Remise du rapport sur l’accueil et la scolarisation des enfants de moins de 6 ans en situation de handicap

Ce matin, au sein du multi-accueil « Le sourire du Chat », une structure gérée par l’association APATE qui accueille 30% d’enfants en situation de handicap, Sylviane Giampino, présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA, a remis son rapport « Accueillir et scolariser les enfants en situation de handicap de la naissance à six ans et accompagner leur famille » aux deux ministres, Agnès Buzyn (Solidarités et santé) et Sophie Cluzel (Personnes handicapées) qui lui avaient commandé. L'occasion pour les deux ministres de rappeler les engagements et mesures d'ores et déjà pris.

En début de matinée, lors d’une table ronde, des échanges à la fois instructifs et émouvants entre familles, associations, institutions et pouvoirs publics avaient permis d’entrer dans le vif du sujet en pointant les problèmes et difficultés (manque de visibilité des informations pour les familles, engagées dans de véritables parcours du combattant notamment).

Un rapport militant pour une socialisation précoce des enfants en situation de handicap
« Il s’agit par ce rapport de donner de l’élan et un appui à la socialisation très précoce des enfants en situation de handicap a expliqué en le présentant Sylviane Giampino, car la première enfance est une période de non-discrimination par essence. L’insertion précoce se fonde sur une base de familiarité inaugurale. Le processus d’inclusion s’il a lieu plus tard se fondera sur un regard d’étrangéité. » Et de souligner (ce qui avait été démontré lors de la table ronde par les témoignages de familles) que cette inclusion précoce était bénéfique pour les enfants qu’ils soient valides ou en situation de handicap et leurs parents.  
Puis elle a insisté sur 4 points fondamentaux du rapport : mieux structurer l’accueil des jeunes enfants avant trois ans et donc d’un traitement prioritaire pour une solution d’accueil selon le principe du « zéro sans solution » ; ajuster l’accueil aux besoins des jeunes enfants avant même qu’il y ait diagnostic et reconnaissance du handicap, et prendre en compte le regard des parents et des professionnels pour mettre en place un Projet personnalisé d’accueil du jeune enfant (PPAJE) ; compéter et améliorer la scolarisation en école maternelle pour qu’elle soit plus précoce, plus complète et plus régulière avec la mise en place éventuelle de solutions alternatives et hybrides ; soutenir et accompagner les familles à la parentalité sans oublier les frères et sœurs.

Le soutien aux familles
Les deux ministres ont salué le travail réalisé par le Conseil de l’enfance du HCFEA et Sophie Cluzel, la secrétaire d’état aux Personnes handicapées a précisé que ce rapport allait « pouvoir innerver notre politique publique pour une meilleure inclusion. (...) Ces préconisations répondent aux questions des parents qui doivent pouvoir faire accueillir leurs enfants en difficulté dans les crèches de leur quartier ».  Et la secrétaire d’état, tout en insistant sur l’expertise parentale dans le repérage précoce d’un éventuel handicap, a particulièrement relevé la proposition du rapport instituant un référent-coordinateur de parcours pour mettre en place un accueil des jeunes enfants adapté, « charge qui incombe trop souvent aux parents » a-t-elle regretté. D’autant que bien souvent les informations susceptibles de les guider « ne sont pas assez visibles et lisibles. ».

Un bonus handicap pour les EAJE et un forfait de prise en charge précoce pour les parents
Agnès Buzyn a conclu en affirmant « nous avons bien compris les enjeux : le bien-être des enfants en situation de handicap, la vie des parents, des fratries et la cohésion sociale. Si nous voulons une société inclusive nous devons favoriser toutes les initiatives qui favorisent la bienveillance et l’empathie, et l’attention aux différences ». Puis elle a précisé que sans attendre les conclusions du rapport, le gouvernement avait d’ores et déjà pris des décisions allant dans le sens d’un accueil précoce des jeunes enfants en situation de handicap et de leurs familles. Elle a donc évoqué le bonus handicap prévu dans la COG 2018-2022. Il ira de 500 € à 1500 € selon le nombre de places réservées aux enfants en difficultés. Ce bonus sera mis en place dès cette rentrée. Tout comme celui mis en place pour l’accueil des enfants en situation de handicap dans les centres de loisirs. Et cité également les mesures d’accompagnement des parents dans les lieux d’accueil le plus à la carte possible. « Il faut arrêter de penser en termes de structures, a-t-elle expliqué, mais en termes de réponses à des besoins. Il faut simplifier la vie des familles donc montrer une plus grande adaptabilité ».
Enfin la Ministre a rappelé que dans le cadre du plan autisme, un forfait de prise en charge très précoce était prévu et qu’il pouvait s’appliquer dans d’autres cas. Ce forfait aussi sera mis en place dès la rentrée. Il permet aux parents le remboursement de frais médicaux ou de garde spécifique avant même qu’un diagnostic n’ait été posé et qu’un handicap ait été reconnu.
Agnès Buzyn a annoncé que d’autres mesures chiffrées seraient présentées dans le cadre du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale).

Enfin les deux ministres ont insisté sur la nécessité de mieux former les professionnels afin qu’ils puissent alerter de façon très précoce toute difficulté qui pourrait s’avérer être un handicap. Précoce aura été un des mots-clefs de la matinée. Tant pour le repérage que pour la socialisation, l'accueil ou la prise en charge. Et sur ce point il y a consensus.


Voir aussi notre article : Les grandes lignes du rapport HCFEA sur l’accueil des enfants en situation de handicap
Consulter le rapport
Voir l’avis du HCFEA et la synthèse du rapport
Article rédigé par : CL
Publié le 29 août 2018
Mis à jour le 29 août 2018