Simone Veil et l’opération pouponnières : la bien-traitance déjà !

Depuis l’annonce du décès de Simone Veil, 89 ans, les hommages se succèdent. Connue pour la façon admirable - digne et courageuse - dont elle a porté la loi légalisant le recours à l’IVG, pour sa lutte pour la reconnaissance des droits des femmes, elle l’est moins pour son action pour l’Aide Sociale à l’Enfance et le soutien qu’elle a apporté aux professionnels de la petite enfance pour humaniser les pouponnières et créer des crèches qui ne soient plus des lieux de garde mais d’accueil. Des lieux d’accueil bien-traitants.
Danielle Rapoport, psychologue, fondatrice de l’Association « Bien-traitance, formation et recherches : naître, grandir, se construire » a coutume de dire : « Sans elle rien n’aurait été possible ». En effet comme elle l’explique dans son ouvrage « La bien-traitance envers l’enfant. Des racines et des ailes », c’est grâce à Simone Veil alors Ministre chargée des Affaires Sociales, qu’a débuté à la fin des années 70 « L’opération pouponnières ». Danielle Rapoport raconte comment alors qu’elle était venue alerter la ministre de la situation et lui montrer un film tourné dans une pouponnière de Paris : Enfants en pouponnières demandent assistance, Simone Veil a très vite pris une décision qui a tout changé. La constitution d’un groupe de travail puis d’un comité de pilotage appelé « L’opération pouponnières ». Il faut dire que le film fruit d’une recherche-action menée de 1972 à 1977 présentait des images insoutenables tant les bébés qu’on y voyait semblaient démunis, désespérés et en grande souffrance alors même qu’ils ne manquaient de rien matériellement. Leur manquait le regard bienveillant d’un adulte.
Fait unique, le comité de pilotage constitué en 1978 s’est réuni pendant plus de 20 ans. Une longévité record. En 1998 ce comité de pilotage délaissait son appellation « L’opération pouponnière » pour devenir celui « de la bien-traitance institutionnelle des jeunes enfants de leurs parents, dans la séparation, de la naissance à l’âge de raison ».
A l’heure où la bienveillance éducative est dans toutes les bouches, où la bien-traitance est au cœur des préoccupations des professionnels de l’enfance, il est juste de reconnaître le rôle qu’a  joué Simone Veil dans cette prise de conscience. En tant que femme politique, elle a permis à tous les professionnels qui l’avaient alertée d’avoir les moyens de réfléchir aux meilleures façons de remédier aux déplorables conditions d’accueil de ces tout petits enfants déjà bien malmenés par la vie.
Décidément Simone Veil était une grande dame pleine d’humanité qui savait prendre ses responsabilités.
Article rédigé par : C.L
Publié le 30 juin 2017
Mis à jour le 30 juin 2017