Quand l'enfant de l'assistante maternelle rentre à l'école ! Par Nadège R

Assistante maternelle

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petite fille rentrée école maternelle
Ça y est, les bancs de l'école sont arrivés ! Pour tous les parents cette rentrée fut synonyme de changements, de nouveaux achats et d'une nouvelle organisation à trouver. Pour nous, assistantes maternelles, cette rentrée fut synonyme de première séparation.

Pendant 3 ans, en tant qu'assistantes maternelles, nous pouvons garder nos enfants avec nous. Certaines font le choix d'une halte-garderie ou d'une crèche, à temps complet ou partiel, pour que l'enfant coupe un peu le "cordon" avec maman, et se sociabilise. D'autres préfèrent rester non-stop avec leur(s) chérubin(s) à la maison où elles travaillent, ou en MAM, comme ce fut mon cas ! Et cette rupture, on en parle peu. Pourtant elle est parfois brutale ! Je pense bien sûr à l'enfant mais aussi à la maman, habituée à avoir son petit auprès d'elle au travail. 

Pour mon fils cette première rentrée s'est très mal passée. Beaucoup de pleurs ponctuent ses journées. La séparation avec maman est difficile. En discutant avec d'autres assistantes maternelles, j'ai alors découvert qu'il était loin d'être un cas isolé.
Attention je ne dis pas qu'un enfant gardé exclusivement par sa maman (nounou ou mère au foyer d'ailleurs) va forcément pleurer ! Pas du tout. Certains courent à l'école sans se retourner. Et tant mieux. Mais ici je vais me consacrer aux autres. De ceux pour qui l'école devient alors LA séparation. LA première rupture ! 

J'ai recueilli divers témoignages d'autres assistantes maternelles ayant fait le choix de garder leurs enfants avec elles avant l'école afin d'avoir des conseils, des avis et savoir ce qui avait été le plus difficile pour elles.
"J'ai vécu cela comme un échec », "je m'en suis beaucoup voulu". La culpabilité : c'est le premier mot que j'ai pu déchiffrer entre leurs lignes. Lorsque l'enfant vit mal cette entrée à l'école, la mère s'en veut très souvent. Une autre m'a confié que c'était elle qui avait le plus souffert de cette séparation.

Mais ce qui n'arrange pas ce sentiment d'être coupable de ces pleurs, ce sont les réactions de l'entourage. La plupart des assistantes maternelles m'ont confié que les pronostics étaient allés bon train. Car les proches, famille ou amis, ne manquent pas de souligner ce qu'ils pensent être mal : "tu ne devrais pas le garder tout le temps avec toi", "tu devrais le mettre en crèche", "tu vas le regretter pour l'école, tu es égoïste en le gardant avec toi"... Tous ces avis, que souvent l'assistante maternelle n'a pas demandés, font énormément de mal. On rappelle à la mère une nécessité de couper le cordon. On place un échec là où il y a encore un espoir. Car une fois sur deux, ces gens-là se trompent. Beaucoup d'enfants d'assistantes maternelles n'ont pas souffert outre mesure de l'entrée à l'école. Pourtant eux aussi étaient gardés à la maison. Chaque enfant a sa sensibilité, son passé, ses problèmes, son caractère. Certains sont plus fermés que d'autres aux changements, sont timides. En nous montrant du doigt comme des mères égoïstes, les proches voire le personnel de l'école, nous accusent du mal-être de l'enfant. Je trouve cela injuste.
Il y a des enfants issus de crèches qui pleurent jusqu'aux vacances de Noël et cela tous les jours ! Pourtant ils ont connu la séparation et la collectivité non ?! Arrêtons de juger.

La première rentrée pour un enfant gardé par sa maman assistante maternelle chez lui ou en MAM va connaître pour la première fois la collectivité SANS son référent, sans SA figure d'attachement. Forcément pour certains cela peut s'avérer plus difficile.
J'ai reçu beaucoup de messages avec des conseils, du soutien et des témoignages d'autres assistantes maternelles. Certaines par exemple n'ont jamais eu de pleurs alors qu'elles ont gardé leur petit les 3 ans avant l'école. D'autres ne les ont connus qu'avec un seul de leurs enfants, comme quoi au sein d'une même fratrie, il y a déjà des différences.

Mais que pouvons-nous faire ?
Déjà il faut verbaliser ce qui se passe : continuer de parler à son enfant de ses émotions, de mettre des mots sur cette séparation. Sur sa journée aussi. Bien évidemment si vous le pouvez, et le souhaitez, adapter l'école à son rythme (que le matin, ou pas de cantine, ou bien des journées sans garderie).
Il y a l'idée du petit cœur sur la main de maman et de l'enfant pour qu'il soit rassuré, ou bien une photo dans le sac aussi s'il a un chagrin. Un petit livret avec des photos de l'environnement (maman, papa, l'animal de compagnie, la chambre, etc.) pour inciter l'enfant à parler, à montrer aux adultes de l'école ce qui lui manque, et donc faire un premier pas vers la verbalisation de sa tristesse et de ses émotions. Il y a aussi un site qui propose des "mamans doudous et bébés doudous » : maman prend bébé doudou avec elle le matin pour le travail et l'enfant garde maman doudou dans son sac à l'école. Le doudou exprime alors ici physiquement cette séparation et peut aider l'enfant.

Et puis bien sûr la qualité de l'équipe enseignante est primordiale. En parler avec le personnel de l'école : la maîtresse, l'atsem le périscolaire. Si ces derniers sont à l'écoute, ils seront à même de l'aider à surmonter la séparation. Si ce n'est pas le cas, mettre en place de votre côté les idées citées ci-dessus !

Moi étant en MAM, je ne peux hélas pas le récupérer compte tenu des horaires et de l'éloignement. Le personnel de l'école a fortement insisté pour que je cherche une garde à domicile ou que je fasse intervenir la famille à défaut de pouvoir bouger mes horaires ! Cette pression m'a beaucoup déplue sachant que je n'ai pas les moyens pour une garde à domicile, et que ma famille est loin ! On m'a également déjà conseillé de l'emmener voir un psychologue !

Si votre enfant est vu comme le chouineur, cela va être plus difficile car les enfants ne sont pas stupides et s'ils ne sentent pas de bienveillance dans ce nouveau lieu d'accueil qu'est l'école, les pleurs ne vont pas s'atténuer. Pour exemple mon fils a été privé de goûter car il n'arrivait pas à s'arrêter de pleurer au réfectoire. Cela faisait à peine deux semaines qu'il était entré à l'école ! C'est l'exemple type de la non bienveillance. On a répondu à son inquiétude, à son sentiment d'abandon par une punition, il n'y a pas d'autres mots !
Et puis il faut du temps. Tout simplement. Le temps à l'enfant de s'adapter. D'apprendre. De pleurer. Et d'accepter.


Et le plus essentiel, ne plus écouter ceux qui ont critiqué vos choix ! Je sais que j'ai donné le meilleur à mon enfant pendant ses 3 ans passés avec moi. Maintenant je lui laisse du temps…
Article rédigé par : Nadège R
Publié le 26 septembre 2019
Mis à jour le 03 octobre 2019