COVID-19 et modes d’accueil : Adrien Taquet se veut à l’écoute du secteur

Adrien Taquet a réuni hier en fin d’après-midi tous les acteurs de l’accueil individuel et collectif du jeune enfant. Les représentants des gestionnaires, des professionnels mais aussi la Cnaf, le HCFEA etc. L’idée : rassembler l’ensemble des acteurs, les écouter et leur manifester son soutien ; les aider à faire face à une situation difficile qui pourrait se poursuivre plusieurs mois. Une première réunion de prise de contact où le Secrétaire d’État a entendu et noté les questions de ses « invités ». Et leur a promis des réponses rapides.


 
Un type de rendez-vous qui se renouvellera tous les 15 jours
C’est un Secrétaire d’État très à l’écoute qui pendant une heure et demi a donné la parole à une trentaine de participants lors de cette première visio-conférence consacrée aux modes d’accueil et à la façon dont la crise sanitaire les affecte. Un rendez-vous qui se tiendra tous les 15 jours et qui permettra d’apporter un maximum de réponses aux questions recueillies.
Ce format inédit a d’ailleurs été salué par la plupart des invités. « Beaucoup d’écoute, peu de réponses mais de la transparence et de la bienveillancepour tous », note Elsa Hervy, déléguée générale de la FFEC. « Le fait qu’Adrien Taquet organise ce type de réunion, souligne Élisabeth Laithier, experte petite enfance de l’AMF, est positif et plutôt courageux parce que l’on sent très bien qu’il y a beaucoup de lassitude, de crainte et d’angoisse dans le secteur Petite Enfance. Ce type de rencontres permet de désamorcer colère et crispations. Par ailleurs, c’est un temps de partage où chacun comprend les difficultés et points de vue de l’autre ». Pour Sandra Onyszko , de l’Ufnafaam, « bien-sûr, il n’y a pas eu de réponses immédiates mais cela a permis de rappeler nos difficultés ». Seule Julie Marty-Pichon, présidente de la Fneje, se dit « en colère ». « Nous étions trop nombreux, nous n’avons pas eu assez de temps pour nous exprimer !  Et cela n’a servi à rien d’avoir envoyé, comme demandé, nos questions avant la réunion… » regrette-t-elle amèrement.
Une premier rendez-vous dit-on au Ministère qui était une prise de contact et surtout qui ne se substitue pas aux réunions plus techniques avec la DGCS, réunions elles qui sont ciblées sur un type d’accueil, collectif ou individuel.

Adrien Taquet : des messages et la promesse de réponses rapides
Cette réunion a d’abord été pour le Secrétaire d’Etat l’occasion de passer quelques messages à l’intention des professionnels et des parents. Soutien sans faille pour les pros : Adrien Taquet a une nouvelle fois salué leur engagement et les a remerciés pour leurs efforts et leur créativité… car il en faut de l’inventivité pour faire face aux nouvelles contraintes ! Et pour maintenir un accueil de qualité pour le bien-être des enfants et de leurs parents. Parents qui, a-t-il rappelé, doivent continuer à confier leurs enfants à leur mode de garde habituel, à respecter les contrats d’accueil et à appliquer scrupuleusement gestes barrières et consignes sanitaires en vigueur que ce soit à la crèche ou chez l’assistante maternelle.
Par rapport aux questions posées au cours de cette heure et demie (voir ci-dessous), Adrien Taquet a promis des réponses rapides, mais expliqué que certaines, notamment d’ordre financier, ne dépendaient pas exclusivement de son Secrétariat d’Etat mais aussi du Conseil d’administration de la Cnaf (les aides aux structures, EAJE, micro crèches et MAM) ou du gouvernement (l’activité partielle par exemple).
Selon son cabinet, ces questions sont en ce moment « en phase d’instruction intense et des décisions se prendront rapidement, d’ici la fin de la semaine ».

Accueil individuel : toujours des incertitudes sur le chômage partiel mais bientôt une simplification pour les attestations
 La question la plus importante actuellement pour les assistantes maternelles est de savoir si elles pourront à nouveau avoir accès au dispositif d’activité partielle comme lors du premier confinement. « Bien-sûr admet Sandra Onyszko, il y a peut-être eu des abus. Mais si le chômage partiel est possible quand les parents sont eux-mêmes dans cette situation (car travaillant dans le commerce ou la restauration par exemple) ou en cas de COVID-19…alors ce sera déjà bien ».
Point noir signalé : les 3 attestations par jour et par enfant nécessaires aux assistantes maternelles dans le cadre de leur activité. Sur ce point le Secrétaire d’Etat a reconnu qu’il fallait effectivement simplifier le système et qu’il ferait en sorte qu’une solution soit vite trouvée.
Autre question soulevée : celle des MAM qui dans certains départements n’ont toujours pas reçu les aides (3€ par jour et par place fermée) que les Caf devaient leur verser. Un sujet sensible qui là encore devrait être pris en compte rapidement car certaines MAM incapables de payer leur loyer depuis plusieurs mois sont en passe de mettre la clef sous la porte.
Les représentants de l’accueil individuel ont aussi expliqué que certaines professionnelles n’avaient pu terminer leur formation initiale et donc ne pouvaient commencer à travailler, car à cause du COVID les formations avaient été mises en stand-by par les départements. Ils ont aussi regretté que le référent COVID en principe présent dans chaque PMI n’était pas accessible aux assistantes maternelles. Ce que l’ANDASS, l’Association Nationale des Directeurs d'Action Sociale et de Santé des départements et métropoles, présente à la réunion, a reconnu.

Accueil collectif : des questions financières cruciales en suspens
Les gestionnaires de l’accueil collectif ont reformulé au Secrétaire d’État les difficultés et demandes exprimées dans la note rédigée et cosignée par l’AMF, L’UNIOPSS et la FFEC représentant les gestionnaires publics, associatifs et privés lucratifs que nous avons publiée hier matin.
Et Adrien Taquet a promis des réponses sur le soutien économique aux gestionnaires pour cette fin de semaine.
Les gestionnaires ont aussi exprimé des inquiétudes plus profondes. A l’instar d’Élisabeth laithier qui a souligné le changement de comportement des parents. Depuis la rentrée de septembre, ils mettent leurs enfants à la crèche peut-être tous les jours mais sur des temps plus courts libérant ainsi des créneaux qui ne permettent pas d’accueillir un autre enfant. Ces nouveaux comportements a-t-elle expliqué « ont des répercussions financières (participation des parents et taux de PSU) qui fragilisent les structures. ». Un sujet de fond qui mériterait une réflexion commune Cnaf, gestionnaires, Ministère, de façon urgente. Le risque :  des destructions de places.

Pros de terrain :  la question des masques et la crainte d’un retour à l’hygiénisme
Julie Marty-Pichon, dernière participante à prendre la parole, a évoqué le protocole sanitaire et notamment le port du masque obligatoire en présence des enfants. Et s’est interrogée sur son impact sur le développement des enfants et inquiétée sur un éventuel retour au « tout sanitaire » qui dominait les lieux d’accueil il y a 30 ans.
Sur ces deux points, Adrien Taquet a tenté de rassurer. Il a rappelé que le port du masque n’est pas obligatoire pour les assistantes maternelles exerçant à leur domicile quand elles sont en seule présence des enfants.
Effectivement, le port du masque s’inscrit dans la durée et on peut légitimement s’interroger sur son impact sur la santé et le développement du jeune enfant. A ce propos le Secrétaire d’État a évoqué les masques transparents (dits inclusifs), une option selon lui. Rappelant que la fourniture des masques est du ressort de l’employeur, il s’est dit prêt à les aider à s’acquitter de cette responsabilité. En permettant aux EAJE de se les procurer facilement (il y a souvent pénurie !) et surtout en identifiant les masques qui sont conformes (ils ne le sont pas tous !).
Enfin sur le risque d’un retour à l’hygiénisme du passé dans les EAJE, le Secrétaire d’Etat a juste rappelé que dans le cadre de la réforme à venir, la Charte Nationale de l’Accueil du jeune Enfant aurait force de loi. Une garantie, selon lui.

On avait reproché à Christelle Dubos son manque de présence et d’accompagnement durant le premier confinement. Adrien Traquet, lui a retenu la leçon. Il sera aux côtés des modes d’accueil aussi longtemps que durera la crise sanitaire comme il l’avait été au printemps dernier pour la Protection de l’Enfance. Rendez-vous pris dans 15 jours donc.
Aujourd’hui, les représentants de l’accueil individuel auront une nouvelle réunion avec la DGCS et demain ceux de l’accueil collectif se retrouveront pour un comité partenarial de la Cnaf.
 
Article rédigé par : Catherine Lelièvre
Publié le 05 novembre 2020
Mis à jour le 25 novembre 2020