Gilets roses ? Par Françoise Näser
Assistante maternelle, auteure
Ademas

Puis vinrent les mesures prises à notre encontre qui nous laissent simplement sans voix : obligation de démission face à des parents refusant d’appliquer la loi et de vacciner leur enfant (3), démission qui nous plongerait dans la plus grande des précarités puisqu’une éventuelle indemnisation par Pôle Emploi n’interviendrait de manière incertaine qu’après un très long parcours. Certaines collègues, confrontées à ces situations, ont d’ores et déjà dû refuser des contrats, alors qu’on sait la difficulté dans certaines régions à trouver du travail. Les assistantes maternelles, transformées en gendarmes de la vaccination, obligées de contrôler le respect du calendrier vaccinal… C’est rare, tout de même, des salariés qui contrôlent leur employeur, non ?
Puis viennent les projets pour l’année à venir qui nous interpellent et parfois nous angoissent : tel par exemple l’instauration du tiers payant qui laisse tellement de place aux incertitudes que beaucoup préfèrent attendre d’abord de voir si le système fonctionne vraiment avant de faire des choix. Ce n’est pas comme si nous n’étions déjà échaudées par les nombreuses erreurs dont nous sommes victimes ! Qui n’a pas déjà connu des erreurs de déclaration de nos parents - apprentis - employeurs impossibles à corriger par nous-mêmes, n’étant que salariées. Donc, à l’idée de la complexité du système qui va être mis en place, pour beaucoup d’entre nous, il est urgent d’attendre !
Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, reporté d’une année pour les salariés d’employeurs multiples, nous fait encore craindre le pire en cas d’erreurs. Si nous nous sentons démunies face à Pajemploi, à Pôle Emploi qu’en sera-t-il face à Bercy ? Nombreux sont les parents dont l’enfant rentre cette année à l’école et qui ne seront donc plus nos employeurs lorsque la mesure sera mise en place, à s’en féliciter. Ouf, ils ont échappé à cet imbroglio administratif ! Chapeau aux collègues qui opteront alors pour le tiers-payant, en même temps que le prélèvement à la source ! Car si les salariés lambda peuvent se dire inquiets face à cette nouveauté, qu’en sera-t-il des assistantes maternelles ?
Et pour finir de nous inquiéter, le projet de loi visant à renégocier les règles de cumul emploi-chômage, des droits-rechargeables et la révision des règles de calcul du salaire journalier de référence (4). Dans notre métier, la perte d’un ou de plusieurs contrats peut entraîner, sous certaines conditions, le versement d’un complément de salaire de Pôle Emploi, nous permettant d’attendre l’arrivée d’un nouvel enfant. Les règles d’indemnisation sont, là encore, si complexes, qu’il est souvent difficile de s’y retrouver. De plus qui n’a pas déjà subi la réclamation d’éventuels trop-perçus ? Néanmoins, pour beaucoup d’entre nous, ce complément de salaire reste vital. Si ce système devait être modifié, en notre défaveur, qu’adviendra-t-il de notre profession ?
Alors que notre pays vit des mouvements sociaux inédits, que de nombreuses colères s’expriment, devrons-nous bientôt défendre activement cette profession que nous aimons tant, et à notre tour enfiler des gilets … roses (5) ?
(1)https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/paroles-de-pro/chroniques/les-chroniques-de-francoise-naser/vous-dites-un-travail-peu-intense-par-francoise-naser
(2)https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/paroles-de-pro/chroniques/les-chroniques-de-francoise-naser/plan-pauvrete-pauvres-de-nous-par-francoise-naser
(3)https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/paroles-de-pro/chroniques/les-chroniques-de-francoise-naser/assistantes-maternelles-pas-infirmieres-par-francoise-naser
(4)https://www.facebook.com/ufnafaam/photos/a.889877064388576/2054185211291083/?type=3&theater
(5)Page Facebook « Assistants maternels en colère », groupe public
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