Prise de conscience de la violence éducative ordinaire : les résultats de l’enquête OVEO

A l’occasion de la Journée de la non violence éducative ordinaire qui se tient aujourd’hui mardi 30 avril, l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) a publié les conclusions de sa première enquête sur la prise de conscience de la violence éducative ordinaire (VEO).
L’organisme a entrepris cette étude afin d’améliorer la connaissance de la VEO et de mieux comprendre le processus qui amène à en prendre conscience. Une enquête a ainsi été menée sur cinq mois en 2017 auprès d’un public sensibilisé à la question composé de plus de 2000 personnes (à 95% des femmes). Elles ont été invitées à répondre à un questionnaire d’une trentaine de questions, ouvertes et fermées, abordant plusieurs aspects de la question. Des données qui n’avaient jusqu’alors jamais été étudiées en France. Voici les conclusions qui s’en dégagent.

Les éléments-clés ayant permis la prise de conscience
De manière générale, la prise de conscience de la VEO est récente : moins de 3 ans pour la moitié des répondants, entre 4 et 10 ans pour un tiers.
Pour la majorité des personnes interrogées, c’est la réflexion autour de leur propre parentalité qui les a menées à changer de regard. Chez certains, ce sont les difficultés rencontrées qui les ont conduits à modifier leurs schémas éducatifs. Les résultats montrent aussi que les informations relatives au développement de l’enfant et aux conséquences de la VEO mènent à une perception de la violence plus aiguisée et à des représentations du rapport enfant/adulte différentes.
A savoir que la prise de conscience de la VEO a eu des effets les différentes sphères des personnes concernées : relation à leurs enfants/petits-enfants, relation à leurs propres parents ou d’autres membres de la famille, vie de couple, relation aux institutions en lien avec l’enfance, vie professionnelle, engagement associatif, sur eux-mêmes…

La perception de la violence
L’enquête révèle un impact fort de cette prise de conscience sur la perception du degré de violence des actes « éducatifs » traditionnellement admis. Ainsi avant la prise de conscience, seul 10% des répondants percevaient le fait de laisser pleurer un bébé comme une violence « grave » pour 70% après. De même, considérer comme une violence le fait de nier ou minimiser les émotions des petits est passé de 10 à 60% après la prise de conscience.

L’impact sur le comportement parental
De nombreux actes auxquels les parents pouvaient recourir fréquemment, tels le chantage, les confiscations, la mise à l’écart, deviennent exceptionnels. Par exemple à la question « Si vous avez des enfants, avez-vous pratiqué de la VEO envers eux avant d’en avoir pris conscience ? Et depuis ? » : la part de réponses « non, jamais » a augmenté de 50 à 71% pour le fait de forcer un enfant à manger, et de 47 à 69% concernant les fessées. Le recours à d’autres actes s’est également beaucoup réduit, notamment la privation d’affection, les menaces, les paroles blessantes, les comparaisons…

Les causes menant les parents à se montrer violents
Interrogées sur les facteurs qui les menaient à recourir à des pratiques violentes, les personnes ont cité à 90% la fatigue, suivie par les difficultés extérieures générant du stress et par le manque de confiance en soi. Elles ont également évoqué leur propre éducation, leurs difficultés à comprendre le comportement de l’enfant, également le manque de soutien du/de la conjoint(e).

Les moyens de soutien et de sensibilisation jugés pertinents
L’OVEO a souhaité savoir ce que les répondants au questionnaire estimaient adapté et pertinents pour apporter de l’aide aux parents. Ils ont évoqué l’aide psychologique individuelle, les groupes de discussions entre parents, sur internet, une aide ponctuelle permettant d’avoir du temps pour soi, l’appel à un professionnel d’aide à la parentalité, l’appel à un réseau institutionnel/associatif de soutien à la parentalité, ou encore un numéro vert pour obtenir des conseils.
Egalement interrogés sur les moyens d’information et de sensibilisation pour généraliser la prise de conscience, les répondants ont majoritairement invoquée la formation des professionnels. D’autre part des informations écrites ou un entretien individuel pendant la grossesse ou la première année de vie de l’enfant, des émissions d’informations ou des campagnes dans les médias, une information auprès des enfants, une diffusion de témoignages, etc.

Pour l’OVEO, ces résultats « sont éloquents pour démontrer combien la perception de la violence est culturelle et peut évoluer ». L’organisme espère aujourd’hui pouvoir, en collaboration avec des chercheurs, analyser plus en profondeur ces résultats afin de pouvoir en rendre compte dans une perspective pluridisciplinaire.

Consulter l'intégralité des résultats de l'enquête


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Article rédigé par : A.B.B.
Publié le 30 avril 2019
Mis à jour le 09 décembre 2019