« C'est fini la guerre ! » Par Arnaud Deroo

Consultant en éducation, thérapeute et psychanalyste, auteur

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enfant triste avec doudou
Ma dernière chronique portait sur la décision prise par le gouvernement d'avoir permis l'ouverture des crèches et de mettre à ce jour l'enfant dans des conditions inadéquates pour sa santé psychique . Et je poursuis ici car ce que m’a rapporté une accueillante de crèche m'a bien contrarié. Et elle-même a été choquée quand une petite fille de 3 ans lui a demandé « alors, la guerre c'est fini ? ». Elle s'est trouvée bien démunie, elle-même remuée par ces propos.

Je pense que cette situation va être source pour certains enfants de stress post-trauma.

En effet, qu'est -ce qu'un stress ? :  c'est une expérience qui nécessite des modifications dans notre stratégie d'adaptation habituelle. C'est ce qui s'est passe en crèche !
Qu'est-ce qu'un trauma ?  : toute expérience qui déborde notre stratégie des défenses habituelles. C'est aussi le cas.
Nous sommes donc bien en présence de critères de stress post-traumatique.
    
Chers parents, je sais que la plupart des pros de la petite enfance ont pu et font le maximum pour accueillir au mieux vos enfants et que dans certains coins de France des crèches et des assistantes maternelles ont désobéi, encore heureux, à ces directives données par le guide ministériel, mais observez vos enfants.
Si votre enfant présente ces comportements :
• irritabilités inhabituelles
• problème de sommeil, cauchemars
• réactions disproportionnées
• peurs non présentes par avant
• plus « collants » que d'ordinaire ou en détachement émotionnel
Sachez que cela peut être des signes de stress post-trauma et un stress post-trauma peut avoir des conséquences sur du long terme (problème de concentration, d'insécurité, insensibilité, se mettre en danger au niveau moteur etc.)

Comment est-ce possible d'avoir admis cela ? On me répond la peur, on me répond responsabilité. Oui bien sûr mais ne fallait-il pas affirmer haut et fort auprès des parents qu'accueillir dans de telles conditions leurs enfants est profondément inadéquat voire dangereux. Si nous abandonnons notre savoir-faire dès que la peur s'infiltre en nous, cela est bien triste. Un professionnel petite enfance se doit de défendre ce qu'il sait, porter la parole des enfants.

 Chers professionnels de la petite enfance soyez vigilants, écoutez, informez -vous dans les prochains mois car les ordonnances petite enfance sont toujours je pense d'actualité, il est temps que vous portiez votre parole.
Imaginez un jour toutes les structures petite enfance fermées, le pays aurait enfin conscience du rôle que vous jouez, remplissez et rappelons-le et vous le savez ce n'est pas que de la garde que vous faites, votre mission relève de l'extra-ordinaire.
Un syndicat semble voir le jour, une bonne chose peut être pour porter vos doléances.
    
   Professionnels petite enfance je vous applaudis, prenez soin de vous. 
 
Article rédigé par : Arnaud Deroo
Publié le 03 juin 2020
Mis à jour le 03 juin 2020