ils voient que vous leur racontez, sans cacher, ce que vous percevez de leur enfant.

La relation de confiance se construit ainsi. Et c’est certainement ce qui peut rassurer au mieux les parents.


 
Article rédigé par : Monique Busquet
Publié le 04 octobre 2020
Mis à jour le 04 octobre 2020