La place du sucre dans l’alimentation des tout-petits
« Le sucre est présent dans toute notre alimentation sous de nombreuses formes », rappelle Catherine Bourron-Normand. Les sucres lents sont contenus dans les féculents : les pâtes, le riz, le pain, la semoule, les pommes de terre, les légumes secs… Ils permettent d’avoir de l’énergie sur le long terme. Les sucres rapides se retrouvent dans les fruits et une partie des légumes, et bien sûr dans les produits sucrées comme le sucre, les confitures, gelées, biscuits. Ils donnent de l’énergie rapidement métabolisable. Et certains aliments contiennent les deux types de sucre comme les gâteaux secs.
Le sucre : introduit dès le début de la diversification alimentaire
Les féculents, les fruits et les légumes sont introduits dès le début de la diversification alimentaire, c’est-à-dire entre 4 et 6 mois selon l’acceptation de l’enfant. Puis de 8 mois à 3 ans, les recommandations préconisent un dosage en sucre ne dépassant pas les 10 à 20 grammes par jour, soit environ 4 cuillères à café.
Concernant le sucre en poudre, certains parents ou professionnels privilégient le sucre roux au sucre blanc, qui serait moins bon pour la santé : « une distinction qui a peu en réalité peu d’impact sur la santé de l’enfant, explique la diététicienne, car la qualité nutritionnelle de ces deux types de sucre est quasiment la même ».
On évite cependant de donner aux jeunes enfants des bonbons et sodas qui ne sont pas adaptés. Quant au miel, il est recommandé de n’en donner qu’à partir de l’âge d’un an.
Le sucre : un besoin différent chez les jeunes enfants et chez les adultes
Il arrive qu’au cours de ses consultations, la diététicienne reçoive certains enfants montrant de mauvaises courbes de croissance entre 6 mois et 3 ans. En étudiant leur alimentation, elle constate souvent une insuffisance d’apports en féculents, en matières grasses et une absence totale de sucre rapide… Comme certains parents, certaines crèches interdisent le sucre dans les repas des enfants accueillis. « C’est très étonnant, le sucre est devenu l’aliment diabolique responsable de tous les maux - ce qui n’est pas le cas », assure Catherine Bourron-Normand. Elle rappelle d’ailleurs que le Programme National Nutrition Santé préconise de manger « moins gras, moins salé, moins sucré », mais en aucun cas d’arrêter de consommer des matières grasses, du sel et du sucre. Et d’expliquer qu’il y a une certaine confusion entre l’alimentation des enfants et celle des adultes. Une partie d’entre eux limitent en effet fortement leur consommation en sucre pour des raisons de santé ou dans le cadre d’un régime visant à perdre du poids… Il n’y a en revanche aucune raison préalable de bannir le sucre des repas du jeune enfant. « Le sucre, les aliments comme les confitures, les gelées, font partie de ses découvertes gustatives souligne-telle, et constituent un besoin réel pendant cette période entre 0 et 1 an où il connaît une croissance énorme. »
La clé : proposer une grande variété d’aliments
Les adultes craignent souvent qu’après avoir donné, par exemple, un yaourt sucré à l’enfant, celui-ci ne veuille plus manger de yaourt nature. « Cela ne se vérifie pas toujours », note la diététicienne. L'important est de diversifier le plus possible les repas proposés au tout-petit pour qu’il soit en mesure d’accepter un maximum d’aliments. Ajouter un peu de sucre dans les produits qui en sont dépourvus peut les aider à en apprécier de nouveaux - il arrive en effet que des enfants refusent les petits suisses ou les compotes d’abricot car trop acides à leur goût. « Rajouter une cuillère à café de sucre n’aura pas d’impact sur leur santé future et ne les condamnera pas à l’obésité », rassure-t-elle. De la même façon, on peut se permettre de mettre du chocolat dans le lait de l’enfant, un peu de confiture sur une tartine, donner un gâteau pour le goûter… Par ailleurs certains enfants ont un gros appétit qu'il est difficile de limiter sur tous les aliments, qu'ils soient sucrés ou salés. Il s'agit donc là encore de bien équilibrer les repas avec toutes les catégories d'aliments, de proposer des aliments avec des textures intéressantes à mastiquer et qui calent mieux ces enfants.
Il faut donc bien sûr respecter les recommandations alimentaires pour les jeunes enfants, mais ne pas les priver de ressources nécessaires en interprétant leurs besoins en fonction des nôtres.
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