Les vœux vains ne vous valent rien. Par Pierre Moisset
Sociologue, consultant petite enfance
Nous avons donc un bilan très maussade. Ainsi l’objectif de création de 30 000 places sur la COG qui arrive à échéance ces mois ci - déjà issu d’une révision à la baisse au regard des précédents échecs - n’a été atteint qu’à 50%. Un climat tendu dans lequel les professionnels de la petite enfance se sentent, pour changer, peu considérés et mis en première ligne face à la pandémie (que ce soit pour les professionnels de l’accueil collectif qui peuvent s’estimer insuffisamment accompagnés et équipés pour cela ou pour les assistants maternels qui ont subi une gestion calamiteuse des différentes situations pandémiques).
Et un avenir plus qu’incertain, puisque les grandes décisions restent suspendues à l’échéance d’une présidentielle prochaine et que les rapports férocement intéressants et pertinents (les 1000 premiers jours, la synthèse des séminaires Premiers Pas, le rapport du HCFEA sur le pilotage de la qualité d’accueil) s’accumulent.
Et là-dessus des vœux… des souhaits, des ambitions… Et ce qui est désespérant c’est que, tant ces vœux creux opportunément placés d’une part que tous ces rapports, commissions, qui se succèdent et qui font part de propositions précises, techniques, d’analyses poussées d’autre part, finissent par s'intégrer dans un même « gouvernement par le verbe » que j’avais eu l’occasion d’évoquer il y a quelques temps.
Une façon de faire vivre des ambitions sociétales irrésistibles uniquement (ou principalement) dans les analyses prospectives d’une part et les vœux pieux d’autre part, tout en maintenant une politique à l’économie voire ras du front dans le réel (voire à ce propos le court historique que propose le site Localtis de la notion de service public de la petite enfance . Et ce qui est agaçant là-dedans, c’est une sorte de confiscation du rêve et de la colère. On nous propose de rêver de mieux à travers des promesses vagues et de calmer notre colère en se nourrissant d’analyses.
Bref, je nous souhaite de garder nos rêves et notre colère. Les écrits restent et donc tous ces rapports pourront nourrir des exigences, des attentes et donc des colères revendicatives. Quant au rêve, celui d’une grande petite enfance, continuons à le dessiner patiemment et avec exigence. Bonne année quoi…
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