Modes d'accueil : des bénéfices sur le développement émotionnel et comportemental des enfants

Une nouvelle étude menée par l’Inserm ré-affirme les bienfaits des modes d’accueil, collectif et individuel, sur le développement comportemental et émotionnel des jeunes enfants.
Des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de Sorbonne Université et de l’Université de Bordeaux ont voulu déterminer l’influence du mode d’accueil pendant les trois premières années de la vie de l’enfant sur son développement psychologique. « Il est déjà montré dans la littérature que les modes d’accueil ont des effets bénéfiques sur les enfants, tels qu’une meilleure capacité d’intégration à l’école par exemple, explique Maria Melchior, chercheuse Inserm auteure de l’étude. Mais nous voulions connaître plus précisément ce lien dans le contexte français si particulier - l’entrée à l’école dès 3 ans pour 98% des enfants, des modes d’accueil très développés… »

Les chercheurs se sont basés sur la cohorte EDEN qui a suivi des femmes enceintes dans les régions de Nancy et de Potiers, entre 2003 et 2006, puis leurs enfants jusqu’à l’âge de 8 ans. Ainsi les mères de 1428 enfants ont précisé si elles avaient eu recours, entre 4 mois et 3 ans, à un « mode de garde informel » (parents, grands-parents, voisins…) ou « formel » et le cas échéant, lequel (assistante maternelle ou crèche, halte-garderie). Elles ont ensuite rempli aux 3 ans, 5 ans et demi et 8 ans de leur enfant un questionnaire mesurant leurs symptômes comportementaux et émotionnels sur 5 échelles : symptômes émotionnels, problèmes relationnels, hyperactivité, inattention, problèmes de comportement, comportement prosocial.

Les crèches et halte-garderies particulièrement concernées
L’étude révèle que 27% des enfants avaient fréquenté un mode d’accueil collectif et 44% d’entre eux avaient été accueillis chez une assistante maternelle. Soit une majorité des familles ayant eu recours à un « mode de garde formel ». Selon les résultats observés, comparés aux enfants gardés chez eux, les enfants étant passés par la crèche avant l’entrée en maternelle avaient ensuite éprouvé trois fois moins de problèmes émotionnels. Deux fois moins chez les enfants accueillis chez une assistante maternelle. « Et nous avons constaté une spécificité relative à l’accueil en collectivité, précise Maria Melchior : les enfants avaient moins de difficultés relationnelles et étaient plus empathiques - protéger les plus jeunes, partager leurs jouets -, que ceux concernés par un mode de garde informel. »

Pour les chercheurs, un des facteurs déterminants est la multitude de possibilités offertes par les lieux d’accueil collectif : stimulations cognitives, jeux, socialisation, acquisition des règles de la vie en communauté, des compétences de régulation émotionnelle, etc. Ainsi que la grande qualité des modes d’accueil français. Comme le souligne Maria Melchior, l’hétérogénéité des modes d’accueil individuel (plus de différences entre toutes les assistantes maternelle qu’entre toutes les crèches) ne permet pas de dégager autant de résultats précis. « Mais il faudrait récolter plus de données à leur sujet pour pouvoir mieux analyser, » considère-t-elle. Par ailleurs, ces observations doivent maintenant être confirmées à plus grande échelle.


Source : Journal of Epidemiology and Community Health


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Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 03 octobre 2018
Mis à jour le 09 décembre 2019