L’éveil au goût chez le bébé

A la naissance le bébé dispose de tous les récepteurs sensoriels qui vont lui permettre de progressivement habituer son palais à de nouvelles saveurs.  Mais comment se passe cette découverte du goût ? Les explications de Laurence Haurat, nutritionniste psychologue, auteur « Mes p'tites recettes » chez Solar Nathan.
Les récepteurs gustatifs se forment pendant la grossesse aux alentours de la 14e semaine. Ils sont répartis dans toute la bouche du fœtus : in utero le bébé est donc capable assez tôt de distinguer certaines saveurs. En outre, son goût futur est influencé par le liquide amniotique qu’il avale et qui est parfumé par ce que la femme enceinte mange.  

A la naissance, les papilles gustatives du bébé sont très nombreuses. Pour autant, la rétro-olfaction, c’est-à-dire la capacité physiologique permettant de percevoir les caractéristiques aromatiques des aliments qui sont contenus dans la bouche, n’est pas encore très développée. C’est la répétition du contact avec la nourriture qui va lui permettre d’enregistrer les saveurs et de forger progressivement son goût.

Au cours des premiers mois, le bébé se nourrit exclusivement du lait maternel ou artificiel qui est naturellement sucré. Diverses expériences ont montré que le nouveau-né aimait déjà les saveurs sucrées et montrait une aversion pour ce qui était amer ou acide. Ce goût inné pour le sucré pourrait s’expliquer par le fait que le sucre est indispensable à la vie. Pour fonctionner le corps a besoin de l'énergie contenue dans les glucides. 

De nouveaux goûts à la diversification
Au fur et à mesure que le bébé grandit son alimentation devient plus diversifiée et sa capacité à apprécier différentes saveurs évolue. Alors qu’il partait d’un terrain vierge, le bébé est capable assez rapidement d’afficher ses préférences pour certaines saveurs. Les aliments sucrés comme la carotte, le potiron ont la cote les premiers temps. Au moment de la diversification, le tout-petit débute avec une purée lisse proche de la consistance du lait. Avec sa langue il propulse la préparation dans son gosier. Le passage éclair dans sa bouche ne lui permet  pas sentir réellement le goût de la purée.

Progressivement, le passage à la texture moulinée puis l’introduction des morceaux va lui permettre de développer son palais. En mastiquant le bébé fait circuler la molécule odorante dans l’ensemble de la bouche et stimule l’ensemble de ses papilles gustatives. Plus le temps de contact est long dans la bouche, plus le cerveau est capable de dire s’il aime ou s’il n’aime pas. L’éveil au goût dépend aussi de la personnalité du bébé et notamment de sa capacité à aller vers les autres. Certains bébés plus téméraires vont s’approprier plus facilement les aliments quand d’autres seront plus réticents à expérimenter de nouvelles saveurs. 

6 clés pour éveiller ses papilles 
Raconter l’alimentation
L’accompagnement verbal est indispensable pour éveiller le bébé à de nouveaux goûts. Cela passe par des mots simples, expliquer au tout-petit quel est le légume qu’on lui prépare, où il a été cueillie, comment il se mange… L’alimentation est un support pour raconter des histoires. 

Lui faire découvrir les aliments
On sait qu’un enfant qui a été mis en contact  avec un légume avant sa préparation (exemple carotte crue avant purée de carottes) sera beaucoup plus rassuré lorsqu’on lui proposera. L’enfant apprend à aimer ce qui lui familier. Lorsque c’est possible, il est intéressant de le faire participer à la préparation du repas. 

Si ça ne marche pas du premier coup, on recommence
Rien n’est figé. Ce n’est pas parce qu’un bébé boude un légume une fois qu’il faut capituler.  Des études récentes ont montré que les bébés qui ont goûté un nouveau fruit ou un nouveau légume au moins 10 fois ont vu leur attirance pour la nourriture proposée augmenter de 61 %. Les enfants enregistrent les saveurs au fil des découvertes. Ils ont le droit de ne pas apprécier un légume mais cela ne signifie pas qu’ils ne l’aimeront jamais.  

Le laisser aller vers ce qui l’attire
Avant 2 ans, 2 ans et demi, l’alimentation doit rester très ludique. C’est à l’enfant de définir les doses dont il a besoin, il n’y a pas d’obligation. Il doit pouvoir aller vers ce qui l’attire et, par exemple, commencer le repas par la compote de pommes si c’est sa volonté.  

L’importance de l’exemple
C’est assez compliqué pour un enfant de s’alimenter seul, sans entendre les sons rassurants de son environnement. Un bébé apprend à manger en observant son entourage. C’est pourquoi, il sera d’autant plus enclin à découvrir de nouvelles préparations s’il mange avec les petits copains qui sont gardés avec lui.
Article rédigé par : Candice Satara-Bartko
Publié le 11 octobre 2016
Mis à jour le 11 octobre 2017
je trouve tous vos articles très enrichissants et très étudiés