8 parents sur 10 déclarent avoir recours à une violence éducative ordinaire

La Fondation pour l’Enfance vient de publier son 1er baromètre sur les violences éducatives ordinaires (VEO). On y apprend que si les châtiments corporels sont en baisse, les violences psychologiques sur les enfants sont encore bien présentes.

« 79% des parents reconnaissent utiliser encore différentes formes de violences éducatives ordinaires », révèle l’étude menée par l’IFOP auprès 1 314 parents d’enfants de 0 à 10 ans pour la Fondation pour l’Enfance. Des VEO sous forme de violences physiques ou morales.

Des châtiments corporels moins nombreux
A la lecture du baromètre, il apparaît que la loi de 2019 prohibant les VEO est relativement bien connue des parents, pour 63% en tout cas. Il ressort de cette meilleure connaissance deux choses.  D’abord une diminution des violences physiques sur les enfants, même si 23% des parents donnent encore une fessée, 20% bousculent et 15% donnent une claque. Mais aussi le fait que les personnes interrogées « ont plus le sentiment qu’il reste facile d’élever un enfant sans jamais avoir recours à la violence physique (vs la violence morale). »

Les violences psychologiques encore très utilisées
Plus pratiquées que les châtiments corporels, les violences psychologiques se manifestent principalement par des cris très forts contre les enfants (55% des parents), des punitions (48%) et du chantage par la privation de dessert, écran, doudou… (46%) ou par la promesse d’obtenir quelque chose (42%). A noter, révèle le baromètre, que la majorité des parents qui recourent le plus fréquemment aux VEO ont eux-mêmes enfants soufferts de violence physique/morale (73% et 57%).

Une méconnaissance des VEO
Les parents interrogés sont nombreux à ne pas savoir exactement ce que recouvre le champ des VEO. Ainsi, pour 50% d’entre eux « les menaces, chantages et privations, ou le fait d’enfermer l’enfant dans une pièce quelques instants (time out) » n’en font pas partie. « D’ailleurs, si la violence envers son enfant est perçue assez largement comme inacceptable quel que soit le cas de figure (77%), 1⁄4 des parents se montrent plus tolérants face à la violence si celle-ci arrive rarement et si les violences sont légères », indique la Fondation pour l’Enfance. 

Pour éduquer sans violence, la majorité des parents sont donc en demande d’astuces et de conseils. La principale problématique qu’ils rencontrent : « assurer une certaine discipline sans recourir à ces violences ». Cependant, « 1 parent sur 10 n’imagine pas éduquer un enfant sans violence. Rappelons que dans certains cas, la violence justifiée par l’éducation peut être le point d’entrée dans des formes de maltraitances plus graves », alerte la Fondation.

Aller plus loin que la loi de 2019
La Fondation estime qu’il faut éduquer « sans violences mais pas sans limites ». Selon elle, la loi contre les VEO n’est pas suffisante, elle appelle donc les pouvoirs publics « à inscrire la lutte contre les VEO dans un plan d’information et d’éducation des parents et de tous les professionnels de l’enfance. »

Et pour cela, elle recommande de :
  • Encourager les acteurs de soutien à la parentalité à aller au-devant des parents pour permettre la prise en charge d’un plus grand nombre de familles en difficulté.
  • Financer des programmes de soutien à la parentalité qui ont été évalués méthodiquement et qui ont fait leurs preuves.
  • Produire des recommandations claires et lisibles pour les familles, pour les éclairer sur la question des repères et limites dans l’éducation.
Télécharger ci-dessous le baromètre
Article rédigé par : CF
Publié le 17 octobre 2022
Mis à jour le 17 avril 2023