Le scandale des assistantes maternelles
Louise et Sonny Perseil

Que reprochent-ils exactement ? Louise et Sonny Perseil estiment en premier lieu que l’appellation même est dévalorisante car les assistantes maternelles n’assistent en rien les parents. Elles gèrent plutôt la vie de leur(s) enfant(s) pendant qu’ils travaillent… Et que dire du terme « nounou », « choquant », selon eux, « car ne reflète pas la réalité complexe de ces travailleurs. »
De plus, ils dénoncent la rémunération bien trop faible des assistantes maternelles, qu’ils jugent sous-payées. « Le salaire des ass. mat. peut théoriquement être plus de trois fois inférieur au Salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) », écrivent-ils. Et de s’indigner contre la trop forte amplitude de travail qu’elles connaissent.
Ils sont également scandalisés quant au fait qu’elles n’aient pas accès à la médecine du travail. Et pourtant, elles souffrent bien de maux liés à l’exercice de leur métier (problèmes articulaires, d’audition, maux de tête…) Une question a priori bientôt réglée puisque le Secrétaire d’Etat à l’Enfance et aux Familles a annoncé qu’elles allaient pouvoir en bénéficier.
Les auteurs pointent aussi du doigt « le pouvoir dominateur des instances de contrôle » et la peur des « visites-surprises » au domicile. S’ils ne remettent pas en cause la supervision professionnelle, somme toute nécessaire, ils pensent qu’il existe un trop grand décalage entre les assistantes maternelles, peu diplômées, et les professionnels qui évaluent et valident les agréments. En conséquence, « La manière dont les experts (…) s’adressent aux ass. mat. n’est parfois pas sans évoquer un lien de subordination hiérarchique, avec des recommandations (…), voire des injonctions (…), un peu comme s’il s’agissait de leurs supérieurs, quand bien même ce n’est absolument pas le cas (…) », peut-on lire.
Autre point : les « discriminations tolérées à l’embauche ». Pour Louise et Sonny Perseil, outre les considérations sociales des parents pour choisir la personne qui accueillera leur enfant, « les aspects discriminatoires assurément les plus graves concernent les caractéristiques ethniques et religieuses des ass. mat. …) ». Et les auteurs de questionner : « Quelles sont les mesures prises par les cadres des métiers de la petite enfance, si prompts à surveiller l’exercice de l’activité des ass. mat. pour protéger ceux-ci des actes discriminatoires dont ils sont victimes ? » Aucune semblerait-il, selon eux. De même du côté des syndicats ou des associations antiracistes…
Et la crise sanitaire dans tout cela ? Ces professionnelles se sont retrouvées livrées à elles-mêmes avec peu d’informations ou des consignes contradictoires. Certaines ont ainsi décidé d’arrêter leur activité. Toutefois, les auteurs notent que de nouvelles organisations se sont mobilisées pour les soutenir, les défendre. Une lueur d’espoir donc que souligne les auteurs, qui saluent enfin le rapport sur les « métiers du lien » des députés Bonnell et Ruffin (NB : la proposition de loi sur les métier du lien a été déposée fin septembre à l'Assemblée nationale) .
Cet ouvrage n’est pas seulement une analyse, c’est une « recherche-action », dans le sens où les auteurs proposent des solutions concrètes d’amélioration pour chaque point développé. Faire réagir, sensibiliser sur la question des assistantes maternelles, oui… mais pas que… Louise et Sonny Perseil réclament une évolution (juridique, sociologique…) de ce métier du lien indispensable à la société.
*Laboratoire interdisciplinaire de recherches en sciences de l’action
12,50
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