Le quatre pattes : son importance avant l’acquisition de la marche
« Le quatre pattes permet vraiment d’utiliser le bas et le haut du corps », explique Emmanuelle Langlois, psychomotricienne. C’est pourquoi c’est un bon passage entre le ramper et la marche. « L’enfant expérimente une coordination entre droite et gauche, différente de celle du ramper. » Dans cette nouvelle position, il trouve un autre équilibre, plus intéressant pour l’acquisition de la marche. Pourquoi ? Pour avancer en quatre pattes, il faut déplacer un bras et la jambe qui lui est opposée, par exemple le bras droit et la jambe gauche. Compliquée, cette opposition représente une information précise qui entraîne de nouvelles connexions dans le cerveau, utiles au développement de la coordination du corps. « C’est pour cela qu’assimiler le quatre pattes est plutôt intéressant ». Il est inutile, comme certains parents le font, de les faire asseoir tout de suite : c’est une étape qui doit venir après le quatre pattes, même si « malheureusement, on voit souvent le contraire », regrette la psychomotricienne. Une fois qu’ils maîtrisent le quatre pattes, les enfants trouvent plus facilement comment s’asseoir : les fesses se hissent, puis l’enfant les pose sur le côté et peut ainsi dégager les bras et les jambes et se rééquilibrer facilement.
A hauteur d’enfant
Privilégier la motricité libre, tout le monde est d’accord, et comme le souligne Emmanuelle Langlois, « On ne le dira jamais assez : il faut laisser le petit enfant évoluer librement, en intervenant le moins possible ». C’est le fondement de la motricité libre popularisée par Emmi Pikler. Pour amener l’enfant à passer du ramper au quatre pattes, son plus grand conseil est de continuer à placer l’enfant sur le ventre. « Il va explorer ainsi de lui-même son espace environnant ». Vous pouvez l’accompagner dans cette exploration en vous mettant un maximum à sa hauteur : « les regards et échanges que vous partagez alors avec lui aideront l’enfant à rester dans cet espace. » S’il vous voit toujours debout au-dessus de lui, il sera tenté de se lever plus vite, avant même d’avoir pu maîtriser l’équilibre sur quatre pattes. On peut éventuellement aider l’enfant en posant une main contre l’arrière de ses pieds ou le positionner près d’un mur pour qu’il se sente plus en confiance quand il pousse sur ses bras. « Il peut prendre ainsi appui contre quelque chose et comprendre que le mouvement vient du bas ».
Créer un espace sécurisé et stimulant
L’enfant ne doit pas être débordé de jouets : il faut varier ce que vous lui proposez. « S’il a trop d’objets à sa portée, il prendra peur et pourra être frustré. Il a besoin de sentir qu’il peut maîtriser quelque chose » précise Emmanuelle Langlois. Balles, petites voitures, vous pouvez faire passer devant lui des objets qui roulent, afin d’attirer son regard dans une autre direction. Vous pouvez également lui proposer une petite chose à attraper et ainsi l’amener à prendre son équilibre sur trois pattes. Il vaut mieux laisser au maximum l’enfant évoluer pieds nus, ce qui lui permet de mieux sentir le sol sur lequel il prend son appui. Il est également préférable de le faire porter des vêtements dans lesquels il sera le plus à l’aise pour bouger les bras et les jambes : si possible, évitez les chemises et les robes longues. Elle insiste sur la nécessité de « libérer le mouvement ». C’est pour cela que certaines crèches choisissent de laisser les enfants en body toute la journée.
Seul l’enfant choisit
« Dans l’idéal, il faudrait que le quatre pattes soit une étape incontournable dans le développement moteur de l’enfant » explique Emmanuelle Langlois. Mais elle tient à rappeler que tous les enfants ne passent pas par là et que ce n’est pas grave. « C’est dommage de forcer les enfants, il faut leur laisser le temps d’expérimenter la position ». Sans oublier tout ce qui arrive à ce stade de l’enfance : poussées dentaires, babillage, chaque petit enfant vit quelque chose de nouveau à un moment différent des autres, tout ne peut pas se faire en même temps. « Si l’enfant est déjà dans un apprentissage, il n’aura pas forcément envie de faire l’apprentissage du quatre pattes à ce moment-là ». On peut voir aussi des positions atypiques de quatre pattes, comme l’enfant sur les fesses, une jambe repliée, l’autre en trépied : « un cas finalement assez commun » précise la psychomotricienne. Certains enfants commencent par reculer en quatre pattes, ce sont souvent ceux qui ont beaucoup rampé : ayant plus de force dans les bras, ils vont pousser très fort sur leurs appuis et aller vers l’arrière (une réaction mécanique). Plutôt que d’avancer ou reculer, d’autres vont simplement se balancer d’avant en arrière à quatre pattes. « En manque de confiance, les enfants se balancent pour découvrir et expérimenter cette position », indique Emmanuelle Langlois.
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