Guide ministériel « COVID-19- Modes d’accueil » : les professionnels réagissent !

Suite à la parution, le 7 mai dernier, du guide ministériel du déconfinement, les professionnels ont disposé d’un minimum de temps pour en prendre connaissance et s’organiser en conséquent. Après analyse du document, la Fédération Nationale des Educateur.tice.s de Jeunes Enfants (FNEJE ) et le Syndicat National des Médecins de Protection Maternelle et Infantile (SNPMI) ont publié, via deux communiqués distincts, leurs réactions qui se rejoignent et/ou se complètent dans les grandes lignes.

Quid du bien-être des personnes et des enfants en particulier ?
Dans son communiqué du 9 mai, la FNEJE exprime de nouveau les inquiétudes - qu’elle avait évoquées dès le 6 mai - par rapport à l’importance donnée aux mesures sanitaires dans le guide, qui n’accorde pas suffisamment d’attention au bien-être des personnes, et des enfants en particulier : « Ce document fait la part belle à toute une série de mesures sanitaires pour garantir la sécurité physique des enfants, des parents et des professionnel.le.s. Et c’est là tout le problème. (…) rien n’est dit sur l’épanouissement des bébés dans ce contexte, la santé psychique et émotionnelle des jeunes enfants, de leurs parents et des professionnel.le.s. Combattre un virus, c’est une chose. Assurer notre mission éducative et sociale en est une autre. L’un ne devant pas se faire au détriment de l’autre. »

Si le SNPMI se défend, pour sa part - dès le début de son communiqué d’aujourd’hui 11 mai - de vouloir « relancer toute confrontation stérile entre modèle hygiéniste versus modèle psychologique, sociale et éducatif dans les modes d'accueil », il souligne la publication tardive du guide, « la complexité de certaines procédures, la nécessité de les articuler avec les pratiques professionnelles de l'accueil des tout petits » qui réclament « un temps d'appropriation et une réflexion partagée par les équipes d'EAJE, les assistantes maternelles et les services de PMI chargés de leur accompagnement ». Il salue donc les « nombreuses recommandations essentielles pour répondre à l'exigence de sécurité sanitaire », tout en rappelant la nécessité de « garantir simultanément un accueil prenant en compte cinquante ans d'acquis sur les besoins fondamentaux du jeune enfant ».

Attention au taux d’encadrement et la qualification des professionnels
Chacun dans ses termes, les deux organismes déplorent que des entorses aux règles habituelles d’encadrement et de qualification des professionnels soient désormais admises. « On apprend qu’il peut être dérogé aux qualifications et taux d’encadrement pour fonctionner en mode “micro-crèche” et ce, sans demander une quelconque autorisation aux services de PMI, s’insurge la FNEJE.  Faut-il en comprendre qu’en ces temps de mises en oeuvre drastiques de mesures sanitaires, les personnels les plus diplômés (Infirmières-puéricultrices, Educateur.rice.s de Jeunes Enfants et Auxiliaires de puériculture) ne sont pas indispensables. » De son côté, le SNPMI demande comment justifier « qu'en pleine crise sanitaire, le guide prévoit de déroger de façon tout à fait paradoxale aux qualifications réglementaires des professionnels dans les EAJE en privant les structures de la compétence en santé des puéricultrices et des auxiliaires de puériculture ou en la restreignant ? Ce d'autant que l'accueil d'enfants en situation de handicap ou atteints de maladie chronique fréquentant précédemment les EAJE devrait pouvoir être poursuivi sauf contre‐indication formelle de la part de leur médecin. Sans oublier l'apport des éducatrices de jeunes enfants à la qualité globale de l'accueil auquel la dérogation porterait également atteinte. »

Incohérences
Les deux organismes pointent aussi plusieurs incohérences dans le protocole ministériel. La FNEJE relève qu’ « il est demandé à ce que les parents n’entrent pas dans le lieu de vie de l’enfant mais qu’ils soient accueillis dans un SAS ou pire devant l’entrée s’il n’y a pas de SAS. Par ailleurs, page suivante, exception est faite pour les “crèches parentales” où les parents bénévoles peuvent continuer leurs missions en respectant les protocoles sanitaires mis en place. Pourquoi une telle différence ? Tous les parents sont à-même de respecter les consignes. » Tandis que le SNPMI demande  « pourquoi la possibilité pour les parents, munis du masque et après lavage des mains ou friction au SHA, d'accompagner leur enfant jusqu'au seuil des salles d'accueil ne pourrait-elle pas s'appliquer, autant qu'en EAJE, au domicile des assistantes maternelles à chaque fois que sa configuration le permet ? »

Retrouvez l’intégralité des communiqués :

-    FNEJE
-    SNPMI

 
Article rédigé par : Marie-Sophie Bazin
Publié le 11 mai 2020
Mis à jour le 11 mai 2020