Une rentrée pas comme les autres : quelle place aux parents ? Par Monique Busquet

Psychomotricienne

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Pro, bébé , parent, accueil avec COViD_19
’espère que l’été vous a permis de vous reposer, de vous amuser, de vous détendre et de reprendre des forces. Septembre est synonyme d’accueil de nouveaux enfants. Et cette rentrée particulière va nous demander encore une fois être d’inventif et vigilant pour respecter et la qualité de l’accueil des enfants et de leurs parents et les recommandations sanitaires.

Un enfant n’existe pas sans ses parents, écrivait déjà D. Winnicott. Les connaissances acquises ces dernières années sur le développement des enfants, vont dans le même sens.  Alors, oui se séparer de son parent, est difficile pour un bébé ou jeune enfant. Etre sans son parent dans un lieu inconnu, avec une ou des personnes inconnues est angoissant pour tout enfant. Et ce stress est présent à tout âge, même si les plus jeunes bébés l’expriment parfois moins fort que les plus âgés. Sans son parent, l’enfant perd « une sorte de peau », une enveloppe protectrice, une enveloppe sensorielle, corporelle, psychique.

L’enfant a donc grand besoin de la présence du parent pour découvrir nouvelles personnes et nouveau lieu, pour s’y habituer progressivement et pour s’y sentir en sécurité.
Passer du temps avec son parent dans ce lieu encore inconnu, lui permet de faire le plein de sensations, d’impressions, de vécus qu’il mémorise. Ainsi ce lieu peut se remplir de « traces de la présence de son parent » de ses paroles, son odeur, de sa protection. Les capacités de mémorisation de l’enfant lui permettent ensuite de s’appuyer sur ces images et souvenirs rassurants.
L’enfant a aussi besoin d’être témoin de vrais temps de communication entre son parent et la personne qui va prendre soin de lui.  Il pourra d’autant plus se sentir en confiance, qu’il perçoit la qualité de leur relation et des temps d’échanges.

Mais il est vrai aussi que la présence d’un parent peut être vécue comme difficile ou dérangeante.  Il est souvent dit que certains parents sont trop intrusifs, particulièrement dans l’accueil à domicile, qu’ils restent trop longtemps, qu’ils seraient une gêne pour les enfants et même pour leur enfant. Il peut également être intimidant pour le professionnel de travailler sous le regard des parents, en leur présence. Il n’est pas si facile de savoir comment communiquer avec eux, savoir de quoi parler, trouver et garder une juste posture professionnelle.
La présence du parent demande effectivement un travail et une attention supplémentaires : un travail d’écoute, de parole, d’ajustement, de prise en compte. Avec un certain humour, il est souvent dit : « les enfants sans leurs parents, qu’est-ce que cela serait bien » !

Pourtant de nombreux professionnels peuvent témoigner du réel intérêt pour les enfants lorsque cette place et ce temps sont suffisamment donnés aux parents.
Il est régulièrement constaté que les premiers temps d’accueil progressif, de présence des parents viennent colorer la suite des années d’accueil pour l’enfant. Le temps pris et la qualité de ce temps est un temps gagné pour la suite : des enfants plus secure, des relations plus détendues, un travail plus paisible.
A plus long terme, ce que l’on connaît des mémoires émotionnelles nous indique aussi que la façon dont les premières séparations sont vécues et accompagnées, laissent des traces dans le psychisme de l’enfant.  
Alors certains lieux d’accueil collectifs ont été jusqu’à ne pas mettre de limites au temps de présence des parents : les parents peuvent rester autant qu’ils veulent, autant qu’ils en sentent le besoin pour leur enfant comme pour eux-mêmes, dans les premières semaines.  Et les professionnels constatent que tout se régule, de façon fluide. La confiance amène la confiance.

Alors en cette rentrée, les professionnels vont avoir besoin de toujours plus de motivation, d’énergie et de souplesse. Aménager l’organisation des espaces et des temps. Aménager des temps individuels où le parent peut entrer dans l’espace de vie et être suffisamment présent auprès de son enfant.
Le monde de la petite enfance ne doit pas revenir à la dépose de l’enfant à la porte d’entrée…
Pour être au plus sécurisant, ce passage de relais du parent au professionnel, doit être constitué de vrais temps à 3 :  enfant, parent, professionnel. Accueillir les parents, fait partie intégrante de l’accueil des enfants et c’est un élément fondamental de la qualité de ces accueils.
Alors, bienvenue aux enfants et leurs parents et bon courage à vous tous et toutes !
 
Article rédigé par : Mo,nique Busquet
Publié le 01 septembre 2020
Mis à jour le 01 septembre 2020