L’épreuve du renouvellement d’agrément. Par Nadège R
Assistante maternelle
Je dirais bien que j'exagère, mais hélas pas tant que ça ! Je sais qu'il y a des puéricultrices adorables qui sont justes et douces mais pour avoir parlé avec bon nombre de MAM et assistantes maternelles exerçant à leur domicile, je peux vous dire que ce n'est pas le cas partout ! Une disparité de méthodes, de jugements aussi…qui participent grandement au stress de ladite assistante maternelle en demande de renouvellement de son agrément !
Un métier fort, prenant, quand il est bien exercé et cela avec passion, mais où ce sentiment d'insécurité domine ! Pourquoi me demanderez-vous ?
Notre métier est instable de par les contrats qui peuvent disparaître du jour au lendemain, les calomnies qui peuvent déclencher une enquête de la PMI, tant parfois la parole d'une voisine ou d'un parent malveillant prédomine sur l'éventuelle sincérité de l'assistante maternelle concernée !
Instabilité due à la recherche permanente d'un emploi, sans certitude de trouver pour la bonne période, et rester ainsi sans emploi ou avec une perte de salaire sur plusieurs mois. Instabilité générée également par cette PMI qui, par crainte d'une nounou malveillante et d’être jugée trop laxiste, multiplie les contrôles chez les nounous.
Et tous les 5 ans, rebelote, c'est la même histoire ! Les questions qui s'enchaînent, des yeux rivés sur nous pendant qu'on nous observe et qu'on juge chaque parole, chaque mouvement que l'on va faire avec l'enfant. Certaines puéricultrices, dans un souci de vérité, se montrent parfois froides, afin de décontenancer l'assistante maternelle, seule ou en Mam. Or, bouffée parfois par le stress, la pauvre nounou peut en perdre son latin, faire des erreurs qu'en temps normal elle n'aurait pas commise. Toujours dans ce souci de vérité elles peuvent aussi parfois enchaîner les critiques (et oui nous sommes humaines) mais en oubliant aussi de dire les choses positives qu’elles voient de la nounou.
Il y a même celles, par excès de zèle, qui sortent des choses incompréhensibles à l'assistante maternelle : des demandes rocambolesques comme par exemple que leur mari ne revienne pas à la maison tant que tous les enfants gardés ne sont pas partis où exiger qu’elle se sépare d'un animal pourtant autorisé, et j'en passe.
Comment ne pas être alors dégoûtée ? Se dire que tous les 5 ans il va falloir prouver qu'on fait bien notre métier, toujours avoir à s'excuser, s’accorder avec eux, parfois aller contre ses propres valeurs ?
Qu'il est difficile d'exercer un métier aussi dur par sa précarité, son instabilité et le peu de confiance qui nous est accordé ! Tout cela sous prétexte que nous n'avons pas forcément de diplôme, tout juste pour certaines un cap petite enfance, limite jugé inutile au final puisque l'on nous reproche le manque de formation, de diplôme, de ne pas assez aller au RAM et j'en passe…. Dans combien de métiers doit-on ainsi constamment prouver qu'on peut continuer à travailler ? Tous les 5 ans ce sera le même cirque vous pensez ?
À quand alors ce diplôme tant demandé par les assistantes maternelles afin de pouvoir ENFIN crédibiliser notre métier, l’acquérir enfin définitivement cet agrément, sans avoir tous les 5 ans à prouver ce que l’on vaut !
Et encore 5 ans je suis gentille ! En Mam j'ai déjà eu 4 fois la visite du médecin de PMI et de ses puéricultrices (du secteur et du conseil départemental) : pour ouvrir (3 entretiens), visite surprise (1), demande d'une remplaçante au sein de la Mam pour congé maternité (2 entretiens), renouvellement d'agrément (2 entretiens) et si de nouveau un congé maternité se présente, il faudra encore les revoir et répondre à toutes leurs questions. Sérieusement ? En 5 ans ?
Je crois en moi, en la qualité de mon travail, en ma collègue, en la Mam, je crois aux bonnes assistantes maternelles et non aux ragots qui représentent une minorité d'assistantes maternelles et pourtant qui arrivent à donner d'elles une mauvaise image…
On nous reproche de ne pas être assez qualifiées, diplômées, de parfois trop gagner (si, si !)
Ben fais-le toi : les 50h par semaine avec 4 enfants. Dans les cris, les odeurs de caca, les vomis, les jouets à ramasser, les enfants à porter, les purées balancées… Tout ça au milieu de toute cette instabilité ? Ne jamais savoir si tu vas correspondre aux attentes des parents, s'ils ne vont pas déménager, ou juste partir pour une crèche… Toujours travailler dur, longtemps, rechercher un emploi tout le temps…. En étant parfois si peu considéré par certains parents ou services de PMI ?
S'il n'y avait pas ces sourires, ces beaux yeux qui nous fixent de cet air angélique, de cet esprit si pur, il y a longtemps que nous aurions arrêté ! Nous existons et continuons grâce aux enfants que nous gardons, qui nous rappellent tous les jours que oui, nous sommes de bonnes nounous.
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