Christel Lache, RSAI : « L’accueil inclusif ne peut reposer uniquement sur le Référent Santé et Accueil Inclusif »

Infirmière puéricultrice, Christel Lache est Référente Santé et Accueil Inclusif (RSAI) dans 9 micro-crèches. Elle partage ici son expérience, les différentes facettes de cette fonction nouvellement créée par la réforme des services aux familles et ses premières impressions. 
Valoriser le travail des pros et accompagner les familles
Je suis RSAI au sein d’une micro-crèche dans laquelle est accueilli un enfant porteur de handicap moteur et cérébral. Cet enfant est accueilli depuis 2 ans et une dérogation a été accordée pour sa 3e année. La première chose que l’équipe me dit : « Si on avait su que ce serait si difficile…» et « nous ne servons à rien pour cet enfant ». Il s’agit dès lors pour moi non pas de les accompagner dans l’accueil inclusif au quotidien, celui-ci étant déjà mis en place depuis 2 ans, mais dans la valorisation de leur travail afin de leur faire prendre conscience que cet accueil ne sert pas à rien. Il permet à cet enfant d’être accueilli au sein d’une collectivité et de vivre des émotions, des sensations autres qu’à la maison, et il permet aux parents de souffler et de prendre du temps pour eux. Il s’agit également pour la responsable et moi d’accompagner la famille dans la suite de l’accueil, l’école maternelle. 

Aller vers plus d’inclusion
Puis, je me pose la question : cet accueil est-il réellement inclusif ? En effet, chaque matin de chaque jour les parents doivent fournir le nécessaire adéquate pour leur enfant : coque transat, couverts, assiette, verre… et oui, aucune aide n’ayant été attribuée pour cet EAJE dans cet accueil. Chaque matin, cela leur rappelle encore un peu plus que leur enfant a besoin de ce matériel pour être accueilli à la crèche. Chaque matin, cette manutention lourde et énergivore leur rappelle le handicap de leur enfant. Est-on réellement dans un accueil inclusif ? Ne pourrait-on pas imaginer une structure capable de fournir aux EAJE le matériel nécessaire à l’accueil inclusif de la famille, afin de faire en sorte que cette famille, comme toutes autres, arrive avec un simple petit sac à dos le matin ? N’oublions pas qu’accueillir un enfant c’est avant tout accueillir sa famille. 

Le rôle du RSAI dans le repérage d’un possible accueil inclusif
Dans une autre structure, l’équipe m’interpelle et me demande de venir en observation. Elles ont besoin de mon retour sur le développement d’un enfant et se pose plusieurs questions, notamment ses capacités à entendre et à parler.  La mission du RSAI devient alors un soutien dans le repérage d’un possible accueil inclusif et dans le questionnement de l’équipe. Il peut également s’accompagner d’un échange avec le pédiatre et la famille. La mission d’accompagnement et de conseil est importante devenant un véritable soutien pour les équipes et la parentalité, nécessaire pour faciliter l’accueil de tous les enfants.

Former les équipes à l’accueil inclusif
La mission du RSAI est un soutien dans l’accueil inclusif comme dans tous les accueils. La principale mission est selon moi l’accompagnement que ce rôle peut offrir aux établissements, notamment lorsque le RSAI n’intervient pas dans l’accueil au quotidien des enfants. Celui-ci a dès lors le recul, la prise de distance qu’il est parfois difficile pour les équipes accueillantes d’adopter. C’est un des enjeux pour favoriser un véritable soutien pour les professionnelles petits enfance en EAJE mais également dans la parentalité, nécessaire pour faciliter l’accueil du jeune enfant et de sa famille. 

Mais l’accueil inclusif ne peut reposer uniquement sur le RSAI. Il me semble qu’il est nécessaire de former réellement les équipes à l’accueil inclusif et à son repérage, sans forcément parler de pathologies mais essentiellement d’accompagnement de l’enfant et de sa famille afin d’adapter leur posture professionnelle dans cet accueil. Il s’agit de définir ou redéfinir l’identité professionnelle des professionnels du jeune enfant afin de répondre favorablement aux demandes d’accueil inclusif. Il s’agit de laisser la place à l’inclusion au sein large du terme, et trouver l’équilibre dans l’accueil. 

N’oublions pas que cette fonction est obligatoire depuis 2023 pour tous les EAJE seulement, il nous faudra encore quelques mois pour analyser les missions et faire un bilan qualitatif et quantitatif de cette fonction.
Article rédigé par : Christel Lache
Publié le 28 mars 2023
Mis à jour le 30 mars 2023