Assises de l’école maternelle : des perspectives concrètes pour l’avenir

Les premières Assises de l’École Maternelle, « un moment historique » se sont achevées au terme de deux journées très denses. Jean-Michel Blanquer, Ministre de l'éducation nationale, retenu à l’Assemblée Nationale, a dû déléguer le soin de les conclure à Jean-Marc Huart, directeur général de l’enseignement scolaire.

Évidemment on retiendra de ces Assises l’annonce par le président de la République de l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire à 3 ans. Jean -Marc Huart a précisé qu’une disposition législative allant dans ce sens serait proposée au Parlement en début d’année prochaine pour une mise en place effective à la rentrée 2019. « C’est une mesure ambitieuse d’égalité sociale » qui a pour objectif de permettre à tous les enfants de maîtriser les acquis fondamentaux à la fin de la scolarité obligatoire Et de donner toute sa place à l’école maternelle dans le système scolaire pour contribuer à cet objectif.

L’école comme lieu d’égalité et d’épanouissement
L’école doit donc être un lieu d’égalité sociale. Ce qui passe notamment, comme il a été mis en évidence par nombre de chercheurs durant ces des deux jours, par l’acquisition du langage. L’école maternelle doit être aussi un lieu d’épanouissement qui prend en compte les besoins spécifiques des enfants. « Elle protège, prête attention aux problèmes de santé, prend en compte le bien-être physique et moral de l’enfant », a souligné Jean-Marc Huart.

Vers des formations conjointes enseignants - ATSEM
C’est donc une nouvelle façon de concevoir l’école maternelle qui se dessine. La mise en œuvre de ces objectifs passe par le renforcement de la formation des enseignants. Mais aussi par celle de leurs collaborateurs au sein des classes, les Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles (ATSEM) dont le rôle essentiel au cœur de l’école maternelle et la place au sein de la communauté éducative ont largement été commentés pendant les Assises. « Nous avons des ambitions de formations conjointes pour prendre en compte les spécificités de l’école maternelle, a expliqué Jean-Marc Huart. Ces spécificités sont aussi des leviers d’actions. » En prenant pour exemple l’importance de la relation affective, mais aussi les nécessaires modalités pédagogiques comme la manière de penser l’aménagement de l’espace dans les classes. Au cours d’une des deux tables-rondes de l’après-midi, des exemples de formations conjointes ont d’ailleurs été présentés notamment par des représentants de l’Académie de Lille.

Nécessité d’agir collectivement
Enfin Jean-Marc Huart a souligné le rôle des collectivités territoriales et des municipalités. Et précisé que les pratiques mises en œuvre s’appuieront sur la recherche scientifique, « une condition nécessaire de la légitimité et de l’efficacité de nos politiques. » Il a également assuré que les liens entre l’enseignement et le monde de la petite enfance seront renforcés et rappelé l’implication essentielle des parents dans l’école car ce sont « des alliés du quotidien ». On peut néanmoins regretter comme l’a exprimé Julie Marty-Pichon, coprésidente de la Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants (FNEJE), qu’aucun professionnel de la petite enfance n’ait été convié à la table-ronde où devait être abordée « la continuité entre les structures d’accueil de la petite enfance et l’école » (en réalité le thème a été à peine effleuré). Pas un mot sur les projets passerelles notamment. Seules les interventions de la salle ont permis de mettre en évidence les liens qui pouvaient se nouer entre crèche et école maternelle. A Bordeaux par exemple, dans certaines classes maternelles, un trio de professionnels travaille ensemble : professeur des écoles, ATSEM et auxiliaire de puériculture. Des initiatives intéressantes mais coûteuses pour les communes.

Les perspectives ouvertes par ces deux jours où chercheurs, professionnels de terrain et élus se sont côtoyés, sont maintenant à approfondir collectivement. Des groupes de travail - réunissant les acteurs et partenaires de l’école - vont être mis en place dans les prochains mois pour penser des déclinaisons concrètes. Ces Assises de l'Ecole Maternelle auront donc permis « d'ouvrir une nouvelle page de l'école dont nous sommes fiers » a conclu Jean-Marc Huart.
Article rédigé par : A.B.B. et CL
Publié le 28 mars 2018
Mis à jour le 09 décembre 2019