Stratégie pauvreté : les groupes de travail ont remis leurs propositions à la Ministre

Hier jeudi 15 mars, Agnès Buzyn et Olivier Noblecourt ont officiellement clôturé la concertation territoriale sur le plan de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes. Ce plan national avait été annoncé en octobre dernier par le président Emmanuel Macron qui en avait confié la charge à la Ministre des Solidarités et de la Santé et le délégué interministériel nommé à cette occasion - et la concertation sur la stratégie lancée en décembre.

Une mobilisation à la hauteur du défi
Déclinée sous plusieurs formes, elle a mobilisé un très grand nombre d’acteurs entre janvier et mars. 18 rencontres territoriales et déplacement en régions (dont une journée avec l’Outre-mer) ont eu lieu, rassemblant plus de 2000 personnes. La consultation citoyenne en ligne « #stratégiepauvreté - Votre avis nous intéresse ! » a reçu 7200 contributions. Et les six groupes de travail thématiques ont compté près de 40 réunions et 50 auditions. Agnès Buzyn et Olivier Noblecourt ont largement remercié tous les acteurs de la stratégie et ont applaudi la qualité du travail fourni, assurant que les objectifs avaient été atteints - à savoir impliquer les acteurs de terrain, faire parler les personnes accompagnées, émettre des propositions concrètes et ambitieuses…

Des engagements forts à tenir
La ministre a par ailleurs mis l’accent sur quelques points à retenir selon elle. « La pauvreté n’est pas le fruit du hasard, elle n’est pas une marque infâmante. Elle naît et se perpétue d’une série de difficultés qui se cumulent et s’entretiennent (…). Elle se nourrit du sentiment d’exclusion, elle vit de la perte de l’espoir (…). Quand on lutte contre la pauvreté, on cherche à rétablir un équilibre absent, une confiance rompue - notamment avec l’accueil de la petite enfance en crèche (…). » Elisabeth Laithier, maire adjointe chargée de la petite enfance à la ville de Nancy et coprésidente du groupe de travail sur la petite enfance à l’Association des Maires de France (AMF) a ensuite pris la parole en rappelant « l’absolue nécessité d’associer les territoires » pour leur connaissance fine du terrain et leur capacité à maintenir des projets existants ou soutenir de nouveaux projets répondant aux problématiques. Isabelle Sancerni, présidente du Conseil d’administration de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf), a soulevé elle aussi l’importance de « maintenir un juste équilibre entre les mesures universelles et les démarches ciblées ». Il s’agit dit-elle de « trouver comment consolider l’offre de services aux familles, particulièrement en petite enfance, notamment envers les publics fragiles. » Enfin selon François Soulage, Président du Collectif ALERTE, « on a le sentiment qu’enfin, on ne va pas mettre les personnes accueillies dans des dispositifs spécifiques, et que tout ce qui est là est pour leur permettre d’accéder au droit commun. » Mais il espère que le Gouvernement ne gommera pas un certain nombre de ces mesures.

20 mesures pour éradiquer la pauvreté des enfants et des jeunes
Les groupes de travail ont remis à la ministre hier soir leurs propositions, fruits de tout le travail de réflexion et de concertation qu’ils ont porté pendant trois mois. Le groupe de travail n°1 qui avait pour sujet « Eradiquer la pauvreté des Enfants » a été mené par Nathalie Casso-Vicarini, présidente fondatrice de l’association Ensemble pour l’éducation de la petite enfance, et Frédéric Leturque, maire d’Arras, vice-Président de la Communauté urbaine d’Arras, délégué à l’Habitat et à la Politique de la Ville, conseiller régional des Hauts-de-France. Ils ont dégagé trois grandes ambitions : éradiquer la pauvreté des enfants en investissant dans l’accueil professionnel et le développement harmonieux de la petite enfance, notamment en contexte collectif ; éradiquer la pauvreté des enfants en investissant pour un soutien à toutes les familles ; une gouvernance des instruments de suivi au service de ces objectifs. Afin de mettre en œuvre ces ambitions et les 7 grands objectifs définis, le groupe de travail propose 20 mesures. Lors de leur présentation d’hier, les deux présidents ont mis en exergue deux d’entre elles. La mesure 1 « Viser à l’horizon 2030 un accès universel aux modes d’accueil de la naissance à 3 ans » et la mesure 6 « Constituer un socle de contenu de formation commun à tous les professionnels de la petite enfance, de l’école maternelle et du soutien à la parentalité ».

Le gouvernement doit maintenant arbitrer sur toutes les propositions des groupes. Les semaines à venir vont être « extrêmement lourdes » comme l’a souligné Olivier Noblecourt, précisant qu’il ne s’agirait pas de faire un nouveau plan mais de « faire durablement reculer la pauvreté en combattant ses causes » tout en « préservant ce cadre d’engagement collectif ». En tout cas le pari est tenu car dit-il « Nous avons réussi à faire de l’enfant lui-même un enjeu de politique sociale et familiale, un enjeu dans la lutte contre la pauvreté. »

Retrouvez ici les 20 propositions
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery
Publié le 16 mars 2018
Mis à jour le 09 décembre 2019