Pacte des solidarités, 40 mesures pour lutter contre la pauvreté, dès la petite enfance

La Première ministre Elisabeth Borne a dévoilé hier matin, aux fédérations et grandes associations de lutte contre la pauvreté, le Pacte des solidarités qui entrera en vigueur au 1er janvier 2024. Porté par la ministre Aurore Bergé, il regroupe 40 mesures concrètes dont certaines concernent la petite enfance. 

Après huit mois de reports successifs, l’annonce était attendue. La Première ministre Elisabeth Borne a réuni lundi matin 18 septembre, à Matignon, les fédérations et les associations de lutte contre la pauvreté afin de leur présenter le Pacte des Solidarités, l’acte II de la stratégie de lutte contre la pauvreté mise en œuvre par le gouvernement. Elaboré en concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur depuis un an, le dispositif sera porté par la ministre des Solidarités et des Familles Aurore Bergé « en lien étroit avec l’ensemble des ministres concernés », précise le communiqué. 

Des mesures concrètes pour lutter contre les fragilités sociales

Alors que la pauvreté touche près de 15% de la population en France, selon l’Insee, le Pacte des Solidarités annonce plus de 40 mesures concrètes déclinées en quatre axes prioritaires, afin de lutter contre les fragilités persistantes de notre modèle social, que précise le communiqué : « la forte reproduction de la pauvreté entre générations, la difficulté à sortir de la pauvreté rapidement, notamment en retrouvant un emploi et le non-recours persistant aux droits ». 

Deux premiers axes concentrent notamment les mesures adressées à la petite enfance. 
« La prévention de la pauvreté et la lutte contre les inégalités dès l’enfance, en s’assurant que le déploiement du service public de la petite enfance bénéficie à tous, en généralisant les dispositifs de soutien à la parentalité, en renforçant le déploiement des petits déjeuners gratuits à l’école, en offrant un meilleur accompagnement aux enfants mal logés et en garantissant l’accès aux loisirs et aux vacances à tous »
« La sortie de la pauvreté par le retour à l’emploi pour tous, grâce à des actions pour lever les freins périphériques (modes de garde, santé, logement, mobilité) ainsi que les freins financiers ponctuels à la reprise d’activité et pour déployer les dispositifs d’accompagnement des personnes les plus éloignées de l’emploi qui ont montré leur efficacité, tels que le CEJ (Contrat d'Engagement Jeune) pour les jeunes en rupture »

Le gouvernement maintient le cap des 200 000 places d’accueil pour 2030 
La nouvelle stratégie, ciblée sur les publics les plus fragiles, réaffirme les engagements structurels de la précédente stratégie pauvreté qui avait été dotée de 8,5 milliards d’euros sur 4 ans. Une politique que le gouvernement présente comme ambitieuse, avec « une augmentation de 50% des crédits dédiés à la lutte contre la pauvreté par rapport à la stratégie précédente ». On y retrouve l’engagement à la création de 200 000 places d’accueil pour la petite enfance d'ici à 2030, annoncé par Elisabeth Borne lors du CNR petite enfance à Angers le 1er juin dernier. La Première ministre l’affirme, « ce Pacte, c’est œuvrer pour l’égalité des chances et lutter contre les déterminismes, qui peuvent tracer, dès l’enfance, des trajectoires de vie et condamner les rêves et les talents de certains de nos concitoyens". 
Le rendez-vous est pris pour une « conférence permanente des solidarités » avec l’ensemble des parties prenantes et le gouvernement, en début d’année 2024.

Des réactions mi-figue mi-raisin
- Pour les associations réunies au sein du collectif ALERTE, « les mesures du Pacte des Solidarités présentées par la Première ministre ne semblent pas prendre en compte l’urgence de la situation ». Le collectif dénonce une aggravation de la crise sociale causée par l’inflation et regrette que le gouvernement ne prenne pas en compte « la dimension de l’intensification et de l’accroissement de la pauvreté ».  Notamment « en refusant de relever les minimas sociaux, (…) en ne soutenant pas les associations de solidarité ».
- L’UNICEF France « salue la prise en compte des enfants mais appelle à redoubler d’efforts pour éradiquer la pauvreté infantile ». Elle reconnait que le Pacte de Solidarités reprend un certain nombre de mesures soutenues par l’UNICEF France, notamment la création d’un Service Public de la Petite enfance ou la création d’un observatoire de la non-scolarisation. « L’UNICEF France restera attentif à la traduction concrète de ces engagements, y compris en loi de finance. » précise l’ONG dans un communiqué. 
 
Article rédigé par : L.Y
Publié le 19 septembre 2023
Mis à jour le 21 septembre 2023